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Comment est-il possible d'avoir autant de chômeurs et de métiers en pénurie en même temps?

Ce mercredi matin, nous parlons métiers en pénurie. Si les belles entreprises se battent pour recruter les meilleurs, plus d’une centaine de métiers en Wallonie ne parviennent tout simplement pas à recruter (126 en Wallonie et une petite soixantaine à Bruxelles)

Ce sont des métiers très qualifiés comme professionnels de santé, des architectes, informaticiens. Mais aussi des métiers un peu moins qualifiés comme celui de bouchers, de boulangers et même de l’Horeca.

N’est-ce pas paradoxal d’avoir autant de métiers en pénurie et d’importants taux de chômage ? La réponse est oui ! D’un côté, on surfe sur les 450.000 demandeurs d’emplois, de l’autre près de 180.000 emplois vacants. Et ces emplois vacants sont en forte hausse.

Comment expliquer simplement cette situation ?

Les raisons sont aussi multiples que les catégories de pénuries.

D’abord on parle de pénuries "quantitatives" quand on manque de candidats pour une profession déterminée. L'image négative du secteur, de l'entreprise ou du poste à pourvoir sont évoquées, comme des conditions de travail perçues comme défavorables, des salaires considérés comme trop bas. Des horaires compliqués, coupés par exemple comme dans la grande distribution ou l’Horeca. On peut dire que le travailleur est devenu beaucoup plus exigeant sur le job qu’il est d’accord d’accepter.

Et puis il y a les pénuries "qualitatives" lorsque les candidats ne répondent pas aux exigences minimales posées en matière de formation, d'expérience et d’attitude, ou encore de maîtrise des langues. C’est une faillite, d’abord de l’enseignement fondamental. Près d’un demandeur d’emploi sur deux n’a pas son enseignement secondaire inférieur.

Ensuite de la formation. Ni les syndicats ni les employeurs ne se battent vraiment pour former et recycler les travailleurs. Alors que ces pénuries risquent de freiner la relance.

Quelles sont les solutions pour remédier à la difficulté de se faire rencontrer offre et demande de travail ?

Outre une réforme en profondeur de l’enseignement qui se fait attendre depuis 30 ans, une plus grande efficacité encore des organismes de placement et de formation. Une mobilisation des partenaires sociaux. Moins de discriminations à l’embauche.

Et puis, il reste une question politique à régler: faut-il manier la bâton pour les travailleurs qui refusent de rejoindre un métier en pénurie ou se former ? Ou les deux ?  Faut-il sanctionner ou encourager ?

Ce qui est sûr c’est qu’il faudrait au moins s’accorder sur le rôle et le statut du travail dans la société dans laquelle nous vivons … et des droits et obligations des citoyens vis-à-vis de ce travail. Je vous donne un seul exemple … Des chercheurs se sont intéressés à la perception qu’avaient les citoyens de leurs responsabilités face à la formation professionnelle et au recyclage. Au nord, les citoyens ont une perception de leur propre responsabilité pour demander une formation et se former. Et ils ont raison car ce sac-à-dos de compétence, c’est leur garantie d’emploi. Plus on descend vers le sud plus le citoyen considère que c’est la responsabilité des pouvoirs publics.

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