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Laurie a été la cible de son beau-père pédophile quand elle avait six ans: elle confie sa terrible histoire et comment elle l'a surmontée

Comment faire pour se reconstruire après avoir subi des actes de pédophilie traumatisants? Nous avons rencontré une jeune femme courageuse, ancienne victime d'un pédophile. Laurie, 26 ans, a été abusée par son beau-père alors qu'elle avait entre 6 et 8 ans. Aujourd'hui, celle qui est devenue infirmière a accepté de raconter son histoire, à visage découvert.

Alors que Laurie a six ans, sa mère divorcée propose à son nouveau compagnon de s'installer chez elle. "Donc mon beau-père entre dans ma vie. Donc il s'est mis avec ma maman. Puis il a commencé à me manipuler pour pouvoir profiter de moi. Au début il était très attachant, très câlin. Il montrait une grosse importance pour moi. Franchement je me sentais bien. C'est ce que je recherchais, ce que mon papa ne me donnait pas", confie aujourd'hui Laurie, 26 ans.

Et puis tout a basculé. "Ce qu'il se passe, c'est qu'il a commencé à proposer de me garder. Puis il a commencé par des petites choses. Me faire comprendre que c'était normal ce qu'on faisait. Que c'étaient juste que les autres ne pouvaient pas comprendre. Que c'était un sujet tabou", explique la jeune femme.

Nous demandons à Laurie quelles étais ces "petites choses". "Des petites caresses, des petits bisous, et puis ça a été au niveau plus intime. Il y a eu tous les préliminaires et il a essayé de passer à l'acte sexuel mais n'a pas réussi. Parce qu'à la différence d'un viol où on ne demande pas à la personne ce qu' elle ressent, ce qu'elle en pense… le pédophile lui il le fait comme on dirait 'par amour'. Et moi au moment où j'avais mal ou que je me sentais pas bien, que c'était pas… Il arrêtait", précise Laurie.

Avec la manipulation, il faisait en sorte que je le fasse de bonne volonté

Alors que notre témoin a, rappelons-le, seulement six ans, les abus deviennent réguliers. "Plusieurs fois par semaine. Il me gardait assez souvent et je dormais chez lui, forcément c'était régulier. En tout cas, toutes les fois où j'allais chez lui, je savais que j'allais en avoir", confie Laurie. "Pour moi il me montrait de l'amour, de l'attention et tout ça, pour moi c'était une bonne chose. Maintenant, ces choses-là, c'est un peu comme une corvée. On n'a pas envie de les faire. Avec la manipulation, il faisait en sorte que je le fasse de bonne volonté".

Dans l'environnement familial, Laurie n'est pas la seule victime. "Moi je suis impliquée, et le fils de mon beau-père aussi. Il est un an plus jeune que moi. C'était quelqu'un qui ne savait pas tenir sa langue, heureusement. Donc il a commencé à faire courir des bruits, jusqu'au moment où ça a volé en éclats. Où ça s'est découvert", nous raconte notre témoin.

Au début, ma famille avait un peu du mal à y croire

Après avoir été manipulée et abusée par son beau-père, la petite Laurie doit alors faire face à l'incompréhension de ses proches. "Au début, ma famille avait un peu du mal à y croire. Au moment où il s'est fait arrêter, moi je suis restée une semaine repliée sur moi-même. Et là ils se sont dit il y a quelque chose effectivement qui n'était pas normal", indique-t-elle aujourd'hui.

De ses 8 à 18 ans, Laurie a été suivie par un psychologue. "Puis j'ai décidé de prendre par moi-même, apprendre par moi-même, parce que c'est ça le but de la vie, se débrouiller seul. Aujourd'hui, je me sens plus forte que jamais, ça c'est sûr", dit-elle maintenant avec le sourire.

Aujourd'hui, son bourreau vit à proximité

Malgré tout, l'ombre du pédophile qui l'a abusée plane toujours, car ce beau-père ne se trouve pas très loin. "Pas loin du tout. Je pense qu'il y a peut-être maximum de trois à cinq kilomètres qui nous séparent", explique Laurie.

Son bourreau, elle l'a déjà croisé en pleine rue. "Je l'ai déjà croisé deux fois oui. Une fois en voiture et une fois en vélo. Quand je suis passée en vélo il était de dos, donc je ne l'ai pas reconnu. J'ai eu l'habitude d'être polie et de dire bonjour, et quand il s'est retourné, là j'ai senti mon cœur palpiter, j'ai cru qu'il allait sortir de mon corps. J'ai pédalé le plus vite possible. Je n'ai jamais pédalé aussi vite de ma vie", décrit courageusement la jeune femme.

Témoigner pour ouvrir les yeux et donner de l'espoir

Si elle a décidé de se confier publiquement, c'est parce que Laurie veut ouvrir les yeux à la société. "Je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup d'histoires similaires à la mienne. Voire même des fois pire. Donc je trouve ça utile d'en parler parce que les gens, comme je disais, vivent dans le secret. Beaucoup dans le secret. Ce n'est même plus la discrétion, c'est le secret total".

"Au travail, ils vont peut-être regarder… ils ne sont pas au courant au travail. Je crois que j'en ai parlé à une personne. Je pense qu'elle a été un peu surprise. Mais maintenant, au jour d'aujourd'hui, ça m'est égal. Si tout le monde entier le sait… Je veux que les gens qui ont vécu une histoire similaire se disent: 'Je peux m' en sortir et je peux aller de l'avant'. Il y en a beaucoup qui vivent dans la dépression et qui font des tentatives de suicide aussi. Moi je veux éviter ça. Moi aussi j'ai eu ma période de dépression. Je ne mangeais plus, je ne faisais plus rien, je ne faisais que pleurer et j'avais un mal-être de tout. Mon histoire et tout le reste. Donc je veux montrer qu'on peut y arriver", nous explique Laurie.

Plus les années passent, plus on est heureux

Après de tels moments de souffrance, Laurie accepte-t-elle que quelqu'un lui dise qu'il l'aime? "Oui, tant que ce n'est pas lui. Ou un inconnu, ça me paraîtrait bizarre", répond-elle. "Maintenant si mes proches me disent qu'ils m'aiment, je l'entends".

Laurie est désormais une jeune femme qui est accompagnée dans la vie. "Avec mon compagnon, au début on se connaissait pas du tout. Je me disais: 'Dans quoi je m'embarque'. Et puis au final ça se passe très bien. Plus les années passent, plus on est heureux. Et je me sens vraiment bien. Je remarque qu'il me dit 'Je t'aime', mais il me le montre aussi. Et il me le montre d'une bonne manière. Et je le crois à 100%", confie Laurie.

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