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Des avocats recadrent sévèrement Jan Jambon: "Ce qu'il a fait dans le dossier Abdeslam est extrêmement grave, il doit se taire" (vidéo)

La sortie médiatique du ministre de l'Intérieur concernant le procès de Salah Abdeslam a fait bondir l'avocat du suspect, maître Sven Mary, mais aussi l'ordre des barreaux francophone et germanophone. Pour rappel, Jan Jambon estime incompréhensible que l'avocat de Salah Abdeslam ait demandé l'abandon des poursuites contre son client pour vice de procédure dans le cadre de la fusillade survenue rue du Dries à Forest.

Le président de l'ordre des barreaux francophone et germanophone, Jean-Pierre Buyle, est intervenu en direct dans le RTLinfo 13h pour recadrer le ministre de l'Intérieur Jan Jambon. Ses termes sont clairs: Jean-Pierre Buyle demande au nationaliste flamand... de se taire. Récemment, Jan Jambon s'est dit outré que l'avocat de Salah Abdeslam, Sven Mary, ait demandé l'abandon des poursuites contre son client pour vice de procédure dans le cadre de la fusillade survenue rue du Dries à Forest. Face à cette sortie, le président des barreaux francophone et germanophone rappelle le principe fondamental de la séparation des pouvoirs. "Le ministre de l'Intérieur commet deux fautes graves: premièrement, il intervient dans un dossier qui n'est pas de sa compétence, mais surtout, dans un dossier en cours, avertit-il. Il est en délibéré actuellement et il y a donc une forme de pression de l'exécutif à l'égard du judiciaire. Or, l'indépendance et l'impartialité sont les fondements de la séparation des pouvoirs. Je crois que M. Jambon aurait mieux fait de se taire. D'autre part, la position qu'il prend à l'égard de l'avocat est fautive, car si maître Mary n'avait pas soulevé cette disposition, qui est une disposition d'ordre public, il aurait pu lui-même engager sa responsabilité professionnelle. Nous demandons à M. Jambon de ne pas intervenir dans les procédures judiciaires, ce qu'il a fait est extrêmement grave".


L'exécutif fait-il barrage quand ça l'arrange?

Le président va plus loin et estime que cette forme d'ingérence est de plus en plus fréquente, notamment lorsqu'il s'agit de faire lever une immunité parlementaire. "Ce que l'on constate depuis quelques mois, c'est une interférence du pouvoir exécutif et législatif à l'égard de la magistrature. Cette attitude n'est pas convenable et méprisante à l'égard des juges et maintenant à l'égard du barreau".


Le président dénonce une dérive

Sven Mary a aussi reçu des menaces de mort pour avoir accepté de défendre Salah Abdeslam, seul survivant des commandos ayant perpétré les attentats de Paris. "C'est inacceptable et je veux témoigner à maître Mary tout notre soutien et notre bienveillance, entame Jean-Pierre Buyle. Ce que je constate aussi, c'est qu'on a le sentiment qu'on passe d'une justice basée sur une responsabilité individuelle basée sur une faute qui est le corollaire en quelque sorte de la liberté, vers une justice basée sur la sécurité, où indépendamment même d'une l'infraction, on veut punir quelqu'un en fonction de son apparence de dangerosité".

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