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La RTBF réclame plus d'argent public et une nouvelle aide d'Etat: une concurrence déloyale selon RTL Belgique

La direction de RTL Belgium a fait part vendredi de sa "stupéfaction" face aux revendications affichées par la RTBF en vue de son prochain contrat de gestion. La chaîne privée dénonce plus particulièrement la demande de l'entreprise publique de bénéficier d'un mécanisme de compensation financière pour faire face à l'arrivée récente de la chaîne française TF1 sur le marché publicitaire belge.

Au terme d’une semaine qui aura été marquée par une profonde tristesse liée au départ de 88 collaborateurs, le volet social du plan de transformation de RTL Belgium se termine. La vive émotion partagée par l’ensemble des membres du personnel et de la direction tout au long de ces 4 derniers jours demeurera le reflet de ce qui constitue le tournant le plus difficile de l’histoire de RTL en Belgique.

L'entreprise privée doit faire face aux enjeux locaux et internationaux: l’ouverture des écrans publicitaires de TF1 aux annonceurs belges, la maturité du marché publicitaire en TV, la montée en puissance de Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix sur le marché audiovisuel en ligne, les nouveaux modes de consommation du public, l’accroissement des investissements dans les programmes locaux ainsi que la multiplication des aides publiques pour la RTBF. 

La RTBF revendique une série de nouveaux avantages

C’est dans ce contexte que la direction de RTL Belgium apprend ce jour qu’au moment où elle traverse un plan de restructuration sans précédent, la RTBF pour sa part revendique une série de nouveaux avantages dont elle bénéficierait au travers de son contrat de gestion (cf. L’Echo de ce jour). Il en irait ainsi d’une augmentation de 2% par an de la dotation annuelle, de l’abandon du recentrage de l’opérateur public sur ses missions de service public ainsi que du cadeau d’une 6ème station radio et d’une 4ème chaîne de télévision. Plus encore, en guise d’apothéose, la RTBF bénéficierait d’une nouvelle aide d’état spécifique pour compenser l’arrivée de TF1 sur le marché belge.


Voici l'analyse de RTL Belgique sur cette demande de la RTBF:

1. Le mode de calcul préconisé pour définir le montant de cette compensation pose éminemment question. La différence entre les recettes publicitaires TV actuelles ou futures et celles de la période 2015-2017 ne sera pas le seul fait de l’arrivée de TF1. L’affaissement des investissements publicitaires en TV est constaté pour l’ensemble du marché et ce, depuis plusieurs années. En outre, comme indiqué au Parlement de la Communauté française, les pratiques commerciales de la RMB comptent pour beaucoup dans la baisse des revenus publicitaires de la RTBF.

2. Plus globalement, il est stupéfiant de constater que l’opérateur public subventionné à hauteur de 240 millions d’euros par an serait prêt à mettre à mal le fragile équilibre sur lequel repose le marché audiovisuel en Fédération Wallonie-Bruxelles et ce, alors que le seul acteur privé actif en termes d’emplois locaux est tenu de faire face seul à cette nouvelle configuration du marché publicitaire. Avec les conséquences sociales dramatiques que l’on sait pour RTL Belgium.

3. Si cette revendication de la RTBF devait être rencontrée, cela reviendrait à couvrir littéralement une perte de revenus liée aux activités opérationnelles du service public et œuvrerait à la concurrence déloyale entre acteurs du secteur, avec tous les risques, y compris judiciaires, qu’impliquerait un tel précédent.

Au vu de ce qui précède, la direction de RTL Belgium demande au Gouvernement de la Communauté française de faire preuve de la plus grande vigilance et d'opter soit pour le rejet pur et simple de ce projet de compensation au profit de la RTBF, soit pour son extension à l’acteur du secteur dont l'activité et les emplois sont impactés par l’ouverture des écrans publicitaires de TF1 aux annonceurs belges.

Alors que RTL Belgium traverse les heures les plus difficiles de son histoire, elle entend tout mettre en œuvre tant au sein de l'entreprise elle-même que sur le marché sur lequel elle évolue, pour préserver le modèle de média généraliste qu’elle est depuis plus de 30 ans.

En adoptant les dispositions revendiquées par l'opérateur public, les représentants politiques contribueraient directement à affaiblir l'acteur audiovisuel privé de la Communauté française qui se remet à peine des 88 licenciements prononcés cette semaine. Les représentants politiques se doivent aussi de comprendre qu’il n’en va pas seulement de l’équilibre fragile d’un secteur économique mais d’un véritable choix de société : ils se doivent de choisir entre un monopole de fait de l’opérateur public ou le maintien d'un pluralisme de l’offre audiovisuelle.

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