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Droit à la déconnexion: le secteur privé va-t-il emboîter le pas? "Nous n'avons pas besoin de ce genre de réglementation"

A partir du 1er février, les 65.000 fonctionnaires fédéraux ne pourront plus être appelés par leur supérieur en dehors des heures normales de travail. Une mesure qui s’inscrit dans ce qu’on appelle "le droit à la déconnexion" et qui vise à réduire le stress des fonctionnaires. Mais qu'en est-il pour le secteur privé? Cette mesure sera-t-elle envisagée dans les entreprises privées? Le président de l'UCM n'y est pas favorable.

Aujourd'hui, en permanence connecté, le droit à la déconnexion devrait soulager de nombreux travailleurs. "Lorsqu’on est en télétravail finalement, on a plus ce sas et on se dit qu’on a un peu plus de temps, qu’on est un peu plus à la maison, qu’on en profite un peu plus. Et puis, on peut vite se laisser déborder si on ne fait pas attention", confie Christine Grigolato, fonctionnaire déléguée.

Avec une charge mentale importante, le travailleur a besoin de se ressourcer pour éviter l'épuisement professionnel. Cela commence par mettre à l'écart tous les outils technologiques à portée de main pour se déconnecter du travail. "On est vite tenté d'aller consulter l'écran du téléphone ou de l'ordinateur. Donc le fait déjà de ne pas le mettre à portée de vue, pour moi, c’est un succès sans doute. Si on ne voit pas la tablette de chocolat, on n'y pense moins", note Laurence Boogaerts, psychologue du travail et coach professionnel.

Avec le télétravail, beaucoup ne distinguent plus la vie professionnelle de la vie privée. Ce droit à la déconnexion va permettre de limiter cette connexion aux heures de travail, sauf exception. "De nouveau, il y a toujours des urgences possibles qui doivent être discutées et qui doivent être sujet d’un arrangement avec les dirigeants", insiste Petra de Sutter, ministre de la Fonction publique.

A partir du 1er février, les fonctionnaires fédéraux ne subiront aucun désavantage s'ils n'ont pas répondu au téléphone en dehors de leurs heures de travail.

Qu’en est-il pour le secteur privé ?

Cette nouvelle mesure s’applique aux fonctionnaires fédéraux, mais qu'en est-il dans le secteur privé ? Est-elle envisagée dans les entreprises privées ? Selon le président de l'Union des Classes Moyennes, Pierre-Frédéric Nyst, des discussions ont déjà eu lieu. Mais les points de vue ne sont pas convergents pour le moment.

Certains souhaitent qu’il y ait une véritable réglementation alors que l’UCM, dans ses PME, estime que ce sont des notions comme la confiance, la concertation ou encore la responsabilisation qui doivent primer. "Nous estimons que nous n'avons pas besoin, véritablement, de ce genre de réglementation dans le privé. Peut-être que ça viendra un jour ? C’est vrai qu'avec le télétravail, on en a reparlé mais il n'y a pas d'accord pour le moment", dit-il.

Ce sont surtout les syndicats qui sont favorables à cette mesure. Mais du côté patronal, à nouveau, on ne l’estime pas nécessaire. "Dans une PME, vous avez une dizaine de personnes. Il y a de la concertation, on peut discuter, on organise le travail d'une certaine façon", poursuit Pierre-Frédéric Nyst.

"Et je vais vous donner un exemple, on peut trouver un accord avec l'employeur pour dire qu’on envoie des messages sans attendre nécessairement une réponse immédiatement. On peut trouver comme ça une organisation du travail. Nous n'avons pas besoin de cadres, nous n'avons pas besoin de législation", rajoute encore le président de l’UCM.

Selon lui, si l’on va un cran plus loin, il faut regarder le pendant du droit à la déconnexion, c’est-à-dire le droit ou l’obligation à la connexion exclusive pendant les heures de travail pour l’employeur. "On ne souhaite pas ça non plus. Il faut de la latitude, il faut de la flexibilité."

Pour Pierre-Frédéric Nyst, l'employeur doit faire confiance à ces travailleurs et les travailleurs, de leurs côtés, font confiance l'employeur. "C’est vraiment notre leitmotiv. Nous n'avons pas besoin de cette législation qui, étonnamment, est prise d'abord pour des fonctionnaires", conclut-il.

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