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Des mois après leur infection au coronavirus, Anne-Sophie et Erwin souffrent encore: "L'impression d'avoir pris un grand coup de vieux"

Deux malades du coronavirus que nous avons interrogés lancent un appel au gouvernement et au monde médical. Des mois après avoir été infectés, ils souffrent encore de nombreuses séquelles. Certaines les empêchent de travailler correctement. Ils souhaitent être officiellement reconnus comme malades de longue durée.

A travers champs ou sur la route, Erwin aimait par-dessous tout rouler à vélo. Mais depuis quelques mois, se remettre en selle est difficile. "J'ai un essoufflement. Donc la capacité respiratoire n'est plus la même. Et la fatigue, c'est un contre coup. Quand je rentre, je m'assieds et j'ai une fatigue énorme. Moralement c'est très compliqué de penser à tout ce qu'on pouvait faire avant et tout ce qu'on ne peut plus faire maintenant", confie Erwin Gérard, chef d'entreprise. "On a un peu l'impression d'avoir pris un grand coup de vieux".

Le goût et l'odorat altérés

C’est en rentrant d’Italie en mars dernier que le quadragénaire a été testé positif au coronavirus. Depuis, il conserve de nombreux symptômes, comme la perte du goût et de l’odorat. "Même un café, je ne peux plus le boire parce que le goût est totalement modifié. Je ne ressens qu'une amertume. Je ne peux même pas décrire quel goût ça a, mais c'est quelque chose que je ne peux plus faire", explique Erwin. "Je suivais une formation en œnologie, et c'est quelque chose que j'ai dû abandonner, parce que goûter un vin, c'est quelque chose que je ne peux plus faire. Donc cette formation n'a plus d'intérêt pour moi".

Je peux buter sur un simple mot et je n'arrive plus à avancer dans ma phrase

Patron d’une entreprise de dédouanement, Erwin n’est plus capable de travailler à temps plein. Car aux problèmes physiques s’ajoutent une immense fatigue et des problèmes de mémoire. "Des notions que je connais depuis longtemps, elles restent. Mais j'ai beaucoup de mal à retenir des choses à court terme. Je peux buter sur un simple mot et je n'arrive plus à avancer dans ma phrase parce que je suis bloqué sur ce mot. C'est aussi très problématique", indique notre témoin.

Je fais parfois une balade et elle dure dix minutes et après je vais dormir

Dans le cadre de notre reportage, nous avons également rencontré Anne-Sophie. Essoufflement, troubles digestifs, perte de poids: six mois après avoir déclaré la maladie, elle conserve elle aussi de nombreuses séquelles. "Normalement je fais du VTT, du monocycle. Là je ne peux plus rien faire. Je suis très active dans le jardin. J'ai même été entrepreneur en parcs et jardins à un moment, donc normalement je bouge. Et là, monter et descendre les escaliers (ndlr: c'est difficile), je fais parfois une balade et elle dure dix minutes et après je vais dormir", témoigne Anne-Sophie Spiette, éducatrice spécialisée membre du collectif "Les oubliés du covid long".

Lors de notre rencontre, Anne-Sophie nous a montré les nombreux médicaments qu'elle doit prendre. Dépenses totales: environ 100 euros par mois.

Des malades de longue durée demandent à être reconnus

Dans une lettre ouverte, Anne-Sophie et d’autres malades réclament au politique une prise en charge des frais et une véritable reconnaissance. "Notre demande, c'est qu'on soit reconnu au niveau médical. Histoire de pouvoir avoir un suivi réel, qu'on soit bien pris en charge médicalement. Qu'il y ait une reconnaissance au niveau des médecins en général, et pas qu'on nous remballe parfois avec des anxiolytiques", explique Anne-Sophie.

"Je veux vraiment dire que ça n'arrive pas qu'aux autres. Ça peut arriver à tout le monde. Des jeunes, moins jeunes ou plus âgés. Ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'on n'a pas de symptômes", rappelle pour sa part Erwin.

D’après le collectif "Les oubliés du covid long", 10% des malades du coronavirus pourraient conserver des séquelles à plus long terme. Un phénomène encore inexpliqué.

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