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Carnages à Ypres pendant 4 ans: la Belgique et le monde se souviennent aujourd'hui

Le roi Philippe, la reine Mathilde, la chancelière allemande Angela Merkel et le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian feront partie des représentants qui viennent commémorer mardi les cent ans de l'inondation de la plaine de l'Yser, épisode qui marque le début de la bataille de l'Yser et de la première bataille d'Ypres. Les cérémonies se dérouleront à Nieuport dans un premier temps, sur le site du monument Roi Albert Ier, avant de prendre place à la porte de Menin à Ypres.

La Belgique, l'Europe et la monde vont se souvenir aujourd'hui. Se souvenir qu'il y a 100 ans, l'armée belge était à bout et se réfugiait derrière le fleuve Yser (en savoir plus sur le front de l'Yser). Une longue guerre de position et de tranchées commençait alors. Nos soldats avaient aménagé des fosses reliées entre elles. Comment se passait la vie dans ces terres humides du nord du pays ? "Les soldats belges souffraient avant tout de la stagnation des eaux, du vent maritime, des poux et de tous les parasites qui pouvaient être vecteurs de maladie. De la présence des rats aussi. Vous aviez l'aide de chiens ratiers. Et ils souffraient aussi, il faut bien le reconnaître, d'ennui. Il fallait bien sûr se protéger de l'adversaire mais comme il n'y avait pas de possibilités physiques d'assurer une opération offensive, d'un côté comme de l'autre, les hommes étaient essentiellement à l'affût mais sans plus. Et donc, il fallait être à la fois aux aguets et en même temps, on était pratiquement certain dans la journée de rester à ne rien faire" a raconté Pierre Lierneux, expert documentaire au musée royale de l’armée interrogé par notre journaliste Bernard Lobet.

Angela Merkel prendra la parole

Le Premier ministre Charles Michel, le Grand-Duc Henri du Luxembourg, la princesse Beatrix des Pays-Bas, le gouverneur général du Canada, les présidents hongrois et maltais, ainsi que de nombreux autres dignitaires venus du monde entier, assisteront aux cérémonies prévues à Nieuport à partir de 15h et à Ypres à partir de 17h30. A Nieuport, au monument Roi Albert Ier, le roi Philippe prononcera un discours avant la projection d'une évocation historique réalisée par le ministère de la Défense. Angela Merkel et Jean-Yves Le Drian prendront ensuite la parole à leur tour avant de laisser place à des prestations artistiques et lyriques. La cérémonie sera ponctuée d'une minute de silence suivie de coups de canon, de l'Hymne européen et de la Brabançonne.

Les chefs d'Etat et de gouvernement et les hauts représentants prendront ensuite la direction de Ypres où la cérémonie, qui se tiendra au mémorial de la porte de Menin, sera inaugurée par un discours du Premier ministre Charles Michel et du haut représentant du Commonwealth, le gouverneur général du Canada David Johnston. S'en suivra la cérémonie du Last Post, qui rend hommage tous les soirs depuis 1928 (à l'exception de la période d'Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale) à la mémoire des centaines de milliers de soldats de l'Empire britannique tombés pendant le conflit.

Ces cérémonies ne seront pas accessibles au public mais seront diffusées sur écran géant à la Kaaiplein de Nieuport et sur la Grand-Place d'Ypres.

La cathédrale Saint-Martin de Ypres sera en outre le théâtre d'une œuvre inédite de Wim Mertens à partir de 20h30 en présence du couple royal.

La progression allemande stoppée à Ypres, le front s'installe pour quatre ans

Il y a cent ans, les troupes allemandes ont déjà envahi la quasi totalité du territoire belge. Le réduit national d'Anvers est tombé le 9 de ce mois après dix jours de siège, obligeant le roi Albert et son armée à se recroqueviller dans le Westhoek. Le gouvernement belge s'installe à Sainte-Adresse, près du Havre, en France, le 10 octobre, tandis que le roi Albert demeure auprès de ses hommes pour continuer le combat aux côtés des troupes françaises et du corps expéditionnaire britannique. Malgré la résistance belge, la poussée allemande oblige le roi à ordonner l'inondation de la plaine de l'Yser en ouvrant les écluses le 27 octobre. L'armée allemande est stoppée dans sa progression. S'engagent alors la bataille de l'Yser d'une part, et la première bataille d'Ypres d'autre part, quelques kilomètres plus au sud. Aucune des armées ne réussira à percer le front avant le milieu de l'année 1918.

Bataille de Passendaele: un demi-million de morts

C'est également dans les environs d'Ypres que les Allemands utilisent pour la première fois du gaz de combat lors du printemps 1915. Depuis lors, le gaz moutarde est aussi mondialement connu sous le nom d'ypérite, en mémoire de la ville martyre flamande. Plus tard, pendant l'été 1917, ces mêmes terres seront le théâtre de la bataille de Passendaele. En trois mois, plus d'un demi-million d'hommes finiront morts ou blessés avec comme résultat une avancée de 8 km des alliées. David Lloyd George, alors Premier ministre britannique, déclara plus tard que cette bataille figurera pour toujours "au premier rang des batailles les plus gigantesques, les plus sanglantes et les plus inutiles de l'histoire".

A l'issue des quatre années de carnage aux alentours d'Ypres, Winston Churchill estimait que la cité drapière flandrienne était "le lieu le plus sacré pour les Britanniques".       

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