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Coronavirus: comment expliquer que le nombre de cas double chaque jour?

Taux de mortalité, modes et niveau de contagion, période d'incubation: alors que l'épidémie provoquée par le nouveau coronavirus se répand dans le monde, de nombreuses inconnues demeurent sur cette nouvelle maladie.

Le coronavirus semble se transmettre aussi vite que le Sras (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère, à l'origine d'une épidémie meurtrière en 2002-2003). Les spécialistes s'accordent sur le fait que chaque malade infecterait entre deux et trois personnes en l'absence de mesures de contrôle (ce qu'on appelle le "taux de reproduction de base" de la maladie, ou R0). C'est plus que la grippe (1,3), nettement moins que la rougeole (plus de 12), et comparable au Sras (3). Il est donc normal de voir une hausse du nombre de cas contaminés.

Certains scientifiques mettent en garde sur une sous-estimation possible du nombre de cas. Des chercheurs de l'Imperial College de Londres ont estimé le 21 février "qu'environ les deux tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indétectés au niveau mondial, avec pour résultat potentiel de multiples chaînes non-détectées de transmission humaine hors de Chine".

Dans d'autres travaux parus lundi, une équipe anglo-américaine estime que "plus de la moitié des personnes infectées échappe au dépistage".

"Une des difficultés que pose ce virus, c'est le fait qu'il y a (...) tout un spectre de manifestations cliniques", dont des formes légères, avec peu de symptômes, explique à l'AFP Daniel Lévy-Bruhl, de l'agence sanitaire française Santé publique France.

Les personnes qui ne présentent que peu de symptômes peuvent donc passer entre les mailles du filet.

Autre catégorie, encore moins détectable: celle des malades qui n'ont aucun symptôme. Les scientifiques jugent toutefois que leur poids dans la propagation de la maladie est sans doute limité.

Quels modes de transmission?

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Pour se prémunir d'une contamination, les autorités sanitaires insistent sur l'importance des mesures-barrières: se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade...

Par ailleurs, la diarrhée pourrait être une voie secondaire de transmission.

Symptômes et traitements?

Les symptômes les plus courants "comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires", indique l'OMS. "Dans les cas les plus graves, l'infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort".

Il n'existe ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d'autres traitements expérimentaux, dont l'efficacité est en cours d'évaluation.

Quelle période d'incubation?

Cette période, qui sépare l'infection et l'apparition des symptômes, est estimée "entre un et 14 jours" par l'OMS, selon qui le cas le plus fréquent est "autour de cinq jours". Cela a conduit à fixer à 14 jours la période de quarantaine pour les cas suspects.

Mais sur la base de certains cas, des experts chinois ont estimé que la durée d'incubation pouvait aller jusqu'à 24 voire 27 jours. Ce qui voudrait dire qu'un isolement de 14 jours pourrait parfois être insuffisant.

Cette hypothèse laisse pour l'heure les scientifiques sceptiques.

"On n'y a jamais beaucoup cru, les données les plus récentes vont au contraire plutôt dans le sens d'une diminution de la durée d'incubation", dit le Dr Lévy-Bruhl. Selon lui, "il y a très peu de chances que des durées d'incubation aillent au-delà" des 14 jours.

Quelle origine?

Le nouveau coronavirus est sans doute né chez la chauve-souris, mais les scientifiques pensent qu'il est passé par une autre espèce avant de se transmettre à l'homme. 

Des chercheurs chinois ont affirmé que cet animal intermédiaire pourrait être le pangolin, petit mammifère à écailles menacé d'extinction. La communauté scientifique internationale a jugé cette hypothèse plausible, mais elle devra être vérifiée.

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