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Coronavirus: faut-il avoir peur de reprendre l'avion? Voici ce que l'on sait

Les Belges pourront voyager vers de nombreux pays européens à partir du lundi 15 juin. Est-ce risqué de prendre l'avion en cette période ?

 "Il y a quelque chose que je ne comprends pas. On parle de distances sociales, mais pour les vols en avion, on n’en parle pas, et j’avoue que j’ai peur de partir en vacances" a confié une citoyenne. Philippe Verdonck, patron de l’aéroport de Charleroi a voulu la rassurer ce mardi sur Bel RTL : "Il faut savoir que dans les avions c’est assez safe grâce aux fameux filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air (traduction: haute efficacité de filtration)). Tous les trois minutes, l’air est filtré. Il est plus safe d’être dans un avion que dans un bus", a-t-il affirmé.

Est-ce exact ? "Un bus qui est plein de gens est probablement plus dangereux que de prendre l’avion", estime le virologue Marc Van Ranst du groupe d'experts pour la stratégie de déconfinement qui confirme que "La qualité de l’air dans l’avion est plus contrôlée que dans un bus." Cependant, le scientifique, connu pour sa sévérité, pense qu'il est trop tôt pour reprendre l'avion lorsque ce n'est pas absolument nécessaire : "Le virus n’a pas disparu. Même si le taux d’infection est faible, il n’est pas nul. Pour le moment, le virus reste plus présent en Belgique que dans un tas d’autres pays. Je peux comprendre qu'on prenne l'avion pour les voyages essentiels et aller voir la famille. Mais proposer tout le package habituel pour partir en vacances, c’est trop tôt mais chacun fait ce qu'il veut", tranche-t-il, ajoutant qu'en plus du port du masque "l’idéal serait de laisser des sièges vides pour bien séparer les personnes, mais ils ne vont pas le faire."

Un renouvellement intégral de l'air d'une cabine prend de 2 à 3 minutes

Faut-il avoir peur d'être contaminé par un virus à bord d’un avion ? Des Belges ont certainement dû annuler leur vol car ils craignent d’être infectés par d'autres passagers, notamment en restant plusieurs heures dans la même cabine confinés.

Mais grâce à l’air froid qui circule dans les avions, les risques de propagation du coronavirus dans un avion seraient "quasiment nuls" assure Jean-Brice Dumont, le Directeur exécutif de l'ingénierie d'Airbus, à l'hebdomadaire français L'Express. Un argument que les autorités internationales (OACI (Organisation de l'aviation civile internationale), IATA (Association internationale du transport aérien)) ont aussi mis en avant pour rassurer les voyageurs avant un retour en vol de la flotte mondiale. 

Le système de traitement de l'air rendrait donc la propagation des virus et des microbes, pratiquement impossible. "Un passager ne se trouve en effet pas dans le flux d'air de son voisin", précise Guillaume Faury, le patron d'Airbus, interrogé par RTL France fin avril.

Dans les avions (Airbus comme Boeing), l'air présent en cabine est en fait prélevé à 50% de l'extérieur et le reste est prélevé dans l'air en cabine et recyclé en passant par des filtres HEPA capables d'arrêter 99,97% des particules, y compris des virus de la taille du coronavirus. Des filtres également utilisés dans les salles blanches ou dans les blocs opératoires des hôpitaux. A noter que dans les Boeing 717, l’air est pris entièrement de l’extérieur.

Comment ça fonctionne concrètement? 

Les filtres comportent plusieurs membranes aux différentes fonctions. Le filtre dit "charbon actif" élimine par exemple les odeurs. D'autres ont été conçus pour éliminer les plus petites particules, soit les bactéries, les microbes et les virus.

L’air est prélevé en dessous des pieds des passagers. Il passe ensuite par le filtre HEPA. L’air purifié est ensuite réinjecté dans la cabine par le plafond. Un renouvellement intégral de l'air d'une cabine a ainsi lieu toutes les 2 à 3 minutes, ce qui rend pratiquement impossible la propagation d'un virus dans un avion. L'air ne circule par ailleurs jamais de l'avant vers l'arrière de la cabine. Un passager qui se trouverait au rang 1 ne pourrait pas contaminer le passager qui se trouve une dizaine de rangs plus loin.

Pour confirmer que l'air est "propre" et "sûr", lAESA, l’agence européenne indépendante pour la sécurité aérienne, avait mené deux études en 2017. Les documents publiés sur son site internet assurent ainsi que la qualité de l’air dans la cabine d'un avion est "similaire ou même meilleure" que celle retrouvée dans des "environnements intérieurs" comme les bureaux, les écoles, les maisons,...

D'autres mesures d'hygiène

Pour se protéger en avion face au coronavirus, l'efficacité du port du masque ne fait par ailleurs pas de doute. L'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) l'ont d'ailleurs recommandé ainsi que des mesures de distanciation physique "dans la mesure du possible".

Les agences recommandent le port de masques à tous les passagers et le personnel aérien, et ce depuis leur entrée dans l'aéroport de départ jusqu'à leur arrivée à destination, avec une exception possible pour les enfants de moins de six ans. Ces masques doivent idéalement être changés toutes les quatre heures (comme vous le savez, les destinations lointaines ne sont pas encore accessibles), et les passagers doivent s'assurer d'en avoir en quantité suffisante, mais les compagnies sont aussi incitées à avoir un stock pour pourvoir aux besoins.

Une distanciation physique d'1,50 m est recommandée, si possible à toutes les étapes du voyage, par exemple en laissant au moins un siège vide entre eux, en augmentant la distance entre les sièges ou en laissant vide un rang sur deux. Si cette distanciation n'est pas possible, les "passagers et membres d'équipage doivent appliquer constamment toutes les autres mesures préventives", ont indiqué les agences.

Le patron d'Airbus, Guillaume Faury, s'est déclaré opposé à la mise en place de la distanciation. "Elle n'a aucun sens médical. Il y a des gens qui peuvent avoir cette idée-là en comparant à des bus ou à des endroits il n'y a pas de circulation d'air, mais pour les avions ça n'a pas de sens." Selon lui, il faut renforcer les gestes barrières, avec notamment un port du masque ou des précautions particulières dans les aéroports.

L'Association internationale du transport aérien (IATA), qui groupe 290 compagnies aériennes, a aussi déjà fait part de son opposition à de telles mesures de distanciation physique, estimant qu'elles feraient tomber le taux de remplissage des avions sous le seuil de rentabilité et feraient grimper les prix des billets.

En plus des mesures d'hygiène comme le lavage des mains et la désinfection du matériel dans l'avion, il est aussi recommandé aux compagnies de réduire les services à bord au "minimum nécessaire". 

En Belgique, les aéroports de Bruxelles et Charleroi s'apprêtent à rouvrir au public lundi prochain et ont annoncé plusieurs changements.

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