Accueil Actu

Lutte contre la drogue à Liège: salles de shoot ou tolérance zéro?

Faut-il oui ou non poursuivre l'expérience des salles de shoot à Liège ? Le bourgmestre Willy Demeyer pense que oui. Mais la députée Catherine Fonck pense que non et que la lutte contre la drogue passe par la tolérance zéro. Une réponse un peu simpliste selon Vincent Peiffer dans sa chronique La Langue bien pendue sur Bel RTL.

Lundi, le sénateur-bourgmestre PS de Liège, Willy Demeyer, déposait deux propositions de loi visant à encadrer l’usager de drogues dures. La première concerne la légalisation des salles d’injection et la seconde concerne le traitement de substitution par la diacétylmorphine. Important: la proposition Demeyer est basée sur une expérience pilote menée pendant deux ans à Liège, et baptisée le Projet Tadam.

Mais lundi soir, la députée CDH Catherine Fonck traitait déjà l’initiative du sénateur liégeois de "totalement irresponsable, voire criminelle !". Je continue de la citer: "La drogue est un cancer de la société ! Un problème de santé publique ! Il faut lutter contre les trafics de drogue en prônant la tolérance zéro !" Un très beau numéro de Madame Catherine.

Sauf que, affirmer que la drogue est un cancer de la société ou un problème de santé publique, c’est un peu comme dire que l’eau ça mouille et que le feu – ouïe, ouïe, ouïe – ça brûle ! Quant à tolérance zéro sur le trafic de drogue, tout le monde a pu remarquer – sauf peut-être Madame Fonck – que c’était un leurre complet.

Bref, madame Catherine, j’aimerais vous informer que sept pays aussi  irresponsables et sosots que l’Allemagne ou la Suisse ont légalisé les salles de shoot, et que celles-ci ont fait leurs preuves. Parce que leur but n’est pas, comme vous le dites,  de "donner aux toxicomanes les moyens de consommer". Ca consiste d’abord à encadrer les héroïnomanes plutôt que de les laisser se shooter dans les rues. Ensuite, si vous aviez fait une petite visite au centre Tadam de Liège, vous auriez remarqué que cette expérience consistait aussi à orienter les toxicomanes profonds vers un  traitement de substitution à l’héroïne médicale, la diacétylmorphine.  Tous les experts scientifiques confirment que c’est un traitement efficace.

Attention ! Je ne dis pas que la proposition de Monsieur Demeyer est parfaite. Je n’en sais rien. Mais disons que ce serait peut-être bien d’en discuter, et aussi de s’informer avant de proférer des lapalissades. A moins, évidemment, que vous préfériez ne rien faire du tout, comme c’est le cas actuellement. Les toxicomanes n’ont que ce qu’ils méritent !

D’ailleurs, Madame Catherine, je peux comprendre qu’à six mois des élections, s’occuper des rebuts de la société, c’est électoralement beaucoup moins rentable que d’agiter le spectre d’une légalisation des drogues dures. Brrr ! Ça fait peur !
Mais je suis mauvaise langue ! Puisque vous avez une formation de médecin, je suis certain que vous fourmillez d’idées très pertinentes pour aider efficacement ces malades de la vie. Ce qui serait pas mal, ce serait de les exprimer… Pour moi, c’est quand vous voulez!

Vincent Peiffer

Retrouvez aussi la chronique 'Que du beau monde' de Vincent Peiffer dans le magazine Moustique.

À la une

Sélectionné pour vous