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Les micro-plastiques ne seront plus utilisés dans les cosmétiques belges: un accord trop limité pour les associations environnementales

Dentifrices, savons ou cosmétiques… on les retrouve dans de très nombreux produits. Les microbilles de plastiques ne seront plus utilisées chez nous dès la fin 2019. Un engagement des industriels et une bonne nouvelle pour les océans, même si ces microbilles ne représentent que 2% des déchets plastiques déversés dans les océans. Des associations environnementales critiquent cependant un accord jugé "trop limité".

Voici la source de ces fameuses microbilles: on les retrouve surtout dans les gommages exfoliants et les dentifrices qui garantissent des dents plus blanches. Une fois rincés, ils commencent un long voyage. Ces produits ne sont pas retenus par les stations d’épuration, et ils se retrouvent dans nos océans. C’est là qu’ils intègrent la chaine alimentaire. Ces billes de plastiques finissent dans les estomacs des poissons, puis dans nos assiettes.

"Ces micro-plastiques ont la propriété de pouvoir coller à leur surface et d'absorber les polluants. Parmi les polluants qu'on a dans le milieu marin, il y a notamment les perturbateurs endocriniens", indique Jérôme Mallefet, professeur de biologie marine à l'UCL.


Remplaçable par des débris de sel, de sable ou de noyaux de fruits

Cet après-midi, le gouvernement fédéral et les représentants du secteur cosmétique en Belgique ont signé un accord. Il prévoit la disparition totale des microbilles de plastiques avant la fin de 2019. "On peut les remplacer par des débris de sel finement ciselés, des débris de sable, mais surtout des débris de noyaux de fruits", précise Françoise Van Tiggelen, secrétaire générale de l'association des producteurs et distributeurs de cosmétiques.


Sur certaines plages, plus d'un grain de sable sur 10 est en fait un résidu de plastiques

Chaque année, nous rejetons entre 8 et 10 millions de tonnes de déchets plastique dans les océans. Ces microbilles issues des cosmétiques représentent une infime partie de cette pollution. "Il faut bien commencer quelque part, et donc nous avons commencé par les micro-plastiques", commente Marie-Christine Marghem, ministre de l'Energie, de l'Environnement et du Développement durable.

"Ces microbilles, actuellement le chiffre précis… on hésite entre 1% et 4%. Prenons 2%, la moyenne. Faites le calcul: on déverse encore 200.000 tonnes de microbilles de plastique dans nos océans chaque année", ajoute Jérôme Mallefet. Soit le poids d’environs 400 Airbus A380 remplis.

Aujourd’hui, sur certaines plages, plus d’un grain de sable sur 10 est en fait un résidu de plastiques.


Une goutte d'eau: les micro-plastiques dans les océans viennent surtout des vêtements synthétiques ou des pneus

Ce texte n'est qu'un début, a admis la ministre de l'Environnement. En effet, les micro-plastiques qui envahissent les océans proviennent surtout de la décomposition de produits plastiques comme les vêtements synthétiques, qui polluent l'eau à chaque lavage, ou les pneus. Au sujet de ces micro-plastiques dits secondaires (mais de loin premiers en volumes), Marie Christine Marghem a promis de travailler "avec les fédérations concernées, comme je l'ai fait avec Detic, l'association belgo-luxembourgeoise des producteurs et distributeurs de cosmétiques, détergents et produits d'entretien".


Un accord trop limité selon des associations

Pour les associations environnementales cependant, le temps presse et l'accord sectoriel signé ce mardi n'est "qu'une goutte d'eau dans l'océan". "Si on peut se réjouir de voir la Belgique embrayer sur ce dossier, la portée de cet accord est bien trop limitée et doit être relativisée", ont ainsi réagi IEW (Inter-Environnement Wallonie) et BBL (Bond Beter Leefmilieu), qui auraient préféré une législation contraignante à un accord volontaire. Seuls les membres de Detic sont concernés. De plus, les cosmétiques qui ne sont pas "à rincer" (lotions, crèmes, maquillage, etc.) et les autres produits, comme les détergents ou les produits d'entretien, ne sont pas visés.

Les plastiques liquides et les microbilles de plastique qui ne remplissent pas un objectif d'abrasion ou d'exfoliation, mais qui servent par exemple d'émulsifiants, ne sont pas non plus compris, avaient au surplus déjà dénoncé IEW, BBL ainsi que l'association belge de recherche et d'expertise des organisations de consommateurs et Test-Achats dans l'avis conjoint qu'ils avaient remis à la ministre en octobre dernier. L'accord laisse aux entreprises jusqu'à 2020 pour s'adapter, alors que des alternatives existent et que les microplastiques des cosmétiques à rincer sont interdits en France depuis le 1er janvier, s'étonnent encore les organisations environnementales.

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