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Journée internationale des droits des femmes - Seules 4% des rues à Bruxelles portent un nom féminin

(Belga) En Région de Bruxelles-Capitale, seules 4,2% des voiries portent un nom féminin, pour 46% avec un nom masculin, ressort-il d'une étude de l'Université libre de Bruxelles (ULB) publiée lundi dans la revue Brussels Studies.

Dans le cadre d'un séminaire "Genre et ville" à l'ULB, une équipe d'enseignants et d'étudiantes ont réalisé, entre février et avril 2020, une enquête sur les noms des rues dans la Région bruxelloise. L'étude porte sur les voiries habitées, les parcs, les tunnels routiers, les rond-points, les quais, les passages, les chemins, les venelles et les sentiers. Il ressort de ce relevé exhaustif dans les 19 communes bruxelloises que la moitié des voiries porte le nom d'une personne. Mais seules 4,2% ont un nom féminin. Cette proportion varie peu selon les communes, les extrêmes étant compris entre 1% de noms féminins à Evere et 7% à Bruxelles-Ville. L'étude observe également que plus on grimpe dans la "hiérarchie" des voiries, plus les femmes se font rares. Ainsi, 181 voiries régionales ont un nom masculin, pour 12 un nom féminin. Quarante pour cent des voiries féminines sont des rues, 23% des avenues, 8% des places, 2,7% des parcs, 1,4% des boulevards. Les rues bruxelloises représentent trois groupes de personnages féminins, constituant chacun environ 30% des odonymes féminins: les personnalités individuelles, la figure royale (individuelle ou générique, comme la Reine par exemple) et les figures saintes ou surnaturelles. Seul un nom de rue honore une personne transgenre. Quinze entretiens ont également été réalisés avec des élus ou fonctionnaires communaux, l'attribution d'un nouveau nom de rue relevant de leur compétence. Il apparaît que changer le nom d'une voirie existante n'est pas facile, impliquant "des opérations techniques importantes". Rebaptiser une rue signifie le changement de toutes les adresses en surface et en sous-sol. Les acteurs communaux s'accordent pour éviter cette opération, "particulièrement délicate surtout lorsque (la rue) porte déjà le nom d'une personne (très souvent un homme), car des voix s'élèvent toujours parmi la population pour dénoncer l'atteinte qui serait ainsi portée à la personne déchue". Une autre stratégie est d'attribuer un nom féminin lors de la création de voiries ou à des lieux qui n'avaient pas encore de noms comme des jardins, des îlots, des allées de parc... Toutefois, ces nouvelles voiries sont en nombre limité et il n'existe pas de consensus pour leur attribuer un nom de femmes. Les autrices et auteurs de l'étude relèvent en outre la moindre visibilité des femmes si elles ne bénéficient que de voiries marginales. Une dernière action identifiée est la féminisation d'espaces et instruments de l'action publique, tels que des bâtiments publics, des stades, des piscines, des crèches, des écoles... L'étude observe une difficulté à faire coïncider les discours - le principe de la féminisation semblant acquis - avec les pratiques. "Cette difficulté à rendre concrètes les politiques égalitaires révèle la prégnance saisissante du patriarcat et du sexisme systémique dans le fonctionnement de nos institutions", souligne-t-elle. "En travaillant à donner plus de visibilité aux femmes dans l'espace viaire, les normes et les pratiques qui dominent la fabrication de l'espace public sont bousculées et, avec elles, les mentalités de celles et ceux qui l'habitent", conclut l'équipe de recherche. (Belga)

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