Accueil Actu

La voiture HYBRIDE continue sa forte croissance en Belgique: "Ça nous a vraiment étonnés, mais elle représente un quart de nos ventes en 2020"

Le nombre de modèles se multiplie, les batteries s'améliorent, la fiscalité est encourageante: la voiture hybride a tout pour s'imposer dans les prochaines années. On en a discuté avec quelques acteurs du monde de l'automobile belge.

Depuis quelques années, on parle beaucoup de la voiture électrique. Poussés par le succès et l'audace de Tesla, tous les constructeurs investissent des sommes considérables pour ne pas rater le train en marche.

Mais ces voitures sans moteur thermique restent rares en Belgique. Chères, elles manquent encore d'un réseau de recharge rapide digne de ce nom sur notre territoire, obligeant généralement les propriétaires à la charger tous les soirs à la maison ou au bureau - pour autant que ces deux options existent.

Les chiffres le prouvent: en 2019, les nouvelles immatriculations de voitures électriques ne représentent que… 0,3% (18.523) du total. Passées pour la première fois sous la limite symbolique des 50%, les voitures diesel restent en tête du podium (49,2%, 2.8 millions), devant les modèles essence (47,7%, 2.7 millions).

Sur le plan de la progression, la grande gagnante est la voiture hybride: il s'en est vendu un quart de plus si on compare les 5 premiers mois de 2019 et les 5 premiers mois de 2020.

C'est quoi, une voiture hybride ?

Avant d'entrer dans le détail, un peu de théorie. Qu'est-ce qu'une voiture hybride ? Il s'agit de voitures "normales" équipées d'un moteur à essence (parfois diesel, mais c'est rare) et de toute la lourde mécanique qui va avec (y compris le réservoir, forcément). Mais ces hybrides ont également un moteur électrique, fonctionnant grâce à une batterie de taille variable. Celles-ci s'améliorant au fil des ans - encombrement, poids, performance - il n'est pas rare de trouver des hybrides (rechargeables, voir plus bas) capables de rouler 80 km en full électrique.

Le but du jeu est d'utiliser au mieux les capacités de ces deux modes de propulsion. Typiquement: dans les embouteillages, lors d'une manœuvre ou à très faible vitesse, c'est le moteur électrique qui fait avancer la voiture. Sur autoroute ou lors d'une franche accélération, le moteur thermique prend le relais.

Grâce à cela, on fait baisser la consommation moyenne: pour faire simple: d'environ 6L au 100 km pour une voiture essence, une hybride passe à environ 4L au 100 km. Autre avantage: on évite de polluer lors des manœuvres, au feu rouge, en ville dans les embouteillages, etc. Pour aller plus loin, BMW a récemment programmé l'activation du full électrique dès qu'un de ses véhicules hybrides rentrent dans une zone 'basse émission' (Bruxelles, Mons, Liège, etc... voir les détails).

A noter qu'il existe deux types de voitures hybrides: les non rechargeables et les rechargeables (plug-in hybrides).

- Les premières n'ont pas une très grosse batterie et ne se rechargent qu'avec l'énergie récupérée lors des décélérations ou des freinages.

- Les deuxièmes ont plus de puissance et d'autonomie électrique disponibles, mais leurs batteries ont besoin d'un coup de pouce régulier pour être véritablement utiles, donc d'un branchement à une prise de courant (à la maison) ou une borne de recharge (au bureau, dans une station, etc) :


 La différence entre une hybride et une plug-in hybride: la recharge "manuelle" (©BELGA)

+23% en un an, malgré la crise !

"Les chiffres (de vente des voitures hybrides) augmentent proportionnellement à l'offre, qui ne cesse de s'étendre", nous a expliqué Christophe Dubon, du service de communication de la Febiac, la Fédération belge de l'industrie de l'automobile et du cycle.

Et ces chiffres sont excellents. Ils ont pratiquement augmenté d'un quart sur une année, alors que la crise du coronavirus a largement freiné les commandes et les livraisons. Dans les détails:

Sur les 5 premiers mois de 2019, il s'était vendu 11.660 voitures hybrides (tous types confondus). Sur les 5 premiers mois de 2020, ce chiffre est passé à 14.352, soit une augmentation d'un peu plus de 23%. Les hybrides représentent actuellement 8,5% des ventes de voitures neuves en Belgique, contre 4,4% il y a un an: leur part de marché a donc presque doublé, elle. 

Selon les derniers chiffres de la Febiac, l'hybride avec système de recharge (plug-in) plait majoritairement aux entreprises et aux indépendants (presque 90% !), tandis que l'hybride basique se répartit équitablement entre particuliers et professionnel (50-50). Kia le confirme: "Nous proposons aujourd’hui 5 modèles 100% déductibles fiscalement, et c’est un atout considérable. L’année passée (grâce à la nouvelle fiscalité, NDLR), nos ventes ‘fleet’ (à destination des entreprises) ont augmenté de 30%". On remarque d'ailleurs dans les chiffres les plus récents que le plug-in hybrides (6.800 ventes en 5 mois, c'est presque x 2 en un an) a pratiquement rejoint l'hybride (7.600, c'est stable). 

Au niveau des voitures hybrides les plus vendues en ce début d'année, la technologie de Toyota, pionnier, est largement plébiscitée, comme le montrent ces chiffres qui couvrent uniquement les 5 premiers mois de 2020 (5299 pour Toyota, 2394 pour le groupe BMW):


©FEBIAC

"Depuis le lancement de la toute première Prius en 1997 nous avons vendu plus de 15 millions d’hybrides dans le monde. Et depuis 2010 le marché des hybrides est en croissance constante. Chez Toyota presque 70% de nos ventes sont des véhicules hybrides ! Chez Lexus nous atteignons même un taux de 99.9% !", nous a confirmé Stephan Lesuisse, porte-parole de Toyota Belgique. 

 

Oui, on peut vraiment parler d'un boost

Chez certains constructeurs, "ça a doublé" en un an

Nous avons contacté quelques constructeurs, et ils confirment l'engouement des particuliers et des entreprises pour l'hybride. "Oui, on peut vraiment parler d'un 'boost' en 2020", selon Marc Coopmans, de Kia.

"En 2019, les hybrides représentaient seulement 6% des ventes totales, depuis lors ce chiffre a doublé. Ce sont surtout les hybrides rechargeables qui ont contribué à cette forte hausse. Aujourd'hui, 14,5% des ventes totales de Kia sont des véhicules électrifiés", donc principalement des hybrides.

BMW, dont on connait le succès au niveau des voitures de société, a multiplié les versions hybrides de ces véhicules depuis 2013 et le lancement de l'i3. "On a une dizaine de modèles hybrides, et ça va passer à 15 dans les années à venir", explique Jeroen Lissens, responsable communication de la marque allemande. "Ça nous a vraiment étonnés, mais on estime qu'en 2020, environ 25% de nos ventes seront des hybrides. Par rapport à 2019, c'est une augmentation de plus ou moins 30%".

Pourquoi un tel succès ?

Les raisons de ce succès seraient, d'après la Febiac, liées à l'offre. "A la base en Belgique, les hybrides étaient des gros SUV, des grosses berlines. Aujourd'hui, il y a toutes les tailles de véhicules. Donc plus d'offre, ça entraîne des prix à la baisse, et davantage de visibilité. Grâce à tout ça, l'automobiliste se rend compte que l'hybride existe, qu'il est fiable: la défiance lors de l'arrivée sur le marché a disparu. On considère que l'hybride est la porte d'entrée vers le véhicule électrique".

Du côté de LeasePlan, société de leasing active en Belgique, on évoque également la déductibilité fiscale avantageuse pour les entreprises qui proposent une hybride à leur employé. "C'est plus intéressant aujourd'hui. Il y a l'avantage au niveau de l'ATN (Avantage Toute Nature) pour le conducteur, tout d'abord. Puis il y a la déductibilité fiscale, qui est plus élevée que pour les diesel et essence. Là, les calculs dépendent des rejets de CO2, et on peut aller jusqu'à une déductibilité de 100%". En réalité, la fiscalité automobile évolue beaucoup et progressivement depuis 2018, mais en 2020 elle a atteint son stade ultime (voir les détails sur le site de LeasePlan) qui, espérons-le pour la bonne lisibilité des mesures, durera quelques années. Cette "stabilité" nouvelle explique peut-être aussi la confiance des professionnels (et les motivations des employés pour payer moins d'ATN, qui correspond à une retenue sur salaire mensuelle).

Pour BMW, la raison est aussi pratique: "L'hybride est surtout un bon compromis: il y a les avantages du 100% électrique (petits trajets quotidiens, en ville), et d'un moteur thermique (pour aller en vacances dans sud de l'Europe)".

Précisons que les performances des batteries jouent aussi un rôle dans ce succès, permettant aux plug-in hybrides (si on les recharge soi-même régulièrement) d'atteindre au moins 50 km d'autonomie électrique. Au quotidien, ça peut presque suffire à aller travailler sans consommer une goutte de carburant…


 Comparaison entre les 5 premiers mois de 2019 et 2020 (©FEBIAC)

Cela va-t-il durer ?

On sait que le succès des hybrides au niveau des professionnels est en grande partie lié à la déductibilité fiscale des véhicules, donc en cas de changement (mais la législation est récente et ne devrait pas être modifiée rapidement, a priori), les chiffres pourraient baisser.

Mais d'après nos interlocuteurs, ça n'empêchera pas l'hybride de grandir, pas plus que l'arrivée de nombreux modèles 100% électriques. "La voiture hybrides a du sens, car elle permet de passer à une certaine forme d'électromobilité. Il y a encore une majorité de Belges aujourd'hui qui restent réticents à acquérir une voiture 100% électrique", ajoute Christophe Dubon, de la Febiac.

"Tout dépendra du développement d'un réseau de stations de recharge. S'il devient possible de charger sa voiture un peu partout, comme c'est déjà le cas au Pays-Bas, ou si l'offre augmente", les voitures 100% électriques pourraient concurrencer davantage les hybrides, selon Bart Claes, de LeasePlan.

Pour BMW, le succès de l'hybride n'est pas prêt de baisser. "La grande majorité de nos modèles ont une version hybride, à côté de l'essence, du diesel, et parfois du 100% électrique voire même prochainement un test avec l'hydrogène. C'est ce qu'on appelle le 'power of choice', et l'hybride, bon compromis, devrait le rester pendant 20-25 ans", conclut Jeroen Lissens.

Même sentiment chez Toyota: "Nous estimons que l’hybride restera un élément essentiel de notre stratégie du futur, un ensemble de véhicules électrifiés mais pas le seul ! Notre vision du futur ne comporte pas un seul scénario du 'tout électrique' ou du 'tout hybride'. Pour concrétiser cette vision en Europe, Toyota prévoit de lancer 40 véhicules électrifiés, nouveaux ou mis à jour d'ici 2025, toutes technologies confondues, dont au moins 10 véhicules électriques".

À lire aussi

Sélectionné pour vous