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Encore reportée, la prescription électronique obligatoire divise: "On sait pourquoi elle est poussée par le gouvernement"

La prescription électronique de médicaments est bien lancée, mais ne sera pas obligatoire au 1er juin comme prévu, indiquait lundi dans un communiqué l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami). En décembre de l'année dernière, le Comité de l'assurance donnait son feu vert à cette obligation au 1er juin (à l'exception des visites à domicile et certaines tranches d'âge de prescripteurs), mais des discussions doivent encore avoir lieu à la Chambre avant publication au Moniteur belge.

Fin avril, 15.000 prescripteurs avaient déjà exploité cette possibilité, ce qui représente environ 3,5 millions de prescriptions, note l'Inami, qui souligne une évolution positive. La discussion finale autour de ce projet doit encore se tenir à la Chambre. La date d'entrée en vigueur et les exceptions seront donc confirmées dans un arrêté d'exécution. Cependant, l'Inami appelle les prescripteurs à ne pas attendre l'entrée en vigueur officielle.

Marc Moens, président de l'Association belge des syndicats médicaux (Absym), se dit de son côté déçu du report de la date d'entrée en vigueur de la prescription électronique obligatoire, alors que de nombreux efforts ont été entrepris pour informer les prescripteurs et les persuader de sauter le pas. "La ministre Maggie De Block veut convaincre le plus de prescripteurs de passer au format électronique. Je suis convaincu que c'est l'avenir" mais ça n'avance pas, regrette Marc Moens, qui rappelle que la prescription électronique obligatoire était initialement prévue au 1er janvier.

Selon lui, les médecins sont aujourd'hui divisés au sujet de la prescription électronique. Pour l'instant, 5 millions de prescriptions électroniques sont délivrées par mois, et 103 sur 120 hôpitaux sont prêts à son introduction.


"Nous, on s'insurge toujours sur la marche forcée"

Cependant, les médecins ne sont pas tous très enthousiastes à l'idée de devoir appliquer la prescription électronique. Marc Nissen, le concepteur de ce projet, en est bien conscient. Il s'est exprimé sur les ondes de Bel RTL: "Chaque fois que la modalité change, il y a une réticence. Dans le monde médical, disons que ce n'est pas le plus progressif des mondes que nous connaissons".

Paul De Munck, un représentant de médecins généralistes, n'est pas contre le principe de la numérisation. "Nous, on s'insurge toujours sur la marche forcée et le caractère obligatoire. On sait bien pourquoi la prescription électronique est poussée par le gouvernement, qui veut faire monter la Belgique sur une des trois premières marches du podium de tête sur la numérisation des pays européens. Et la prescription électronique est un des critères d'évaluation pour savoir si la Belgique est performante par rapport à l'ère numérique ou pas", précise le médecin interrogé par Bernard Lobet. Et d'ajouter: "Ca nous fait un peu sourire de voir qu'on met la pression sur les prestataires de soins, puis on voit qu'on ne sait pas tenir le timing établi par les pouvoirs publics".

Pour rappel, les prescriptions à domicile et les médecins de plus de 62 ans sont exclus de ce système de prescriptions électroniques.

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