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Médecine esthétique : comment bien choisir son praticien ?

Les traitements au botox ou encore à l'acide hyaluronique sont de plus en plus à la mode. Julie Frère, porte-parole de Test achats, vous éclaire sur les bonnes pratiques de chirurgie esthétique.

Test achats, association de consommateurs, a mené une enquête mystère auprès de 33 praticiens en Belgique, pouvez-vous nous en dire plus ?

On sait qu'avec l'âge la peau devient plus fine, moins élastique, on commence à avoir des rides. Pour certaines personnes, cela peut être un problème. Elles vont donc chercher une offre qui existe sur le marché : la toxine botulique ou le botox. C'est une tendance en évolution. Nous avons donc envoyé deux enquêtrices âgées de 45 et 50 ans pour se renseigner sur les avantages et les inconvénients, mais aussi sur la façon dont ça se déroule, les informations données, et surtout, le prix de ces injections.

Quels sont les résultats de cette enquête ?

Tous les prestataires de santé que nous avons consultés ont été clairs sur leurs tarifs, qui sont tout de même importants. Pour le botox sur une zone, nous sommes à minimum à 80 euros. Un prix qui monte jusqu'à 250 euros pour les plus coûteux. Pour d'autres produits de comblement, comptez entre 170 euros et 425 euros par zone. Dans les offres que nous avons reçues et qui comprenaient plusieurs zones, elles allaient de 230 à près de 1.700 euros. Ces prestataires ont été très clairs sur les produits utilisés, et sur leur effet temporaire.

Les effets secondaires sont-ils suffisamment expliqués ?

La plupart des praticiens ont cité un ou quelques effets secondaires fréquents. Mais environ la moitié d'entre eux n'ont donné aucune information orale sur les risques les plus graves. Pour le traitement au botox par exemple, il y a un effet secondaire appelé " Ptosis", qui consiste en un affaissement temporaire du sourcil ou de la paupière. Cela peut se produire jusqu'à 5% des patients. Cet effet n'a pas été mentionné par 11 des praticiens interrogés. Autres effets secondaires des produits de comblements, l'occlusion vasculaire, qui consiste en un blocage des vaisseaux sanguins. De nouveau, 14 des praticiens suggérant ce traitement n'en ont dit mot. C'est pourtant une obligation légale de leur part de mentionner ces effets secondaires. Enfin très peu de médecins se sont renseignés sur les antécédents médicaux des patientes, alors que dans certains cas, ces injonctions peuvent être contre-indiquées.

Un point interpellant de l'enquête : le titre de médecin esthétique n'est pas vraiment encadré.

Il faut savoir qu'en Belgique pour pouvoir injecter du botox ou des produits de remplissages, il faut être médecin.  Mais médecin, c'est en réalité très large. Lorsqu'on regarde de plus près, on voit que ceux qui se disent médecins esthétiques, peuvent avoir une formation qui n'a rien à voir avec la dermatologie ou la chirurgie esthétique. Ça peut être des généralistes, des radiologues, des internistes, des urgentistes, des oncologues…qui vont en réalité faire ces injections. Là c'est inquiétant, car on sait que la plupart des problèmes qui sont rencontrés, sont dus à une utilisation inadéquate: On a injecté trop de produit, ou alors pas le bon produit, ou encore dans la mauvaise couche cutanée. C'est quand même quelque chose d'interpellant. Les autorités sont conscientes de ce problème. Depuis 2013, elles disent qu'elles vont encadrer ce titre de médecins esthétiques, mais ce n'est toujours pas fait. Nous en profitons pour remettre cette demande sur la table.

Y a-t-il une fédération ou une association de médecins esthétiques labelisés qui plaide pour que l'accès à la profession soit beaucoup plus réglementé ?

Il y a eu un débat sur BEL RTL précisément sur cette thématique. On se rend bien compte que les chirurgiens esthétiques qui ont une formation spécifique, sont choqués de constater que des médecins qui n'ont aucune formation puisse pratiquer ces injections avec parfois, des risques pour la santé des patients.

Au cours de cette enquête vous avez aussi constaté des pratiques parfois illégales.

Nous avons constaté des publicités et des réductions de prix qui n'ont pas leur place dans un cabinet médicale. Dans la moitié des centres visités, il y avait ce type de promotions, " moins 20% si vous faites deux zones en même temps" ou si trois personnes viennent se faire "soigner" en même temps. Ça peut inciter à une surconsommation, donc c'est tout à fait déplorable. Autre élément illégal que nous avons constaté, c'est que 8 des praticiens que nous avons visités ont donné une attestation de soin pour un remboursement par l'INAMI, alors qu'aucun remboursement n'est prévu pour ce type de traitement purement esthétique.

Quels sont les conseils à donner aux gens intéressés par ce type d'intervention ?

Si on est tenté par l'aventure, il faut bien se renseigner sur le choix de son praticien. Privilégier quelqu'un qui a une formation de dermatologue ou de chirurgien esthétique. Peut-être aussi aller voir plusieurs personnes avant de se décider, et ne pas hésiter à poser des questions sur les effets secondaires éventuels. Enfin parler de ses antécédents, pour être sûr de couvrir le plus de risque possible.

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