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L'ambassade de Belgique aurait livré une famille ouïghoure à la police chinoise: depuis, le père est sans nouvelles

L'ambassade de Belgique à Pékin a appelé la police chinoise pour faire évacuer des ressortissants ouïghours de ses locaux, rapportaient vendredi les sites de La Libre, du Morgen et du magazine américain Foreign Policy (FP). Les faits se sont produits dans la nuit du 28 au 29 mai. Depuis lors, la mère -Wureyetiguli Abula- et ses quatre enfants n'ont pas donné signe de vie à leur mari et père réfugié en Belgique.

Ablimit Tursun (Tuerxun), citoyen chinois originaire du Xinjang, a obtenu l'asile en 2018. Il est issu de la communauté ouïghoure, victime de persécutions par les autorités chinoises. Il a entamé une procédure de regroupement familial pour faire venir en Belgique sa femme et ses enfants. La candidature a été enregistrée au mois d'octobre.

L'ambassade de Belgique à Pékin a contacté la famille afin qu'elle complète le dossier. La mère et les enfants se sont rendus à deux reprises dans la capitale chinoise, selon FP. Un voyage qui n'est pas sans danger puisque les Ouïghours ne peuvent se déplacer sans autorisation. Lors du second voyage, par deux fois, la police chinoise a débarqué dans l'hôtel où logeait la famille pour l'interroger sur les motifs de son déplacement et l'inciter à retourner dans la ville d'Urumqi, dans le Xinjang. Le 28 mai, Mme Abula et ses enfants se sont rendus à l'ambassade pour achever le dossier.


La mère a refusé de quitter l'ambassade de Belgique à Pékin

Selon les Affaires étrangères, cette visite s'est faite en dehors des heures d'ouverture et sans rendez-vous. "Nous ne comprenons pas pourquoi cette action a été menée à l'ambassade. L'intéressée n'avait pas été invitée à se présenter en personne avec ses enfants", ont indiqué les Affaires étrangères à l'Agence Belga. "L'intéressée a tout de même été reçue (...) et toutes les informations nécessaires lui ont été à nouveau données", ont-elles ajouté.

La mère, s'estimant en danger, a refusé de quitter les lieux et a demandé la protection belge en attendant les visas. L'ambassade lui a fait remarquer que ses locaux n'étaient pas un hôtel, que le dossier suivait son cours de manière normale et qu'il était traité dans la plus grande discrétion.

Malgré les appels à la raison du personnel de la représentation belge, Mme Abula n'a pas cédé. L'ambassade a appelé la police qui a emmené la famille et l'a interrogée avant de la renvoyer à son hôtel, indiquent La Libre et FP. Les Affaires étrangères sont restées muettes à ce sujet.


"Nous continuons à suivre ce dossier"

"L'intéressée était pendant toute la durée de sa présence à l'ambassade en contact avec l'extérieur par téléphone ou par sms. Elle a été visiblement mal conseillée, ce qui a généré une situation difficile à gérer et a rendu impossible une solution discrète", ont-elles expliqué.

Le 31 mai, des policiers ont une nouvelle fois fait irruption dans l'hôtel, emmené la famille et confisqué les téléphones. Le père est depuis lors sans nouvelles. Dans les jours suivants, les visas pour la mère et les 4 enfants ont été émis, rapportent encore les deux médias.

"Nous continuons à suivre ce dossier, en considérant que la discrétion - ou ce qu'il en reste en tout cas - et la patience seront essentielles à sa bonne évolution", ont précisé les Affaires étrangères qui n'a pas souhaité faire d'autre commentaire "dans l'intérêt d'une possible conclusion positive du dossier".

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