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Le pouvoir d’achat des Belges a-t-il augmenté ces dernières années? "De manière incontestable"

Hier sur RTL-TVI, le député MR Richard Miller expliquait que le pouvoir d’achat des Belges avait augmenté, ce qui contredisait l’idée véhiculée par les gilets jaunes. RTL Info a voulu démêler le vrai du faux.

Bruno Wattenbergh, expert en économie, était invité sur le plateau du RTL Info 13h pour y voir plus clair.

Olivier Schoonejans : le pouvoir d'achat des Belges a-t-il augmenté ces dernières années ?

Bruno Wattenbergh : "Oui, de manière incontestable. Si on regarde les statistiques, le coût de la vie a augmenté de près de 40% entre 2000 et 2017. Mais si on regarde les chiffres, le pouvoir d’achat a augmenté plus vite que l’augmentation du coût de la vie. Pourquoi ? Trois facteurs peuvent expliquer cette compensation plus forte. Le premier, c’est notre fameuse indexation automatique des salaires. Elle a parfaitement joué son rôle. Le deuxième, pour les plus petits salaires, c’est l’allocation bien-être, la fameuse enveloppe bien-être. La troisième, c’est le tax-shift, qui a vraiment pu booster le salaire poche. Toute la nuance se trouve justement dans ce mot "moyen". Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne."

O.S. : Qui a gagné en pouvoir d'achat et qui a perdu ?

B.W. : "Parlons d’abord des Belges les plus pauvres. Les études indiquent que les Belges les plus pauvres ont vu leur coût de la vie augmenter plus fort que les Belges des classes moyennes ou les Belges les plus riches. Mais les mécanismes d’intervention qui existent ont été plus importants pour eux que pour le reste de la population. Deuxième catégorie de Belges, imaginons un retraité qui a un carnet d’épargne, un peu de biens immobiliers. C’est probablement celui qui a le plus perdu à cause de la faiblesse des taux d’intérêt. Troisième catégorie, le Belge qui avait un portefeuille boursier. C’est celui qui, ces dernières années, a vu l’augmentation de son niveau de vie la plus forte par rapport aux deux autres catégories."

O.S. : Vous comprenez que c'est difficile à entendre pour beaucoup de citoyens, notamment ceux qui ont des faibles revenus...

B.W. : "C’est vrai, mais quand on est malade, on ne peut pas blâmer le thermomètre. Le thermomètre, dans ce cas-ci, ce sont les statistiques. On peut peut-être se poser la question de la manière dont on collecte ces statistiques. Par exemple, on constate des évolutions dans les modes de consommation et on constate aussi que pour les plus pauvres, le volet logement, alimentation et énergie représente plus que pour vous ou pour moi. Probablement qu’il faudrait faire évoluer ces modes de calculs en tenant mieux compte ce type de dépenses pour les plus démunis. L’autre élément, c’est que si vous prenez aujourd’hui en compte l’évolution sociologique qui sont les couples monoparentaux, souvent des femmes, avec enfants, on constate que ces personnes se retrouvent à la limite, si pas en-dessous, du niveau de pauvreté, même si elles travaillent. Il faut continuer à adapter les mécanismes de solidarité, continuer à défendre une sécurité sociale qui a extrêmement bien amorti le choc de la crise économique et financière. Les chiffres sont là pour le démontrer."

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