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"Nous sommes en souffrance. Nous sommes en danger." Julien (prénom d'emprunt) est un infirmier urgentiste. Il préfère rester anonyme. Depuis plusieurs dizaines d'années, il reçoit des personnes potentiellement dangereuses à l'hôpital. Pas de mesure de sécurité particulière. La police les dépose à l'entrée de l'établissement, sans aucune explication. "Dans les services d'urgence, niveau sécurité, nous sommes à la préhistoire. Nous ne savons pas à qui nous avons affaire."
Pour Julien, le personnel médical est souvent en danger sans le savoir. Il pointe d'ailleurs la responsabilité des différents ministres de la Santé dans le drame de Schaerbeek. "Il ne faut pas uniquement pointer le ministre de la Justice et de l'Intérieur. Je suis désolé, mais les ministres de la Santé ont une part de responsabilité également. Je me sens démuni. Un ras-le-bol face à l'agressivité croissante."
"Nous ne sommes pas étonnés."
Julien dit avoir été, à plusieurs reprises, victimes de violence dans sa carrière. En incapacité de travail, il a porté plainte sans jamais obtenir de suite. Pour lui, c'est tout le système qui est à revoir.
"Avec l'expérience, les mimiques de la personne, on se dit qu'il faut faire attention. Nous voyons des personnes partir soit parce qu'elles ont trop attendu, soit parce que l'assistant en psychiatrie a essayé de contacter le magistrat de garde et là ça prend un temps bête. Surtout les week-ends et les nuits."
Le récent décès de Thomas, 29 ans, également marqué le monde médical. Un policier a été tué, mais cela aurait pu être un médecin ou un infirmier. Cela arrivera un jour dans les services d'urgences, selon Julien. "Nous ne sommes pas étonnés."