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Après la libération des agresseurs de l'ambulancier à Roux, faut-il plus de transparence quant aux décisions des juges d'instruction?

Il y a plusieurs jours, un ambulancier a été agressé dans le cadre de ses fonctions à Roux, près de Charleroi. Les auteurs, un père et son fils, ont été interpellés mais relaxés dans la foulée. Une décision que beaucoup contestent et ne comprennent pas. Le juge d’instruction Luc Hennart était l’invité de "C’est pas tous les jours vendredi" sur Bel RTL. Il est venu expliquer la manière dont un juge d’instruction prend les décisions.

C’est un nouvel événement tragique qui a énormément fait parler de lui cette semaine. L’agression d’un ambulancier à Roux, dans l’entité de Charleroi. L’homme était en train de faire son travail lorsque deux individus – un père et son fils – en sont venus aux mains.

L’ambulance était à l’arrêt dans la rue, pour porter secours à une personne en détresse médicale. Le véhiculait bloquait la route, empêchant le passage d’autres automobilistes. "A un moment donné, c’est indispensable. On ne va pas commencer à se mettre à 2 km", déplore Stéphane Richter, responsable de la société de service ambulancier pour laquelle travaille la victime. "Il faut savoir que les ambulanciers ont du matériel à transporter pour proposer les meilleurs soins aux patients", poursuit-il.

Manifestement énervés par la situation, les deux individus sont alors descendus de leur voiture pour s’en prendre au soignant. Des personnes "très peu patientes", comme le souligne le responsable de la société d’ambulances, qui précise que "les protagonistes habitent dans la même rue."

Un risque de recroiser les agresseurs 

Stéphane Richter était l’invité de "C’est pas tous les jours vendredi", sur Bel RTL. Il a confié de Vincent est aujourd’hui inquiet à l’idée de se recroiser ses agresseurs. Ces derniers ont en effet été interpellés par les forces de l’ordre mais ils ont ensuite été relaxés quelques heures plus tard. Ils sont libérés sous conditions. "Vincent a été roué de coups et molesté. Il se trouve en incapacité de travail et il remet déjà sa carrière en question car son agression a été violente, développe son patron. Il essaye de reprendre ses esprits et se recentrer, et aujourd’hui, il apprend que la justice a libéré ses agresseurs."

"Ce qui pose problème, ajoute Stéphane Richter, c’est que ses agresseurs se trouvent dans le même secteur d’intervention que notre société d’ambulances." La victime pourrait en effet un jour se retrouver face à son propre agresseur et devoir lui porter secours. Une situation qui reste incompréhensible pour de nombreuses personnes.

Alors pour tenter de comprendre ce qui pousse un juge d’instruction à décider de la libération de l’auteur d’une agression, le juge Luc Hennart était aussi l’invité de "C’est pas tous les jours vendredi". Pour lui, il serait peut-être nécessaire d’apporter plus d’explications et de transparence sur les choix et décisions, mais "ce n’est pas au juge d’instruction" de faire ça, estime-t-il. "Soit un porte-parole du tribunal, soit un procureur peut éventuellement expliquer les éléments qui ont amené le juge à décider de cette remise de liberté."

Plus d'explications et de transparence?

Le juge d’instruction est chargé d’examiner le dossier, il devra décider s’il y a lieu ou non de priver un individu de sa liberté. "Les motifs de privation de liberté sont spécifiques : il y a la circonstance des risques de récidive, la circonstance qu’ils pourraient faire disparaître preuves… Ce sont deux exemples. Si ces critères ne sont pas réunis, il n’y a pas habilitation à priver quelqu’un de sa liberté", détaille Luc Hennart.

Il est parfois difficile de prendre une décision compte tenu de l’opinion publique et du bruit que fait parfois une affaire, mais le juge doit rester objectif et étudier les différents éléments. "Il faut bien opérer la distinction (…) Je peux comprendre cette forme d’émotion face à cette libération mais [le juge d’instruction], c’est cette personne qui connait le dossier", insiste-t-il.

Dans tous les cas, la décision du juge sera toujours difficilement acceptable par certaines personnes, notamment les victimes. Et c’est légitime, pour Luc Hennart.

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