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Coronavirus en Belgique - Adriano, célibataire, souffre particulièrement de la solitude: "Ils ne se sont pas rendu compte du mal que ça allait faire"

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les célibataires souffrent particulièrement. Plus de soirée, bars et restaurants fermés : difficile de réaliser des rencontres depuis le début de la crise sanitaire en Belgique et dans le monde entier. Et l'arrivée des fêtes de fin d'année ne va pas redonner du moral.

Adriano le reconnaît, les deux confinements ont pesé sur sa vie de célibataire. "Ils ne se sont pas rendu compte du mal que ça allait pouvoir faire sur les personnes qui sont célibataires, qui, quand elles ont fini leur journée de travail à avoir vu des gens, elles se retrouvent toutes seules devant leur télévision", a-t-il expliqué au micro de notre journaliste Vincent Legraive. "Et le plus difficile, c'est de ne pas pouvoir partager un moment, de ne plus pouvoir communiquer ou de communiquer comme avant. C'est très compliqué. Quand on ne se sent pas bien, on ne sait plus sortir ou voir des gens. En gros, on est tout seul, en fait".

Il y a bien les sites de rencontre, mais il ne les consulte plus. "Ça n'a pas d'intérêt vu que de toute façon on ne peut plus rencontrer".

Tiffany est d'accord, mais elle est restée accro. "Je suis sur Tinder et c'est vrai que c'est difficile parce que quand on se rencontre via cette application, on a plus envie de se voir en vrai que de discuter pendant des mois".

Résultat: les discussions ne vont pas plus loin. "On perd contact puisqu'on ne sait pas se voir et puis on se lasse des messages à un moment donné et du coup on ne se voit pas". On enregistre +20% d'inscriptions et +25% de conversations en plus sur Tinder. Par contre, les rencontres ont diminué de 37%.

Philippe, célibataire depuis 3 ans, s'y est inscrit. Oui, mais avec les gestes barrières: "On se dit que ça se passe bien avec elle et qu'on aimerait avoir plus avec cette personne mais il n'y aura pas de contact avec la main ou des choses comme ça. C'est complètement différent de ce qu'on avait auparavant".

Et puis, surtout, ne lui parlez pas du bonheur des couples. "Vous vous dites qu'ils ne sont pas tout seuls, moi ça devient de pire en pire". Au point que les voir ensemble, ça l'embête fortement...

Je crains une augmentation des tentatives de suicide

Certains ont préféré innover: des célibataires, qui ne se connaissaient pas, se sont regroupés via les réseaux sociaux pour partager leur quotidien. C'est le cas dans le Hainaut où notre journaliste Vincent Legraive est parti à la rencontre d'Audrey, 24 ans, et de Solange, 38 ans. "On a fait des pique-nique, du bowling, on rencontre des gens, on fait de sorties... Peut-être aussi rencontrer l'amour?".

L'une est célibataire depuis 6 mois, l'autre depuis plusieurs années. Elles affrontent ce célibat ensemble, mais ne le vivent pas de la même manière: l'une est pessimiste, l'autre veut garder le sourire.

Le célibat forcé par les confinements aura des conséquences dans le futur, a affirmé Sylvie Loumaye, psychologue et sexologue. "La solitude dans ce contexte est vraiment pénible et le célibataire prend double peine parce que nous sommes tous réfugiés dans notre bulle mais le célibataire est par essence tout seul dans sa bulle".

Faire des rencontres est assez compliqué: "Pour le moment, elles sont virtuelles, et on sait bien qu'il faut pouvoir aller au-delà du virtuel assez rapidement pour se faire une idée précise de la personne qu'on a en face de soi. Donc ça complique effectivement la rencontre. Et ça peut aussi prolonger cette espèce de phase de lune de miel qui est toujours idéalisée à ce moment-là".

"Je pense que l'on va avoir de pathologies qui vont se développer", poursuit-elle. "Des dépressions, mais aussi des personnes qui avaient des fragilités. Une personne qui était déjà un peu anxieuse va devenir angoissée. On va aussi avoir des passages à l'acte, je crains une augmentation des tentatives de suicide et de suicides réussis et peut-être davantage dans la population des célibataires. Le partage et le contact social devient vraiment essentiel, vital".

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