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Détecter la radicalisation dans les discours de jeunes: pourquoi les policiers n'y arrivent plus?

Dans la lutte contre le terrorisme, le judiciaire passe désormais avant la prévention depuis les attentats à Bruxelles. C'est ce qu'a dénoncé un officier de la police fédérale à la commission d'enquête sur les attentats

Les zones de police locales se concentrent sur le volet judiciaire des enquêtes liées au terrorisme depuis les attentats à Bruxelles, au détriment du travail de prévention, a indiqué lundi Frédéric Somville, officier de la police fédérale, devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats terroristes. La police n'a alors plus les moyens de mener sa mission administrative pour lutter contre le radicalisme.

"La police n'est pas là pour dialoguer avec les jeunes, ce n'est pas son rôle", a expliqué Frédéric Somville. "Si elle s'occupe de tout, nous entrons dans le cadre d'un état policier. Mais le judiciaire passe avant la prévention depuis les attentats. Des agents des zones de police locales ne vont plus dans les manifestations, dans les rassemblements, mais s'occupent du volet judiciaire", a-t-il ajouté.     

 

"On ne sait plus quoi lui répondre"

La prévention est pourtant primordiale pour lutter contre le phénomène de radicalisation, souligne l'officier de la police fédérale. "Une fois qu'un jeune est radicalisé, on ne sait plus quoi lui répondre. Un jeune mal de sa peau peut devenir un djihadiste en trois semaines, pour le déradicaliser je ne sais pas combien de temps serait nécessaire", a-t-il souligné.     

Les personnes qui entrent en contact avec des jeunes qui se radicalisent, notamment les psychologues et les travailleurs sociaux, doivent également avoir les bases pour comprendre le phénomène et mieux l'appréhender, a poursuivi Frédéric Somville. "Il doit être capable de détecter des éléments de radicalisme dans un discours en connaissant les deux cultures. Il faut des agents de quartier qui y résident, qui y ont des attaches".     

Pas seulement dans les mosquées

Le travail de déradicalisation est par ailleurs difficile sans prendre en compte le volet religieux, parfois négligé par certains acteurs se concentrant sur les racines sociales du phénomène, mais c'est surtout la victimisation qui pousse à la radicalisation, a précisé Monique Renaerts, historienne et islamologue, également présente devant la commission.      

"Des mouvements ont contribué au sentiment de victimisation, qui a poussé certains individus vers l'idéologie djihadiste. Ces groupes ne se trouvent plus toujours dans les mosquées, comme c'était le cas auparavant. Il ne faut pas nécessairement fréquenter les mosquées pour se radicaliser", a-t-elle dit.       

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