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Manifestation réprimée hier à Bruxelles: peut-on encore exprimer un avis contraire aux mesures?

Hier, tous les participants à la manifestation dans le centre de Bruxelles ont été arrêtés alors qu'ils étaient plutôt calmes et peu nombreux. C'est parce que la manifestation n'avait pas été autorisée. La question se pose aujourd'hui est de savoir pourquoi avoir interdit cette manifestation ? Peut-on encore exprimer et manifester un avis contraire aux mesures décidées par les autorités ?

C’est la question que pose Olivia Venet, la présidente de la Ligue des Droits Humains, après avoir vu ces enfilades de personnes entravées avec des colsons par la police et obligées de s’asseoir par terre les unes derrière les autres sans respect du mètre cinquante de distance sociale.

"Quand on voit des arrestations qui sont justifiées par le respect des mesures sanitaires mais qu’en réalité les conditions dans lesquelles les personnes sont arrêtées ne sont pas conformes à la crise sanitaire, on peut se demander quelle est l’intention de l’État : est-ce que c’est faire respecter les mesures sanitaires ou montrer la force de l’État ?"

D’ailleurs, ce n’est en effet pas parce que des personnes manifestent qu’on peut les arrêter. La liberté de manifester est d’ailleurs un droit consacré dans l’article 19 de notre constitution, qui dit que "la liberté de manifester ses opinions en toute matière sont garanties."

Une manifestation non autorisée à la demande de la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden

Mais hier, "la manifestation n’était pas autorisée, il y avait une demande de la ministre de l’Intérieur de ne pas l’autoriser, et donc on a fait respecter cela", rappelle le bourgmestre PS de la Ville de Bruxelles, Philippe Close.

Pour justifier des arrestations, il se retranche vers les mesures actuellement en vigueur pour lutter contre le coronavirus : une manifestation ne peut contenir que maximum 100 personnes actuellement. Et hier, ils étaient environ 500, dont 488 ont été arrêtés administrativement. "C’est ce que nous permet la loi aujourd’hui avec les arrestations administratives", explique-t-il.

La police obligée de ne pas jouer son rôle premier ?

Ces privations de libertés fondamentales au nom de la lutte contre le coronavirus étaient d’ailleurs la raison d’être de la manifestation, comme le rappelait une dame présente, qui était là "pour mes enfants. Je ne veux pas qu’ils grandissent dans une dictature où on vous dit ce qui est essentiel pour vous ou pas".

Pour Olivia Venet, les policiers n’ont pas joué leur rôle correctement hier : "Ceux qui manifestent pacifiquement doivent, comme tous les citoyens, être protégés par les forces de l’ordre. Donc s’il y a des personnes qui commettent des infractions, qui sont des casseurs, ce sont ces personnes-là qu’il faut viser."

Le bourgmestre de Bruxelles demande à la ministre des assouplissements

Même Philippe Close reconnait qu’il y a un problème aujourd’hui. Il demande à la ministre de l’Intérieur d’assouplir le cadre en cas de manifestation. "Je dois avouer qu’on doit trouver une cadre un peu plus large pour que les gens qui sont contre les mesures puissent aussi s’exprimer. C’est ça aussi la démocratie."

Philippe Close autorise aujourd’hui 3 à 4 rassemblements par semaine dans la capitale… au lieu de 3 à 4 par jour avant la crise sanitaire.

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