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Fin de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035 en Europe: serons-nous capables de produire suffisamment d'électricité?

C'est une décision qui fera date. Hier soir, le Parlement européen a approuvé la fin de la vente des véhicules neufs à moteur thermiques en 2035. Ça veut dire qu'à partir de cette date, on ne pourra plus acheter que des voitures neuves électriques. Fini les moteurs Diesel, essence et même hybride. L'Europe se projette dans une circulation 100% électrique.

Pourquoi ce choix ? Au fond quelle est la part de la pollution due à la voiture en Europe ? Est-ce le principal axe d'action pour tenter de limiter le réchauffement de notre planète ?

La première source de pollution en Europe est bien due au transport. Les transports de marchandises, de personnes et l’avion représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre.

"C’est un secteur qui ne fait qu’augmenter en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Donc, on voit depuis le début des années 90 que c’est le secteur qui augmente le plus en la matière. Il y a eu un petit moment de pause, au moment des confinements mais c’est un secteur qui augmente largement", explique Carine Thibaut, la porte-parole de Greenpeace Belgique.

Ces véhicules électriques posent aussi d'autres problèmes

En cause, nos modes de consommation, avec le fort développement du commerce en ligne notamment. La fin des voitures thermiques, c’est une bonne idée, mais elle insuffisante pour certains experts.

"Le problème, c’est qu’il ne faut pas penser que la solution, c’est de remplacer les voitures thermiques par des voitures électriques. Ces véhicules posent aussi d’autres problèmes en termes de coûts et de prix mais aussi d’accès aux métaux rares", précise la porte-parole.

Le climatologue et chercheur à l’UCLouvain, Philippe Marbaix, estime lui que cette date choisie "est presque lointaine, parce qu’on parle d’arriver à zéro émission net de CO2 en Europe à l’horizon 2050".

En deuxième position, la production industrielle d’énergie compte pour 26% des gaz à effet de serre. Le chauffage domestique et celui des commerces et institutions produit 14% de CO2.

Entre 80 et 90.000 emplois pourraient être créés

"C’est là où l’Union européenne est un peu faiblarde parce qu’en fait avec la hausse des factures d’énergie, on a vraiment besoin d’investir dans l’isolation des bâtiments et pour tout le monde, pas seulement pour les personnes qui savent se le payer mais aussi pour les gens qui n’en ont pas les moyens", pointe la représentante de Greenpeace.

Enfin, l’agriculture est responsable de 12% des émissions, notamment de méthane à cause de l’élevage et de notre consommation trop importante de viande. La mise en application de la transition écologique pourrait créer entre 80 et 90.000 nouveaux emplois en Belgique.

Autre question qui découle de cette décision : serons-nous capables de produire suffisamment d'électricité pour alimenter ce nouveau parc automobile ?

Damien Ernst, spécialiste des questions énergétiques à l'Université de Liège, émet quelques réserves : "Les véhicules électriques vont être connectées principalement, à ce qu’on appelle, le réseau 400 volt basse tension. Passent dans ce réseau-là, 20 térawatt/heure d’énergie par an. On considère que si tous les véhicules sont électriques et sont connectées à ce réseau, il devra passer dans ce réseau 40 térawatt/heure. Donc premièrement, cela va causer un gros problème au niveau du réseau de distribution avec des risques de blackouts locaux, c’est un problème dont on ne discute pas assez. Second problème, c’est aussi qu’il va falloir générer ces 20 térawatt/heure d’électricité en plus et en tout cas, on est plutôt en Belgique dans une situation où on a vraiment énormément de problèmes à générer plus d’électricité décarbonée. On a fermé le nucléaire, les plans d’installation de nouvelles éoliennes sur terre sont plus ou moins bloqués, les connexions, les grandes lignes électriques qu’il faudrait construire pour pouvoir importer plus d’éolien offshore (généré en mer) sont aussi bloquées. Donc malheureusement, je ne peux pas être confiant à 100% qu’en 2035, on n’aura pas de problèmes d’approvisionnement de ces véhicules", conclut le scientifique.

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