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Consommation d'alcool pendant le confinement: les nouveaux chiffres sont clairs!

Les Belges ont-ils vraiment bu plus d'alcool durant un printemps 2020 confiné par rapport au printemps 2019 ? Et pourquoi ? Éléments de réponse avec les principaux acteurs de la grande distribution belge.

Une partie de la population a l'impression d'avoir bu plus d'alcool que d'habitude durant le confinement. Mais que ce soit pour évacuer le stress causé par l'épidémie et l'angoisse de l'isolement – ou pour combler la fermeture imposée de l'horeca - les Belges se sont-ils vraiment rués sur les rayons alcool des grandes surfaces ?

A la mi-avril, on avait déjà contacté les acteurs de la grande distribution pour obtenir une tendance. Leurs conclusions étaient plutôt contrastées (voir les détails). Pour en avoir le cœur net, avec un peu plus de recul, on a reposé les mêmes questions à la fin du mois de juin.

Il est parfois difficile d'avoir des chiffres précis, les enseignes étant généralement contraintes à la discrétion. Mais on a obtenu les informations suivantes :

Du côté de LIDL, ça grimpe presque partout quand on compare 'mars, avril, mai 2019' et les mêmes mois de confinement en 2020. Vins: +15% (top: petites bouteilles de 25 cl). Alcool: +18% (top: Gin, Vermouth blanc, Whisky), Bulles: +11% (top: Cava Brut). Il n'y a que sur les bières que les ventes sont restées stables.

Du côté d'ALDI, on a moins de détails, mais "la catégorie des boissons alcoolisées a très bien performé dans la période avril-juin. Si nous comparons cette période de vente à la période d'avril-mai 2019, nous voyons une forte croissance, à deux chiffres", nous a expliqué la porte-parole.

Pour DELHAIZE, il y a une augmentation globale sur l'alcool 10%. Le rosé et la bière affichent les plus fortes hausses, tandis que les bulles ont largement baissé. Le porte-parole nous livre ses interprétations: "Si la consommation a augmenté, c'est surtout parce que l'horeca était fermé. On ne pense pas que les gens ont bu davantage qu'en temps normal", ils auraient juste bu à la maison et non au restaurant ou dans un bar. "D'ailleurs, à la mi-juin, quand l'horeca a pu rouvrir, l'augmentation n'est plus que de 5%". Cependant, Delhaize prévoit "une forte augmentation de 15% pour l'été 2020 par rapport à 2019, car 40% des Belges pensent qu'ils vont rester à la maison au lieu de partir à l'étranger. Et ils vont rattraper les rencontres avec la famille, les BBQ entre amis, etc".

Le groupe CARREFOUR ne donne aucun chiffre et parle simplement d'une "hausse des ventes d'alcool si on compare mars-juin et 2020 à la même période en 2019, quel que soit le type de boissons (vins, bières, spiritueux)". La porte-parole rappelle que "l'augmentation des ventes d'alcool après l'annonce du confinement était très relative par rapport à l'augmentation des ventes d'autres catégories de produits" (on pense tout de suite au trio magique 'papier toilette, pâtes, farine').

Il n'y a que du côté de COLRUYT qu'on ne remarque pas de croissance particulière. C'est dû à la position particulière du groupe: il y a de nombreux professionnels (notamment de l'horeca) qui se fournissent en alcool chez eux, tandis que lors de rassemblements d'amis / fêtes de famille (grande quantité), les particuliers ont le réflexe d'aller remplir leur chariot-plateau au Colruyt. Donc oui, bien entendu, les Belges ont acheté plus d'alcool que d'habitude pour leur consommation personnelle, mais de nombreux autres achats (groupes ou professionnels) n'ont pas eu lieu. "L'un dans l'autre, les ventes totales d'alcool sont stables par rapport à 2019", conclut la porte-parole. "En volume, hormis pour le vin (et surtout les cubis, croissance à double chiffre), on parle d'une baisse des ventes ou de ventes stables".

Une croissance à deux chiffres

Oui, confinés à domicile, les Belges ont acheté plus d'alcool durant le printemps 2020 que durant le printemps 2019. Pas de chiffres précis, mais certainement une croissance à double chiffre, donc minimum 10%, et maximum 18% d'après les informations – non exhaustives - qu'on a pu rassembler.

Cela veut-il dire que les Belges ont noyé leur confinement dans l'alcool ? Pas forcément, même si c'est sûrement vrai pour une partie d'entre eux, comme l'atteste une étude menée par l’Université Catholique de Louvain (UCL). "On voit effectivement qu’un quart des Belges qui ont répondu à notre enquête ont augmenté significativement leur consommation. Mais près de la moitié a gardé une consommation assez stable et même 29% déclarent avoir diminué leur consommation", détaille Martin De Duve, alcoologue et directeur de l’asbl "Univers Santé". Cette diminution est plus marquée chez les hommes et chez les jeunes. 

Une des explications plausibles: la fermeture des bars et des restaurants

Parmi les explications les plus plausibles évoquées par les acteurs de la grande distribution, il y a la fermeture des bars, des restaurants et des événements festifs. L'alcool qui n'a pas été consommé là-bas l'aurait été à la maison. Vu le beau temps, effectivement, on peut estimer que les terrasses auraient été remplies tous les week-ends… Le Belge aurait eu "sa dose", mais pas au même endroit.

Un autre acteur évoque la fermeture des frontières: certains Belges ont l'habitude d'acheter de l'alcool en France, au Luxembourg ou en Allemagne, où il est moins généralement moins cher.

Enfin, la modification des habitudes de travail aurait également eu un impact sur la consommation d’alcool. Près de 40% des personnes qui ont dû faire du télétravail indiquent avoir bu plus que d’habitude durant le confinement.   

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