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Coronavirus: les jeunes médecins estiment que leurs droits ont reculé avec la crise et menacent de faire grève

Les quelque 6.000 médecins assistants en Belgique ont l'impression de voir leur droit reculer pendant la crise sanitaire, rapporte la revue médicale Le Spécialiste lundi. Ces spécialistes en formation attendent des "actes forts" de la part du nouveau ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, sans quoi "la perspective d'une grève devient de plus en plus inévitable", prévient le docteur Giovanni Briganti, président du Comité interuniversitaire des médecins assistants candidats spécialistes (CIMACS).

La charge de travail est abominable, grand minimum dans les 60 heures et jusqu'à plus de 100 heures par semaine

Ces jeunes médecins connaissent des conditions de travail difficiles exacerbées par ces temps de crise sanitaire. "Sans tabou, nous gagnons environ 2.000 euros nets par mois mais nous travaillons plus de 70 heures par semaine et ceci engendre des troubles psychologiques, des troubles de consommation de substances illicites, de la dépression, du burnout et également des idéations suicidaires", déplore Giovanni Briganti.

En effet, il y a quelques semaines déjà, Jean-Michel, médecin en formation d'urgentiste et affecté dans une unité de soins intensifs pour lutter contre le Covid à Liège témoignait des conditions de travail dans ce secteur arrivé à saturation. Signe de la surcharge de travail, il avait accepté de répondre aux questions de notre journaliste pendant un rare instant de repos dans sa journée : "J'étais justement dans la chambre d'un patient. Là, j'ai deux minutes pour manger et puis j'y retourne", indiquait-il. "La charge de travail est abominable. Grand minimum dans les 60 heures et jusqu'à plus de 100 heures par semaine". 

Heures supplémentaires non payées

Le ministre de la Santé "doit envoyer un message clair aux hôpitaux et leur imposer de traiter les médecins assistants comme des médecins salariés", presse le président du CIMACS, reçu lundi par le cabinet du Premier ministre Alexander De Croo avec son homologue flamand, le VASO. Il souligne par ailleurs que le Service public fédéral Emploi a rendu un avis en ce sens à l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami). "Il faudra donc que les hôpitaux paient les heures supplémentaires et respectent les autres lois qui s'appliquent aux salariés."

"Rien ne concerne les médecins assistants dans ce que propose le ministre de la santé Franck Vandenbroucke, même dans son enveloppe de 200 millions d'euros destinée au personnel soignant", dénonce le docteur. "Je crois qu'il a oublié les jeunes médecins. La commission paritaire a été mise en pause en attendant un avis du ministre Vandenbroucke", indique-t-il. Les avancées acquises avec l'ex-ministre de la Santé Maggie De Block sont "à l'arrêt avec le changement du gouvernement", déplore M. Briganti.

Ces abus ont augmenté pendant la période Covid

Il dénonce que le salaire des médecins assistants n'est pas toujours garanti les 30 premiers jours en cas de maladie. "Ces abus ont augmenté pendant la période Covid. Certains hôpitaux réquisitionnent des jeunes médecins sans qu'ils soient correctement rémunérés et sans procédure légale. Il n'y a souvent pas de supervision dans les unités Covid", témoigne-t-il, s'inquiétant de l'impact sur la qualité de soins.

"Je ne peux plus empêcher mes consœurs et confrères jeunes médecins de déposer un préavis de grève." Or, "si les jeunes médecins ne sont pas au front, les hôpitaux s'écroulent", alerte-t-il. De son côté, le cabinet du ministre Frank Vandenbroucke dit plancher sur un meilleur statut pour les médecins spécialistes en formation. "Nous mettons tout en œuvre pour obtenir un statut unique d'ici fin décembre", assure la porte-parole France Dammel. Une rencontre aura lieu la semaine prochaine avec le cabinet. Les médecins assistants bénéficieront également d'une partie du budget supplémentaire de 2 milliards d'euros pour les hôpitaux annoncé fin octobre, comme le fixera un arrêté royal qui sera publié vendredi.

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