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Énorme faille dans la sécurité de la centrale de Tihange: un drone l'a survolée en toute tranquillité

Nos journalistes ont réalisé un reportage qui pose de sérieuses questions de sécurité. Suite au survol de nombreuses centrales nucléaires en France par des drones, Electrabel affirmait surveiller de près l’espace aérien au-dessus des centrales belges. L’une de nos équipes a donc effectué le test hier à la centrale de Tihange. Un reportage édifiant. A aucun moment, la police n’est intervenue pour empêcher le survol.

Au-dessus de l’aéroport de Zaventem ou du Palais Royal, des bornes GPS fixent une barrière électronique infranchissable pour les drones. Mais au-dessus de Tihange : rien !
La police passe sans s'arrêter 
"Ici c’est une volonté de ne pas aller directement sur la centrale mais en deux minutes, on peut décoller et aller se poser dans la cour de la centrale voire même au-dessus du réacteur si il le fallait" , explique Alex, pilote de drone.
Sur l’écran apparaissent deux véhicules de la police fédérale. Les journalistes Jean-Pierre Martin et Sébastien Dubois les filment en pensant être interpellés. Ils n’ont aucun signe qui permet de les identifier comme journalistes. La police poursuit pourtant son chemin. " Quand je les ai vu arriver je me suis dit c’est bon, c’est fini pour nous ! ", se dit Alex.
Aucune réaction des services de sécurité
Les journalistes s’installent sur les berges à proximité de la centrale. Ils se rapprochent des réacteurs. A aucun moment leur présence et le vol du drone n’a attiré l’attention des services de sécurité.
"Des personnes mal intentionnées pourraient rentrer des coordonnées GPS, se positionner à trois ou quatre kilomètres de la zone et dire au drone ‘tu vas droit sur le dôme avec des explosifs ’", remarque le pilote du drone.
"Il faut empêcher les drones d'approcher les sites sensibles"
" Il faut donc absolument légiférer là-dessus et trouver des systèmes, pourquoi pas des brouilleurs de fréquences qui empêcheraient tout drone d’approcher des sites aussi sensibles." 
Le cœur nucléaire est conçu pour résister à une attaque, mais pas les infrastructures auxiliaires comme le transformateur endommagé la semaine dernière ou les postes de haute-tension. Les journalistes sont seulement à quelques kilomètres de Tihange. Ce site ne bénéficie d’aucune protection. 
"Un black-out total du pays" 
A l’université de Liège, le professeur Damien Ernst est préoccupé. " Toute l’infrastructure auxiliaire autour d’une centrale, notamment l’infrastructure électrique, peut être attaquable. Si elle est victime d’attentats, ou d’actes mal intentionnés, cela peut conduire à un black-out total ou partiel du pays."
Dans les prochains mois une nouvelle législation devrait encadrer l’usage des drones. Les centrales nucléaires ne sont pourtant pas à l’abri des malveillances. Un simple clic sur Google Maps en dit déjà long sur Tihange.

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