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Le mythe de la "camionnette blanche" crée encore une véritable psychose: y a-t-il réellement une vague de tentatives d'enlèvements d'enfants?

150 tentatives d’enlèvements de mineurs signalées à la police en 2016. Mais au final très peu de faits avérés. Dans ce domaine, la police doit faire face à une véritable psychose. Le mythe de la camionnette blanche revient très régulièrement dans les parquets fédéraux. Un reportage de Frédéric Moray pour Bel RTL.

Depuis plusieurs semaines des avis de tentatives d'enlèvements d'enfants sont partagés sur les réseaux sociaux. Il donne un sentiment que ces faits sont en augmentation. Ce qui est faux. La police ne dispose pas encore de chiffres pour l'année 2017, mais la tendance serait stationnaire. En 2016, la police fédérale a totalisé 149 plaintes pour tentatives d'enlèvement (non parentaux) sur des mineurs ou personnes vulnérables dans notre pays. Des plaintes qui ont rarement débouché sur des poursuites judiciaires. La plupart des enlèvements se passent dans les milieux criminels et au sein des populations nomades où de jeunes filles sont enlevées pour être mariées de forces.


Le mythe de la "camionnette blanche"

Les autorités constatent que ces plaintes arrivent par vagues et que la "camionnette blanche" continue à faire peur et alimente les rumeurs. Ces autorités regrettent que des faits non avérés soient de plus en plus souvent relayés sur les réseaux sociaux, entretenant la "psychose" et compliquent la tâche des autorités policières et judiciaires.

"N'importe quel jeune qui aujourd'hui est accosté par une personne en camionnette peut craindre d'être victime d'une tentative d'enlèvement alors qu'il s'agit d'un chauffeur qui est de bonne foi. ces dossiers judiciaires n'ont, à ce jour, pour les années 2015, 2016 et 2017, jamais abouti à des poursuites judiciaires à l'égard d'un réel ravisseur", a rappelé Vincent Macq, Procureur du Roi de Namur.

Cela a pour conséquence un risque que ces plaintes soient moins prises au sérieux. "Si on a énormément de fausses déclarations, les policiers de terrain auront peut-être un peu tendance à prendre moins sérieusement les déclarations qui pourraient être vraies", a relevé Frédérique Dejardin, commissaire à la police fédérale à la Direction judiciaire des opérations.

"Ces dossiers-là sont devenus très compliqués car plus on en parle plus on a le sentiment qu'il y en a", a renchéri le Procureur du Roi de Namur.


"Chaque plainte est prise au sérieux"

Vincent Macq explique que chaque plainte est prise au sérieux par la police. "J'ai le sentiment où j'ai été victime d'une tentative d'enlèvement, il est indispensable qu'au niveau de la police et de la justice, on prenne cela au sérieux même si il est parfois difficile d'aboutir à des résultats concluants", a expliqué le Procureur du Roi de Namur, au micro de Frédéric Moray pour Bel RTL.

"Ce sont plutôt des déclarations de jeunes enfants où d'adolescents qui, parfois malheureusement, donnent cette version des faits pour expliquer une absence ou de mauvais résultats", a détaillé Frédérique Dejardin, commissaire à la police fédérale à la Direction judiciaire des opérations.

"Ce sont des allégations sincères ou des mensonges qui n'entraînent, jusqu'à présent pas de poursuites judiciaires mais il y a un risque. "Pour les civilement responsables, si il y a des enquêtes coûteuses qui se mettent en place, il pourrait théoriquement être envisagé qu'une indemnisation soit demandée par une police locale qui a mis en œuvre des moyens important à un moment donné", a ajouté Vincent Macq, Procureur du Roi de Namur.


Un personnel formé pour auditionner les enfants

Les enfants sont auditionnés en présence de psychologue et du personnel formé spécifiquement à l'écoute de mineurs. "Quand on a de jeunes enfants, ils sont auditionnés de façon spécifique avec du personnel formé spécialement pour ça. C'est aussi filmé. Sur base des éléments qui sont exploitables dans la déclaration des enfants, il y a différentes recherches qui sont faites par exemple voir quels sont les numéros de plaque qui ont été vus et les identifier, voir si il y a des caméras dans les environs des lieux de la tentative d'enlèvement et quand on a plusieurs cas dans la même région, on regroupe cela au niveau fédéral et on essaie de voir si on a des éléments qui sont semblables et qui reviennent dans les différents dossiers", a précisé Frédérique Dejardin.

La police rappelle que tout propriétaire de camionnette blanche qui s'arrête pour demander son chemin n'est pas potentiellement suspect. Avant de partager un signalement suspect sur les réseaux sociaux, il vaut mieux se rendre sur le site de la police fédérale où tous les avis de recherche crédibles sont régulièrement mis à jour.

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