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C'est le jour J pour les étudiants qui rêvent de médecine: Grâce et Céline révèlent comment elles ont préparé ce nouvel examen d'entrée

Le tout premier examen d’entrée en médecine et dentisterie est organisé aujourd’hui en Fédération Wallonie-Bruxelles. 4.200 candidats sont attendus dès 9h30 ce matin à Brussels expo pour une journée complète d’épreuves. Les places seront chères : on estime que seuls 10% des candidats réussiront l’examen et seront autorisés à suivre des études de médecine.

L’examen d’entrée en médecine et dentisterie commence ce vendredi 8 septembre à Bruxelles. Il s’agit du tout premier examen d’entrée de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Grâce et Céline s’y sont préparées pendant un an. Fiches, cours en ligne et cours préparatoires, elles nous ont dévoilé leur méthode de travail pour faire face à un examen totalement inconnu.

Aujourd’hui, ils seront 4.200 face à des questions à choix multiples. De la biologie en passant par la chimie et les mathématiques, ces candidats seront réunis à Brussels-Expo de 9h à 17h30. Cet examen d'entrée provient de l'ultimatum lancé par la ministre de la Santé publique, Maggie De Block. Celle-ci avait très clairement menacé de ne plus délivrer d'attestations Inami aux nouveaux médecins francophones si la Fédération ne mettait pas en forme un examen d'entrée, comme la Flandre le pratique depuis 20 ans déjà. La décision prise en 2016 fut vivement contestée par de nombreux étudiants et syndicats d’étudiants (FEF).

C’est depuis la sortie du secondaire que Grâce et Céline, 19 ans, se sont préparées pour cet examen d’entrée afin de mettre toutes les chances de leur côté. Elles ont très vite décidé de diminuer leurs activités pour se pencher sur leurs cours de chimie et de biologie. Vacances d’été supprimées, il a fallu pour ces deux candidates étudier un examen dont elles ignorent tout : "On ne sait vraiment pas à quoi s’attendre. On est confiante oui mais c’est difficile à dire parce qu’on ne connait pas le niveau de difficulté de l’examen. Personne ne l’a jamais passé, aucun exemple n’existe".


Un planning à respecter

C’est à Schaerbeek qu’elles se réunissaient pour leur blocus. Le sourire sur leur visage ne laisse paraître aucun stress. C’est ensemble qu’elles essayaient de retenir les dernières informations pour l’examen. Toutes deux ont suivi des cours préparatoires en sciences et en mathématiques pendant une année.

Mais c’est en créant un planning précis que la méthode de travail des deux étudiantes fut performante. "Je faisais un cours par semaine. Par exemple en une semaine, je révisais le cours de maths, l’autre semaine je passais à la biologie. Je passais 9 heures minimum par jour à étudier. J’essayais de toujours le respecter et de ne pas décrocher", explique Grâce. Elle "relisait et répétait chaque cours comme une histoire pour retenir les concepts".

Pour cette dernière, la journée débutait à 9h et se terminait à 21h. En revanche pour Céline, minuit pouvait toujours être une heure propice aux révisions. Plus le Jour J approchait, plus les étudiantes augmentaient leur rythme, passant de 9 à 12 heures de travail.


Des tuyaux utiles sur les réseaux sociaux

Alors que les cours préparatoires et les cours du secondaire représentent la première source d’information, les deux candidates ont pu également recevoir de l’aide à travers les réseaux sociaux. Céline explique : "C’est via un groupe Facebook que nous pouvions communiquer avec d’autres qui vont aussi passer l’entretien. Certains échangeaient les bonnes astuces, ou bien prévenaient s’il y avait une notion précise à bien connaître pour l’examen. D’autres publiaient et traduisaient des examens flamands. Il y avait une bonne cohésion entre les élèves".

Les bons tuyaux sont partagés, les questions posées sur le groupe trouvent chacune leurs réponses. Les fiches viennent ensuite, en troisième position. Grâce l’affirme, elle en a fait usage: "Je me servais de fiches uniquement pour mes formules mathématiques".


Des vacances d’été annulées

C’est avec éclats de rire que les deux protagonistes s’exclament: "Vacances ? Nous ne connaissons pas ce mot". Annuler ses vacances d’été est le prix qu’elles ont payé pour pouvoir obtenir le sésame, ce qui permettra l’entrée en école de médecine. "Je pensais me prendre un mois de vacances en juillet. Mais au final, l’UCL commençait ses cours préparatoires le 13 juillet. Au lieu d’avoir un mois j’ai eu droit à une semaine et demi de repos", lance Grâce, le regard rempli par le regret.

Grâce n’est pas la seule à avoir coupé ses vacances d’été pour l’UCL. Des dizaines d’étudiants ont suivi le même chemin pour participer aux cours préparatoires. Elle ne le regrette pas. Ses vacances correspondaient à souffler auprès de sa famille. "Je ne sortais pas beaucoup mais j’avais ma famille auprès de moi. Donc je pouvais souffler auprès de mes sœurs sans vraiment sortir. Quand j’ai terminé les cours préparatoires à l’UCL, il me restait 4-5 semaines. J’ai préféré étudier". Céline acquiesce: "Nos pauses étaient nos vacances. On regardait le soleil à travers notre fenêtre avec nos cahiers de biologie à la main".



Des examens pour baisser le niveau d’étudiants Français

Les Français feront également partie des 4.000 candidats. Chaque année, les universités belges accueillent de nombreux étudiants non-résidents, désireux de faire médecine dans un pays où le concours d’entrée n’existait pas. Florentino est un candidat Français qui tente sa chance en Belgique, pays où "la filière médicale est plus accessible".

Alors que l’examen d’entrée est accusé d’avoir été instauré pour contrer les étudiants français qui fuient les concours de médecine, voilà qu’aujourd’hui ils se heurtent ici aussi à un concours déguisé. Mais cela n’arrête pas Florentino. "L'instauration d'un examen d'entrée en Belgique ne m'a pas dissuadé à poser ma candidature car j'ai déjà passé un concours en France donc ce n'est pas nouveau pour moi". Pour lui, l’examen d’entrée n’est pas un prétexte mais une raison bien fondée. "L’examen ne plaît pas à tout le monde. Mais la médecine étant une filière difficile, je trouve l’instauration d’un examen normal. Chacun doit gagner sa place".

Céline ne partage pas son avis. Elle aussi accuse l’examen d’entrée d’être une barrière à la vocation de certains étudiants. "On a vu des gens se désister à cause de la peur d’un examen. Ça met vraiment un frein au rêve de chacun. L’examen limite vraiment nos chances de faire ce qui nous plaît parce qu’on ne connait pas le niveau de difficulté. On fait tous 10-15 ans d’études pour devenir médecin, je ne comprends pas pourquoi instaurer un examen d’entrée".

Les quotas installés ainsi que l’examen devraient "dans l’absolue faire baisser le nombre d’inscriptions des étudiants français. Mais dans la proportion non. Sur un chiffre plus faible d’inscriptions, on choisira toujours 30% des étudiants non-résidents qui ont réussi l’examen", selon le Doyen de la faculté de médecine de l’ULB Marco Schetgen.


Réussir, avec ou sans rituel

Selon la FWB, seuls 10% des candidats environ devraient réussir cette épreuve. Il ne peut y en avoir plus puisque le gouvernement fédéral a lui déjà décidé de ne délivrer que 607 attestations Inami pour les médecins qui seront diplômés en Fédération Wallonie-Bruxelles dans six ans.

Ce matin, ces deux candidates n’auront qu’un rituel avant l’examen. Il consiste à ne réviser aucun cours et à se détendre à l’aide de musique. "Prier. On va se mettre à méditer, à écouter de la musique et à faire le vide autour de nous", déclarent-elles. La confiance règne. Grâce et Céline se sentent suffisamment prête pour affronter les premiers QCM. Les résultats seront délivrés avant le 18 septembre.

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