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Assita excisée à l'âge de 5 ans: "Ce qui reste, c'est cette odeur de sang et de terre"

3 millions de femmes subissent une mutilation génitale chaque année. On parle ici d'excision. Dans certains pays d'Afrique comme la Somalie, le Mali ou la Centrafrique, c'est une tradition : 80% des femmes sont excisées. 13.000 femmes ou jeunes filles qui vivent en Belgique ont subi une mutilation génitale. C'est le cas d'Assita Kanko, conseillère communale MR à Ixelles. Elle a écrit un livre sur le sujet.

Le 6 février est la journée mondiale contre les mutilations génitales. Cette pratique mène à l'ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins externes pour des raisons non médicales. Selon l'OMS, entre 130 et 140 millions de femmes ont subi une forme quelconque de mutilation génitale, soit plus de 3 millions par an. Parmi les pays les plus touchés : la Somalie, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Le phénomène est aussi présent en Europe. Rien que dans la région de Bruxelles, quelque 2.000 femmes ont été excisées pour des raisons non médicales.

"Ce qui est frappant en plus de la douleur, c’est de réaliser que ma mère qui est là ne peut pas venir me sauver"

À cette occasion, Assita Kanko, une femme belge de 33 ans originaire du Burkina Faso, publie un livre ce jeudi, "Parce que tu es une fille - Histoire d'une vie excisée", où elle raconte son excision alors qu'elle avait 5 ans. Elle détaille comment elle a vécu ce traumatisme, ce qui a changé dans sa vie, l'impact que cela a laissé encore aujourd'hui dans sa vie, trente ans après. "C’était un jour comme ça où on m’a dit : ‘écoute, aujourd’hui tu peux aller jouer chez ta copine.’ J’étais hyper contente, mais on ne m’a jamais amenée chez elle. On m’a amenée chez l’exciseuse dans cette maison inachevée au bord du marché où il y avait d’autres petites filles et où des vieilles femmes étaient là. Elles se sont saisies de moi et je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. On m’a installée là dans cette maison, par terre, au bord du marché. On a crié, mais personne n’est venu. On nous a excisées comme ça. Ce qui est frappant en plus de la douleur, c’est de réaliser que ma mère qui est là ne peut pas venir me sauver et me libérer de ces femmes qui me font quelque chose. J’ai un double choc dans ce cas-là, c’est le fait de se sentir abandonnée de façon très très inattendue parmi les personnes qu’on aime le plus au monde et en même temps de subir une pratique qu’on ne comprend pas."

"Je suis révoltée quand je sais que cela peut encore arriver à une petite fille"

Elle souhaite briser le silence sur ce qu’elle considère comme un fléau. "J’estime qu’on ne peut pas rester silencieux quand il y a des millions de femmes à travers le monde qui ont subi l’excision. Je suis révoltée quand je sais que cela peut encore arriver à une petite fille et qu’il y a des gens qui trouvent des raisons de justifier cette pratique pour des raisons culturelles", a-t-elle expliqué au micro de Loïc Besson pour Bel RTL.

Aujourd’hui cette Belge âgée de 33ans assure aller beaucoup mieux, même si certains souvenirs, certaines images continuent de la hanter: "Ce qui reste aujourd’hui parfois, c’est cette odeur. Une odeur de sang avec de la terre"

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