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Mesures sanitaires, fausses vérités, des experts sous protection policière: Emmanuel André répond aux critiques (vidéo)

Emmanuel André, le microbiologiste et ancien porte-parole interfédéral dans la lutte contre le Covid-19, était l'invité du RTL INFO 19H. Il a notamment commenté les derniers chiffres et les inquiétudes affichées par certains experts, en répondant aux questions de Simon François.

Simon François: Votre ex-collègue Steven Van Gucht est inquiet aujourd'hui par l'accélération des cas, vous aussi? 

Emmanuel André: "Il y a deux raisons d'être inquiets ou vigilants. Premièrement, cette augmentation s'accentue de jour en jour. On a 600 cas en moyenne pour la dernière semaine, mais les derniers jours sont plutôt à 800. On a une courbe qui commence à être exponentielle. Le deuxième élément pour lequel il faut être extrêmement vigilant, c'est que le système de test et de traçage mis en place, se voit dépasser car tous ces afflux, ces personnes qui sont rentrées de l'étranger, des clusters en Belgique, ne sont pas contrôlés avec le système actuel. D'où l'importance d'être vigilants"

Simon François: Avec le retour en classe et au bureau, on s'attendait à un rebond?

Emmanuel André: "On savait que la rentrée était un moment clé et que toute cette période jusqu'à l'hiver et au printemps prochain, on va avoir des résurgences du virus. Toute notre stratégie doit être focalisée sur le fait de ne pas rendre cette situation incontrôlée. Quand on est dans ce genre de situation, le système s'effondre. L'économie du pays se met en rouge et diminue. Il faut donc absolument maintenir la transmission du virus à une situation en équilibre. Ce sont les changements qui créent l'insécurité. L'évolution naturelle de ce virus est de partir dans une croissance exponentielle. L'objectif des mesures prises est de pouvoir casser la courbe ou la rendre moins abrupte. C'est comme quand on lance un enfant dans un toboggan. Si on lui dit de s'arrêter au début toboggan, il y arrive sans faire trop d'efforts. Si on lui demande de s'arrêter au milieu du toboggan, c'est beaucoup plus difficile. C'est aujourd'hui au début de cette croissance qu'il faut être vigilant, car c'est maintenant qu'on va devoir faire le moins d'efforts."

Simon François: Sur les réseaux sociaux vous vous êtes montrés très critiques envers ceux qui critiquent les mesures sanitaires actuelles. C'est la seule façon de freiner l'épidémie?

Emmanuel André: "La critique est saine et il y a énormément de choses qu'on peut continuer à faire évoluer. Je pense qu'il est important de garder les pieds sur terre. On ne peut pas mélanger des choses qui sont vraies comme le besoin d'une prise en compte plus importante de l'ensemble de notre communauté. La santé, ce n'est pas seulement la santé biomédicale. C'est aussi le bien-être, notre économie, nos relations sociales... Mais mélanger ça avec de fausses vérités et des choses qui ne sont pas vraies, cela crée un sentiment d'incompréhension. On peut alors comprendre que les gens commencent à douter. Quand c'est le cas, on voit que l'épidémie reprend car les gens croient moins en toutes ces mesures qui pourtant fonctionnent. Même si on peut encore les optimiser."

Simon François: Un exemple d'une fausse vérité? 

Emmanuel André: "J'entendais que les tests PCR pouvaient être positifs dans n'importe quelle infection virale. C'est absolument faux. Ces tests PCR ont été développés dans des laboratoires avec des contrôles de qualité qui sont réalisés tous les jours dans notre pays. Quand on commence à mettre en doute des acquis vérifiés et vérifiables, il faut savoir dire que ce n'est pas juste."

Simon François: On sait que tous les experts n'ont pas le même avis, certains d'entre vous sont sous protection policière. C'est dangereux de s'exprimer en tant que virologue aujourd'hui en Belgique? 

Emmanuel André: "Etre expert dans cette crise, c'est s'exposer à énormément de critiques car on présente l'information qu'on a, les objectifs qu'on propose... Et c'est normal que certaines personnes ne partagent pas nos avis. Ce qu'on a vu récemment, plutôt en Flandre, c'est un sentiment violent avec des menaces envers des personnes qui pourtant font leur métier d'informer. Il faut savoir se remettre en question. Personnellement, je n'ai pas fait l'objet de menaces mais je suis très solidaire envers les personnes qui l'ont été." 

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