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Avez-vous une grande intelligence émotionnelle ? FAITES LE TEST

Chaque humain sur Terre ressent des émotions. Mais nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à les identifier ou à les gérer. Apprendre à manier et vivre avec ses émotions peut être bénéfique et réellement aider à se sentir plus heureux et serein au quotidien. La psychologue Moïra Mikolajczak travaille au sein de l'UCL sur le sujet. Pour elle, chacun devrait apprendre à identifier, comprendre, exprimer, gérer et utiliser ses émotions correctement dès le plus jeune âge. Une manière de se sentir mieux personnellement, mais aussi avec les autres.

Moïra Mikolajczak est psychologue et spécialiste des émotions et des compétences émotionnelles. Elle est l'auteur de nombreux articles scientifiques et livres à ce sujet. Elle travaille au sein de l'Université Catholique de Louvain (UCL) sur les "compétences émotionnelles".


Testez votre intelligence émotionnelles!

La psychologue a mis au point un test d'évaluation permettant de comprendre quelles sont nos capacités à gérer nos émotions et dans quels domaines nous pouvons encore nous améliorer. Le test est disponible sur le site de la Mutualité Chrétienne. Nous avons pris contact avec la psychologue afin d’en savoir plus sur ce concept et en quoi il pouvait aider chacun à mieux vivre au quotidien.

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5 niveaux de compétences à garder à l'oeil

"Il faut tout d’abord comprendre que le concept de compétence a deux versants. D’un côté, le versant des compétences émotionnelles qui détermine la capacité à comprendre et à gérer ses propres émotions. De l’autre, le versant des compétences émotionnelles qui détermine la capacité à comprendre et à gérer les émotions des autres", explique la psychologue.

Notre "intelligence émotionnelle" varie ensuite en fonction de 5 niveaux de compétences dont le niveau varie d'une personne à l'autre.


"Beaucoup ne savent pas faire de différence entre le stress, la tristesse ou encore la colère"

Le premier niveau est la capacité à identifier ses émotions et les émotions des autres. "Cela peut paraitre évident, mais toute une partie de la population ne sait pas faire de différence entre le stress, la tristesse ou encore la colère", explique la psychologue. "C’est important de pouvoir identifier son émotion. Si on se sent coupable par exemple, c’est qu’on a fait quelque chose de mal. On peut aussi se sentir stressé, il faut identifier pourquoi et régler cela."

Les personnes ne parvenant pas à identifier leurs émotions ne sauront pas poser de stratégie de gestion pertinente. "Dans ce cas-là, ils vont utiliser des "stratégies anesthésiantes", comme l’alcool par exemple."


Comprendre pourquoi on hurle sur son conjoint sans raison

"On peut se dire que si on est parvenu à identifier son émotion, cela veut dire qu’on la comprend... Et bien NON !", souligne Moïra Mikolajczak. La spécialiste prend un exemple concert : "Imaginons que je passe une semaine difficile. Je rentre chez moi avec beaucoup de stress et j’apprends que mon fils n’a pas été sage à l’école. Je fais à manger, mon mari arrive et me fait une remarque sur la façon dont j’ai fait la sauce du repas... Du coup, je crie sur lui."

Même si on peut avoir identifié que son émotion était de la colère, on peut donc ne pas bien la comprendre. "Dans ce cas, on se dira que l’origine de cette colère est notre conjoint mais en fait ce n’est que le déclencheur... On a accumulé et on explose. La meilleure stratégie n’est pas de crier sur son mari mais de savoir d’où vient cette émotion", conseille la psychologue.

"Pour le versant interpersonnel, celui de la relation avec les autres, on peut se dire qu’on comprend que son mari soit en colère à cause de son travail et le laisser se calmer plutôt que de s’emporter", ajoute-t-elle. Selon la psychologue, comprendre ses émotions et les émotions des autres permet de vivre beaucoup moins de conflits au quotidien.


Au bon moment, de la meilleure manière

Chacun doit aussi apprendre à exprimer ses émotions au bon moment de la bonne manière. Il ne faut pas garder ses émotions pour soi au risque d’exploser.

Ensuite, il faut pouvoir gérer ses émotions. Gérer ses émotions, c'est apprendre à réguler ses émotions (positives et négatives) et les utiliser pour être plus créatif et prendre des décisions plus adaptées à ses besoins et à ceux des autres.


Subir son métier ou son conjoint des années... Sans agir

La dernière compétence, est la capacité à utiliser ses émotions. "Ici, c'est une dimension en tant que telle", précise la psychologue, qui reprend la situation de la remarque du mari en cuisine pour illustrer ses propos. "On pourrait très bien avoir compris que son mari n’était que le déclencheur mais on pourrait ensuite décider d’agir ou de ne pas agir !"

Identifier et comprendre ne suffit pas, il faut donc mettre en place des stratégies pour gérer son émotion. "Par exemple, des gens se disent "mon métier est stressant mais je l’adore et je le changerais pour rien au monde. D’autres sont stressés parce qu’ils ont une mauvaise relation avec leur boss, parce qu’ils ne sont pas récompensés pour leur travail. Certains vont se dire qu’ils vont partir pour faire la même chose mais ailleurs, dans une autre société par exemple. Ils peuvent aussi décider de prendre le statut d’indépendant... Des personnes peuvent vivre 40 ans avec un conjoint dont ils se plaignent sans jamais utiliser l’information fournie par leur émotion", remarque la psychologue.

"Les personnes aux compétences faibles sont désavantagées"

Que se passe-t-il si une personne cumule ses émotions sans agir dans aucune des compétences? "Ces personnes-là auront tendance à "compenser", exlique Moïra Mikolajczak, en évoquant un des cas dont elle s’occupe. "Cet homme n’arrive pas à garder un emploi car à la moindre frustration il s’énerve vivement. Il n’a que des émotions négatives, du coup il boit énormément d’alcool. Et lorsque ce n’est pas suffisant, il prend de la cocaïne. C’est un cercle vicieux, son comportement l’empêche aussi de garder une femme. Dans la vie de tous les jours, les personnes aux compétences faibles sont désavantagées, ils sont un peu moins heureux", conclu-t-elle.


Des dégâts psychologiques mais aussi physiques

Les dégâts ne sont pas seulement psychologiques, ces personnes aux compétences faibles ont aussi une santé moins bonne. Moïra et son équipe ont réalisé plusieurs études sur le sujet, dont deux sur des échantillons de 2000 et 10.000 personnes. "Ces personnes prennent plus de médicaments, elles vont plus souvent chez le médecin, et sont régulièrement hospitalisées. Ce profil est bien connu et documenté", commente la psychologue. "Leur organisme est suractivé avec le stress, la colère, la jalousie. Si ce sentiment est prolongé, le mal va se mettre sur l’intestin, sur le cœur, etc."


"Plus de conflits, et moins de relations durables et de qualité"

Autre conséquence négative, ces personnes ont moins de soutien social. "Les personnes concernées font face à plus de conflit, elles possèdent moins de relations durables et de qualité. Ils se privent aussi d’un soutien social. Les amis permettent de faire face aux situations de stress", analyse la psychologue. "En cas de problème, il est souvent profitable d’avoir près de soi quelqu’un avec qui aller manger un bout pour discuter et recevoir du réconfort".


Le secret du bonheur?

Sans avancer qu’apprendre à améliorer ses compétences est le secret du bonheur, Moïra Mikolajczak croit en ses recherches et espère qu'un grand nombre de personnes pourront bientôt en bénéficier. "Mon plus grand souhait est que l’apprentissage des compétences soit intégré dans un cursus scolaire", nous dit la psychologue.

Ces cours, ils existent déjà, mais aux Etats-Unis, sous deux formes différentes. "Dans certaines classes, ce sont vraiment des heures de cours dédiées au développement qui sont données. L’élève apprend à décomposer ses émotions, à savoir à quoi elles ressemblent. Tous les matins, les enfants doivent expliquer comment ils se sentent", dit la psychologue. "Bien sûr, c’est difficile au début. On commence par des exercices simples qui deviennent ensuite de plus en plus affinés."

"D’autres écoles forment des professeurs. Ils profitent alors des incidents pour faire se poser des questions aux enfants. Si l’un d’eux lance sa latte sur un autre, il va prendre le temps de comprendre avec la classe son geste", explique la spécialiste. "Il a été démontré qu’à l’adolescence, les élèves qui ont suivi ce genre de cours sont moins enclins à subir de dépression."


"Le "cours de rien" aurait été une opportunité !"

"Le cours de rien aurait été une opportunité !", reconnait Moira Mikolajczak, avec une pointe de déception. "Un député m’avait contactée. J’avais répondu mais il n’a jamais donné de suite. Sophie Brasseur, une autre psychologue travaillant sur le sujet, avait un contact avec le cabinet Milquet. Mais là encore, aucune suite", raconte-t-elle. "C’est triste parce que la société se prive d’un levier qui est intéressant et sur lequel elle peut jouer. Comme toujours, c’est une question de volonté politique", déduit la psychologue.

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