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Alexandra Tondeur, championne du monde de triathlon, témoigne de son burn out pendant le confinement: "Je me suis arrêtée et j'ai pleuré"

Dans le RTL INFO 19h, vous avez pu découvrir un témoignage fort de l'effet concret des mesures de restriction liées à la pandémie de coronavirus en Belgique. De nombreuses compétitions sportives ont été annulées, tout comme les objectifs de l'année d'Alexandra Tondeur, la championne du monde de triathlon. L’athlète de 33 ans est tombée en burn out, un mal tabou dans le sport professionnel. Pour la première fois, elle se confie sur ces moments difficiles.

Début mars, Alexandra Tondeur, championne du monde de triathlon longue distance, rentre d'Espagne après deux mois de stage intensif pour préparer sa saison. Quelques jours plus tard, la Belgique se confine, coronavirus oblige. "Je suis complètement désorientée. Tous les plans et tout ce pourquoi je me suis entraînée pendant trois mois tombent à l'eau. Même si pendant l'année, je vais essayer de me raccrocher à des choses, je comprends assez vite que ce n'est pas une histoire de deux semaines ou de deux mois." Les compétitions s'annulent les unes après les autres. "Et je me réfugie dans l'entraînement, un truc de fou. Je m'entraîne, je m'entraîne, je m'entraîne pour oublier qu'on est en train de vivre un truc hyper difficile et que je suis en train de perdre une année de ma vie."

"Je me suis battue pendant 9 mois et demi"

Avec le déconfinement de septembre, Alexandra renoue avec deux compétitions internationales, mais le bonheur est de courte durée. "Au mois d'octobre, je prépare ma dernière grosse compétition de l'année, l'Iron Man du Portugal qui doit avoir lieu début novembre. De nouveau, deux semaines avant, on nous annonce que c'est terminé, qu'il n'y aura pas de course. Et là en fait, en trois heures de temps, vous passez d'un athlète super entraîné prêt à gagner un Iron Man à quelqu'un qui n'est plus capable de courir dix kilomètres sans s'arrêter. C'est vraiment ce qui m'est arrivé. À un moment, je me suis rendu compte que je me suis battue pendant neuf mois et demi et que cette fois-ci, c'était fini. Il n'y avait plus rien. Quand j'ai été chez mon médecin, je lui ai dit: je ne comprends pas comment, en trois heures de temps, je suis tombée aussi bas. Il m'a dit: on accumule et puis, le corps lâche. Quand il lâche, c'est le château de carte qui s'écroule."

Je suis rentrée en pleurant d'épuisement

À bout de force physiquement et mentalement, elle s'isole. Sortir s'entraîner devient un calvaire. "Je suis endurante. Je cours à du 12 km/h, donc je suis vraiment dans une situation où c'est facile. Et là, j'étais dans une situation où je n'en pouvais plus. Je me suis arrêtée et j'ai pleuré. J'étais prête à dire à ma mère: donne-moi le vélo, rentre à pied et je rentre à vélo. Je n'en peux plus. Je suis rentrée en trois fois en pleurant d'épuisement."

Le burn out, tabou dans le monde du sport

La championne du monde de la discipline tombe en burn out. Un mot presque tabou dans le monde du sport professionnel. "On m'appelle la bête sauvage. Ça dit bien que je suis dans un monde… Le sport de haut niveau, c'est la jungle. Un guépard, quand il chasse, ne va pas montrer qu'il a mal aux pattes ou qu'il n'est pas en forme. Il chasse. Un sport de haut niveau, c'est la même chose. Il faut être devant, quoiqu'il arrive."

J'essaie de voir les choses positivement

Aujourd'hui, Alexandra se relance avec entre quatre et six heures d'entrainement quotidien, mais sans aucun objectif sportif à l'horizon. "On sait qu'il y aura des compétitions, on ne sait pas quand, on ne sait pas où. Or, à cette époque-ci, toute ma saison est bookée. Mais j'ai été tellement loin et j'étais tellement mal que je suis en train de remonter, je suis dans la pente ascendante. Du coup, j'essaie de voir les choses positivement."

Positiver pour oublier une autre déception: la place donnée au sport dans la gestion de la pandémie. "Là, on est dans une crise sanitaire où on a besoin d'avoir des gens en bonne santé. Et plutôt que d'utiliser l'outil merveilleux qu'est l'activité physique, on le méprise. Alors, je me dis: quel est mon rôle finalement en tant qu'athlète professionnelle ?" À défaut de compétition, Alexandra Tondeur veut se battre pour défendre les valeurs essentielles liées au sport.

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