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Joël souffre d'un handicap mental et d'autisme, mais sa famille ne trouve aucun centre pour l'accueillir

Nos journalistes Fanny Dehaye et Michael Danse ont recueilli les témoignages de parents d'enfants handicapés mentaux. Certains dénoncent les difficultés qu'ils rencontrent pour trouver des centres d'accueil adéquats, du manque de place dans ces institutions, et les lacunes dans la formation des éducateurs.

Joël a 19 ans. Il est atteint d’un handicap mental profond et d’autisme. Depuis plusieurs années, les centres d’accueil défilent. Un changement d’environnement qui régresserait son développement. "Il a développé des troubles du comportement à cause justement des changements de places. De place en place, l'autiste vit mal cela, il lui faut une situation de vie très régulée", confie Christophe Zielonka, le beau-père de Joël.
 
Le comportement inattendu de Joël inciterait les institutions à le refuser, selon ses parents. "C'est tout à fait aberrant, puisque c'est eux qui sont normalement qualifiés pour aider les gens qui souffrent de ça... et ils ne les acceptent pas", affirme Christophe.

L'offre de formations est largement insuffisante

"Dès qu'on parle de personnes avec des gros troubles du comportement, le besoin de formation très pointue est énorme. Et là, l'offre de formations est largement insuffisante", explique de son côté Jocelyne Burnotte, présidente de l'association de parents et professionnels autour de la personne polyhandicapée. Mme Burnotte est également directrice d'un centre d'accueil.


Manque de places, surtout s'il faut un accompagnement pointu

Autre problème: le manque de places dans les institutions… Un avis à nuancer pour certaines associations de parents d’enfants handicapé. "Si la personne a besoin d'un accompagnement très pointu, si elle va avoir des troubles du comportement, ou un double diagnostic, c'est-à-dire un handicap psychiatrique en même temps qu'un handicap mental et physique, là on va vraiment avoir beaucoup de difficultés à trouver une solution d'hébergement", indique Jocelyne Burnotte.


Polyhandicapée, Coralie a trouvé sa place depuis 10 ans
 
A 32 ans, Coralie est polyhandicapée. Depuis 10 ans, elle séjourne la semaine dans un centre d’accueil où elle a trouvé ses marques. La preuve: à la manière d’une étudiante, ce week-end c’est la première fois qu’elle reste dans son kot, comme aime l’appeler ses parents. "C'est un petit centre, c'est intime, c'est familial, les éducateurs ont un très bon rapport avec les parents. Ils sont francs, ils disent la vérité, que ça soit en bien ou en mal. Donc c'est important pour nous et pour son avenir quand on ne sera plus là", précise Cathy Rouard, la mère de Coralie.
 
Cathy et Philippe reconnaissent qu’ils ont eu beaucoup de chance de trouver un centre qui réponde aux moindres besoins de Coralie. De leur côté, les parents de Joël imaginent des solutions. "Ça pourrait être d'avoir un accompagnement à la maison, individualisé et financé par le gouvernement, l'Aviq (NDLR: Agence pour une Vie de Qualité). Au lieu de payer des chômeurs, pourquoi ne pas payer des éducateurs indépendants qui viendraient à la maison s'occuper des gens? Ou alors nous permettre de créer des centres dans des régions géographiques plus restreintes", confie le beau-père de Joël.

Un projet d’arrêté favorisant l’accueil des handicapés dans des petites unités devrait d’ailleurs être présenté prochainement au gouvernement.

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