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Des centaines de policiers déposent leurs menottes en Belgique: "Ils subissent des crachats, injures, appels à la rébellion et coups"

Ce midi, des centaines de policiers ont déposé leurs menottes et leurs brassards à terre. Ils étaient environ 300 à Bruxelles, 300 à Liège, une centaine à Charleroi et d'autres encore ailleurs en Belgique. Tous dénoncent une dégradation de leurs relations avec la population depuis l’affaire George Floyd, ce noir américain tué par un policier blanc lors d’une interpellation alors qu’il suppliait de la laisser respirer.

"Une minorité doit être virée de la police, mais c’est une minorité"

Au micro de Benoit Duthoo dans le RTLINFO 13H, un policier d’une zone de Bruxelles, anonyme, a témoigné du sentiment qui anime ses collègues : "La majorité des policiers font très bien leur travail. Ils en ont assez qu’on leur crache dessus du matin au soir. On peut comprendre qu’il y ait des minorités qu’il faut virer de la police, qu’il faut stigmatiser en disant qu’il ne faut pas être raciste ou violent. C’est une réalité, mais nous on est là pour dire qu’on en a marre, marre, marre, marre, marre. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, c’est jamais bon. Et là ça ne va pas, là ça déborde depuis l’affaire Floyd. C’est scandaleux ce qui lui est arrivé, c’est scandaleux ce qui arrive, mais c’est une minorité."

"Beaucoup d’honnêtes gens nous soutiennent"

Les policiers ont répondu à l’appel d’un groupe Facebook, et non des syndicats. Mais ceux-ci soutiennent l’action, tout comme la hiérarchie. Exemple à Liège, où le chef de corps de la police locale a témoigné en direct dans le RTLINFO 13H. "J’y ai assisté parce que je suis policier depuis 44 ans, chef de zone depuis 20 ans et je voulais absolument montrer mon soutien à mes hommes et à mes femmes. (…) Le décès de George Floyd est scandaleux. Mais nous subissons un amalgame et ça entraine d’énormes difficultés dans l’exercice de notre noble métier. Les policiers subissent des crachats, des injures, des appels à la rébellion, des coups. Mais ce n’est pas anecdotique, c’est dans leur quotidien. On sent qu’on est devenu le bouc émissaire, qu’il y a un refus de l’autorité, et que nous ne pouvons pas exercer notre métier sereinement. Il faut arrêter ces amalgames et que nous obtenions à nouveau le soutien de notre population et fort heureusement, beaucoup d’honnêtes gens nous soutiennent, nous écrivent et ne se mêlent pas de nos interventions."

Une solution ? Des bodycams pour filmer toutes les interventions

Les policiers reprochent aussi aux médias de relayer des images parcellaires qui ne rendent pas compte de l’ensemble d’une intervention et nuisent ainsi à l’opinion que se fait la population des policiers. "Les réseaux sociaux nous font énormément de tort, et puis on relaie d’un point de vue médiatique nos interventions qui ne sont pas diffusées dans leur entièreté, on coupe des images. Il faut savoir que la police belge n’est pas raciste, pas fascisante, c’est une police professionnelle qui est hyper contrôlée. Nous avons une multitude de contrôles qui sont faits, du parquet en passant par l’inspection générale, le Comité P ou les services de contrôle interne. Et donc tout dérapage est sanctionné systématiquement. Mais il ne faut pas le généraliser, vraiment. Que faire ? Redorer notre image. Nous avons notre part de travail à faire et nous allons nous équiper de bodycams par exemple. Ça commence à s’étendre. J’en ai commandé pour ma zone de police. Ça permettrait de contextualiser, de ramener la vérité sur nos interventions", estime Christian Beaupère.

Un site pour dénoncer les violences policières

En parallèle, la ligue des droits humains a mis en ligne un site internet pour recueillir les témoignages de violences policières : policewatch.be. Son président, Pierre-Arnaud Perrouty, expliquait ce matin sur Bel RTL que selon sa connaissance du problème et des témoignages de policiers eux-mêmes, le phénomène du racisme dans la police est plus présent que ce que les responsables policiers veulent bien admettre. Pour lui, la police se grandirait et renouerait avec la population si elle acceptait de faire son autocritique, à commencer par ne pas minimiser le problème.

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