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L'un des professeurs qui souhaite modifier l'accord du participe passé en direct sur Bel RTL: "On a souvent tendance à croire que tout se vaut dans l’orthographe"

La Fédération Wallonie-Bruxelles, ou en tout cas son conseil de la langue française et de la politique linguistique, envisage de modifier une des règles de base de la conjugaison: l'accord du participe passé. Le principe est bien connu: le participe passé avec l'auxiliaire "avoir" doit s'accorder en genre et en nombre avec le complément d'objet direct lorsque ce dernier le précède, mais s'il suit le participe il reste invariable. La Belgique francophone veut simplifier et instaurer l'invariabilité dans tous les cas de figure.

Deux professeurs de français en Wallonie, soutenus par la communauté scientifique et linguistique, veulent mettre fin à la règle suivante : accorder le participe passé avec le complément d'objet direct quand ce complément est placé avant l'auxiliaire avoir. Exemple: "Les crêpes que j’ai mangées". Mais si le complément suit le participe, il reste invariable: "J’ai mangé les crêpes".


"C'est comme ça, c'est la règle" 

La Fédération Wallonie-Bruxelles, en tout cas son conseil de la langue française et de la politique linguistique, voudrait, tout comme ces deux professeurs, que l'accord avec l'auxiliaire avoir ne se fasse plus, dans aucun cas, et voudrait donc instaurer l'invariabilité, car les enfants se demandent souvent pourquoi accorder avant et pas après...

Difficile d'avoir la réponse à la question : "C'est comme ça, c'est la règle", est souvent la réponse donnée. On désire donc plutôt consacrer du temps à d'autres apprentissages et non plus à le passer à faire retenir des règles arbitraires.

Voici donc la nouvelle règle qui pourrait alors naître : le participe passé, avec l’auxiliaire être, s’accorde comme un adjectif (c’est-à-dire avec le mot auquel il se rapporte). Avec l’auxiliaire avoir, il ne s’accorde pas: "Les crêpes que j'ai mangé".


"Pas simplifier, mais améliorer les règles de grammaire"

L’un des deux professeurs à l'origine de la médiatisation récente de cette question est Arnaud Houd. Il était en direct sur Bel RTL ce matin. Il explique : "Il faut d’abord souligner d’emblée que ce n’est pas une proposition qui est de nous, mais bien du conseil international de la langue française, et qui a déjà été soulignée il y a plus de trois ans. La chose qui nous pousse à ce genre de proposition, c’est qu’elle est grammaticalement correcte. Il faut bien comprendre que nous, nous ne sommes pas pour simplifier, comme on le dit un peu partout dans les journaux, mais pour améliorer les règles de grammaire. On a souvent tendance à croire que tout se vaut dans l’orthographe, que tout a la même valeur, or, quand on étudie la langue en profondeur, notamment en linguistique, on sait que certaines formes ont moins de valeur que d’autres, et notamment la règle du participe passé".


"Consacrer du temps scolaire à des choses qui ont de la valeur sémantique"

Il faudrait donc supprimer cet accord du participe passé avec le COD: "L’idée, c’est de rendre le participe passé avec l’auxiliaire avoir invariable, parce qu’il faut savoir qu’au Moyen-Âge et au XVIe siècle, quand Clément Marot importe cette règle et la popularise, il y a déjà dans l’usage une tendance à l’invariabilité et cette tendance a augmenté. Vous pouvez tendre l’oreille à gauche et à droite, même chez des gens très prestigieux, l’accord du participe passé avec avoir ne se fait plus à l’oral ou de moins en moins et il faut se rendre compte que quand on parle de cette fameuse règle avec le COD qui précède, ce n’est pas la seule règle qui pose problème, car elle entraîne, à sa suite, toute une série d’exceptions avec en, avec les infinitifs, avec valoir, coûter… Nous, on est pour l’allègement des 22 pages d’exception du bon usage, parce qu’on voudrait consacrer du temps scolaire à des choses qui ont de la valeur sémantique, comme apprendre à lire, à écrire, apprendre à mieux parler, à faire toutes des choses qui sont aujourd'hui beaucoup plus valides. Surtout, on a l’appui de la totalité de la communauté scientifique et linguistique".

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