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Après l'affaire Jürgen Conings, va-t-on réformer le Service du Renseignement? "De fortes probabilités", assure la ministre de la Défense

Alors que le corps sans vie de Jürgen Conings a été retrouvé dimanche, la ministre de la Défense s'est exprimé au micro de Fabrice Grosfilley sur Bel RTL.

Le militaire radicalisé d'extrême droite Jürgen Conings, recherché depuis plus d'un mois, a été retrouvé mort dimanche. "Ce dimanche 20 juin 2021, le caporal-chef Jürgen Conings a été retrouvé mort", ont annoncé la ministre de la Défense Ludivine Dedonder et le chef de la Défense Michel Hofman, dans un communiqué commun. "La découverte du corps sans vie met fin à cinq semaines d'insécurité et de menace", a souligné la ministre.

Invitée au micro de Fabrice Grosfilley sur Bel RTL, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder a réagi. "On ne peut jamais se réjouir quand une affaire se conclut par la mort d'un homme. Derrière lui, c'est toute une famille et des amis qui sont en deuil. Il y a une certaine forme de soulagement pour les personnes menacées, mais toute empreinte de tristesse car on aurait certainement tous préféré le retrouver vivant", a-t-elle confié. 

Il n'aurait pas dû avoir accès à ces dépôts d'armes

La ministre est revenue sur cette affaire qui a secoué la défense en raison de failles dans la surveillance des éléments radicalisés au sein de l'armée. "On peut clairement parler de dysfonctionnements. Du rapport de l'inspecteur général, divers manquements ont été constatés au niveau de la communication au sein du service de renseignements, et avec la hiérarchie militaire, un manque de supervision au sein de l'unité de l'intéressé, un non-respect des procédures d'accès au niveau des munitions", a-t-elle souligné. 

Considéré comme dangereux, le militaire de 46 ans, fiché par l'organisme belge d'analyse de la menace terroriste (Ocam), était soupçonné de vouloir s'en prendre à des représentants de l'Etat belge et à un virologue connu. Il avait malgré tout accès à des armes et des munitions. Quatre lance-roquettes antichar et des munitions avaient été retrouvés dans son véhicule abandonné. "On sait qu'il y avait une supervision limitée. Il n'aurait pas dû avoir accès à ces dépôts d'armes. Mais force est de constater qu'il a pu se procurer ces armes et sortir de la caserne", a expliqué la ministre. Des rapports sont en cours afin de comprendre comment de tels manquements ont-ils pu se produire. "S'il y a des fautes directes qui ont été commises, je prendrai des sanctions mais j'attends d'avoir l'ensemble des rapports pour me prononcer", a assuré Ludivine Dedonder. 

Il y a de fortes probabilités pour que nous réformions ce service

Jürgen Conings était affecté au sein de la cellule de prédéploiement. Cette dernière était composée de 6 personnes et située à Bourg-Léopold. Or le chef de cette unité se trouvait quant à lui situé à Evere, au quartier général de la Défense. "Je pense que c'est quelque chose que l'on doit revoir. Des unités un peu déconnectées, ça ne va pas. On voit qu'il y a eu une commande de lance-roquettes qui n'était pas nécessaire pour la formation des personnes qui allaient à l'étranger. Il y avait des contacts avec ce chef qui est à Evere mais ce n'est pas suffisant", a indiqué la ministre de la Défense qui insiste sur le fait que les méthodes vont être revues afin de "renforcer les procédures en matière d'accès à l'armement". "Il y aura des sanctions partout où une faute directe a été commise", a insisté Ludivine Dedonder.

Doit-on conserver le SGRS (service secret de l'armée)? Ne faut-il pas penser à une fusion avec les services civils tels que la Sûreté de l'Etat. "Ces deux services sont complémentaires avec des missions spécifiques. La Sûreté s'occupe de la collecte de renseignements en Belgique et le Service de Renseignement a un rôle important à l'étranger. Il y a certainement matière à revoir les missions des deux services pour que ce soit efficace. Il y a de fortes probabilités pour que nous réformions ce service, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on parle de fusion", a commenté la ministre au micro de Fabrice Grosfilley. 

Depuis le début de l'affaire Conings, le personnel du SGRS a été renforcé. "Il fonctionne actuellement à 80% de son effectif avec 700 personnes pour un cadre de 900", souligne la ministre. 

Ce n'est pas une chasse aux sorcières

Cette affaire soulève une question: si on a des opinions extrémistes ou radicales, a-t-on sa place à la Défense? Une dizaine de militaires ont vu leur habilitation de sécurité suspendue ces dernières semaines. "Ce sont des personnes qui ont été écartées des dépôts d'armes et des munitions par mesure de prévention. Elles n'ont pas été sanctionnées. J'attends une évaluation du Service de renseignement par rapport à ces personnes dans les prochaines semaines. Si elles ne constituent pas une menace, leur habilitation leur sera restituée, si elle constitue une menace, une procédure sera inscrite", a affirmé la ministre. Elle assure que ce ne sont pas des opinions qui sont sanctionnées mais bel et bien des propos extrémistes et des actes qui constituent des infractions. "Ce n'est pas une chasse aux sorcières. Les extrémistes avérés, les racistes, les sexistes n'ont pas leur place à la Défense", a-t-elle conclu. 

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