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Coronavirus: l'avis d'un professeur sur les mesures en Wallonie et la lutte contre l'épidémie

Nathan Clumeck, professeur émérite en maladies infectieuses à l'Université libre de Bruxelles (ULB) était l'invité du RTL INFO 19H ce vendredi. Interrogé par notre journaliste Caroline Fontenoy, il a notamment réagi aux nouvelles mesures annoncées pour la Wallonie.

Caroline Fontenoy: Un reconfinement partiel en Wallonie, est-ce que ça a du sens de cibler une région plutôt qu'une autre?

Nathan Clumeck: On ne cible pas une région. On est confronté à une réalité. La réalité, c'est qu'il y a une différence au nord et au sud. D'ailleurs, la question intéressante, c'est pourquoi est-ce que c'est comme ça? Et ça, je trouve que c'est une lacune que nous avons actuellement. Nous n'avons pas une connaissance des raisons pour lesquelles c'est comme ça. Il se passe des choses en Wallonie, est-ce qu'elles sont différentes de la Flandre? Probablement que oui. Et ce qui manque, ce sont des études. On ne connait pas ce virus. On n'a pas un tracing (ndlr: traçage) des sources. On ne sait pas quelles sont les communautés qui sont atteintes. On ne connait pas le lieu exact de la contamination. Madame Wilmès (ndlr: l'ex-Première ministre), malheureusement qui a été infectée, a dit elle-même: 'J'ai été infectée dans mon milieu familial'. Mais le virus n'est pas venu de l'air. Il a été amené dans ce milieu familial. Mais qu'est-ce qui l'a amené? Quelqu'un qui était à l'extérieur. Qu'est-ce qu'elle a fait cette personne? On ne le sait pas. Donc je pense qu'il est temps de faire des études sérieuses. Des études dans les mains de scientifiques, qui vont analyser ces données pour en tirer des leçons pour l'avenir.

Caroline Fontenoy: Ça explique qu'aujourd'hui on a l'air impréparé par rapport à quelque chose qu'on a déjà connu au mois de mars? Il s'est écoulé sept mois, c'est pour ça qu'aujourd'hui il nous manque, comme vous le dites, des morceaux du puzzle pour mieux anticiper les choses?

Nathan Clumeck: Malheureusement, c'est un constat que tout le monde fait. Après la première vague, on aurait dû mieux anticiper. On aurait dû définir une stratégie. Et on ne l'a pas fait. Et ce n'est pas faute d'avoir tiré la sonnette d'alarme. Je suis membre de l'Académie de médecine. L'Académie de médecine a tiré vraiment la sonnette d'alarme, parmi d'autres, pour dire qu'il faut qu'on définisse des stratégies. Et maintenant nous improvisons. À moitié parce qu'on se base quand même sur ce que l'on sait. Ce n'est pas une improvisation totale. Il y a quand même des choses qui sont rationnelles. Mais je pense qu'il faut maintenant préparer le futur déconfinement. Et il faut penser peut-être comment prévenir la troisième vague. C'est ça je pense qui est important. Il faudrait qu'il y ait une réflexion avec les différents moyens dont on aura besoin pour éviter de recommencer dans quelques mois.

Caroline Fontenoy: Malheureusement, pour l'instant nous sommes dans l'urgence. Sur quels domaines on peut encore avoir une certaine prise avant un reconfinement pure et simple?

Nathan Clumeck: Il y a quelque chose qu'on n'entend pas, et qui serait je pense important qu'on entende. C'est quels sont les soutiens qu'on va donner au personnel. Dire que les gens qui sont à domicile ou dans le privé qu'ils doivent venir aider les hôpitaux. Oui, c'est évident. Mais je pense qu'il y a un manque de moyen, un manque de finances, un manque d'organisation. Les médecins généralistes sont à bout de nerf. Et il y a aussi le problème du tracing (ndlr: traçage) et des diagnostics. Si on veut lutter contre cette épidémie, on a vu ça au début au mois de mars, il faut que nous ayons des tests rapides de diagnostic, et il faut qu'on ait des études de sérologie. Parce que la sérologie va nous dire comment le virus se répand dans la population. Et on en revient au point précédent, qui est la stratégie.

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