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Pierre Kompany: "Mes enfants m’applaudissent comme je le fais quand ils sont sur le terrain de foot"

Pierre Kompany, bourgmestre de Ganshoren et père de Vincent Kompany, vient de sortir un livre intitulé "Du Congo à Ganshoren, un destin incroyable". Il était l'invité du RTL INFO Avec Vous pour en parler.

Dans son livre intitulé "Du Congo à Ganshoren, un destin incroyable", Pierre Kompany parle de son parcours. Il a répondu aux questions d'Olivier Schoonejans concernant cet ouvrage.

Olivier Schoonejans: Tout au long du livre, il y a une valeur qui revient très souvent, celle de famille. Vous parlez de votre famille au Congo, votre papa, votre grand-mère, vos enfants. La famille, c'est ce qui reste après tout?

Pierre Kompany: "C'est vrai, vous l'avez bien dit. Je crois que la famille a une importance capitale dans l'existence même de l'être humain. Si on pouvait commencer par faire attention à ça, il y aurait moyen d'élargir notre vision sur la société. On ne peut pas dire qu'on aime la société si on n'aime pas ceux qui sont proches de soi. On doit partir de là."

O. S.: Vous racontez dans votre livre comment tout était organisé et minuté pour conduire vos enfants au sport. Cela commençait à 16h et se terminait à 22h. Vous avez laissé une partie de votre vie dans cette façon de vous consacrer à vos enfants?

P. K.: "Tout à fait. Je crois que quand j'ai la chance de parler aux plus jeunes qui commencent à avoir des enfants, je dis toujours: il y a le travail, mais il y a un moment qui appartient aux enfants dans votre existence, c'est-à-dire: après le travail, occupez-vous de vos enfants. L'école prend 8 heures aux enfants, vous n'êtes pas avec eux, ils vivent une autre société. Après, vous les avez pendant 3 ou 4 heures et ils vont dormir. Pendant ces heures, sachez occuper vos enfants et ils vous seront très proches."

O. S.: Vous dites cette phrase dans votre livre: "on apprend à connaître son enfant quand on le conduit au sport". Ce sont les moments où on ne parle pas beaucoup dans la voiture, cela reste des moments très intimes? Ça l'a été pour vous avec vos trois enfants?

P. K.: "Avec mes trois enfants, oui parce qu'après un match, c'est une autre façon de voir les choses. Pendant le match, ceux qui crient le plus, ce sont les parents. Nous sommes de vrais supporters. Je crois que quand tu vas à un match, il y a une autre concentration, quand tu vas à l'entrainement, il y a une autre concentration. A l'entrainement, l'enfant viendra te dire ce qui se passe. Quand vous vous entendez avec les enfants, ils vous diront tout, même ce qui se passe dans les vestiaires, et c'est très important pour les parents, pour éviter certaines bêtises."

O. S.: On vous parle très souvent de votre fils Vincent Kompany, la star des Diables Rouges. Ça fait quoi d'être "le père de…"?

P. K.: "Je crois que ce que j'ai osé dire à un moment, c'est qu'il ne faut pas qu'on empêche aux parents d'être les parents de leurs enfants. On court quasi vers ça. Ça, je le refuse. Et je me présente comme le père de. Et il n'est pas le seul, j'ai trois enfants, une fille et deux garçons."

O. S.: Christelle et François.

P. K.: "Voilà. Je suis le père de, oui. C'est pour ça que ce livre va révéler beaucoup de choses parce que c'est celui qui donne le chaînon manquant. Les gens me prennent juste à partir du sport en Belgique."

O. S.: Ganshoren, c'est une commune du Nord de Bruxelles. Vous en êtes le bourgmestre, le premier bourgmestre noir de Belgique. Vous en êtes fier?

P. K.: "Fier, je n'oserais pas le dire. Pour une fois, mes enfants m'applaudissent comme je les applaudis quand ils sont sur le terrain de foot. Pour moi, c'est un cheminement long et qu'il faut apprécier. Je l'apprécie à juste titre et je sais que c'est une grande ouverture dans les problèmes de diversité. Sinon, la Mongolie ne serait pas venue m'interviewer, le Japon ne serait pas venu dans mon bureau avec la télévision, je n'aurais pas eu la grande presse américaine, ainsi de suite."

O. S.: Vos fils rajoutent dans le message: il était temps. Vous êtes d'accord avec ça? Vous vous dites qu'en tant que personne d'origine africaine, vous avez dû vous battre plus que les autres pour y arriver?

P. K.: "Je crois qu'ils ont raison. Je crée la rupture, je dois l'accepter, je ne peux pas le refuser. Et ils ont raison de le dire. Je suis un exemple et eux seront aussi des exemples plus pratiques peut-être que moi, ils auront peut-être des moyens que je n'avais pas à leur âge ici."

O. S.: Les mentalités évoluent par rapport au racisme?

P. K.: "Je crois que les mentalités évoluent, mais attention. Il ne faut jamais se laisser endormir parce que ceux qui sont en désaccord avec la société peuvent parfois influencer inconsciemment et laisser dans le subconscient des gens quelque chose d'assez mal défini. Il faut qu'on arrive à enlever ça."

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