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Cohabitation difficile entre cyclistes et automobilistes: "Il faut comprendre, se mettre à la place de l'autre"

Nous entamons aujourd’hui la semaine de la mobilité. Elle pourrait être vécue comme une semaine de communion entre tous les usagers de la route. Mais plus que jamais, force est de constater que la cohabitation entre les cyclistes et les automobilistes n’est pas toujours facile. Alors comment rabibocher les deux camps ? Michael Scholze, porte-parole de l'agence Wallonne pour la sécurité routière (AWSR) est l'invité du RTL Info bienvenue.

Beaucoup de tensions semblent exister entre les automobilistes et les cyclistes. À Bruxelles par exemple, il y a eu la fermeture du bois de la Cambre et l'aménagement de nombreuses pistes cyclables durant le confinement qui ont ensuite exacerbé la mésentente. Ressentez-vous aussi cela en Wallonie ?

C'est peut-être un peu moins clivant que sur Bruxelles, déjà rien que par le territoire. En Wallonie on n'a pas le côté très urbain que Bruxelles a évidemment. C'est clair que dans les villes, c'est peut-être un peu plus marqué. Je dirais plutôt qu'on ne connait pas trop l'autre. Les automobilistes ne connaissent pas les cyclistes et inversement. C'est aussi là-dessus qu'il faut communiquer, prêter attention. Ce qu'on essaie de communiquer au sein de l'AWSR, ce n'est pas seulement des questions de sécurité routière mais aussi d'insécurité routière. On veut faire comprendre aux gens qu'ils peuvent être vulnérables sur la route mais aussi les autres.

Quels sont les comportements cyclistes par exemple qui agacent le plus les automobilistes ?

On ne les a pas nécessairement listés mais on peut s'en rendre compte. C'est du savoir-vivre, tout simplement.  Considérer qu'on est tout seul sur la route, certains vont sur le trottoir alors que le trottoir n'est autorisé que jusqu'à dix ans. Je reviens toujours la même chose : c'est le manque de savoir-vivre mais on oublie souvent qu'on n'est pas tout seul sur la route, qu'on partage cette route.

Il y a parfois un sentiment d'impunité. Je pense que les automobilistes considèrent que les cyclistes sont généralement impunis et ça les énerve, est-ce vrai ?

Je sais pas si c'est vrai. Je pense en tout cas que les cyclistes pensent aussi la même chose des automobilistes en disant 'les automobilistes ne nous respectent pas'. Sur la route, c'est vrai que c'est compliqué de verbaliser finalement un cycliste parce qu'il faut le prendre sur le fait. Je ne pense pas que la réconciliation passera par la sévérité qu'on va y appliquer. Il faut passer un message plus bienveillant. Il faut passer par ce message : 'vous n'êtes pas seul sur la route, vous la partagez'. Ce n'est pas en punissant plus fort les cyclistes que vont mieux respecter les automobilistes et inversement. C'est une forme d'éducation, c'est une forme de sensibilisation surtout qu'il faut faire à cet égard.

Comment les uns et les autres peuvent mieux comprendre la place de chacun sur la route ?

Je pense que le confinement a permis aussi de donner une certaine tendance. On a vu un vrai boum de la mobilité douce avec le confinement. Il y a eu des ruptures de stocks dans les ventes de vélos. Ça veut dire qu'il y a des gens qui ne faisaient pas de vélo avant qui aujourd'hui en font. Et on voit une mobilité qui change tout doucement aussi. On essaie d'utiliser le moins possible sa voiture. Ça veut dire que ces gens qui n'étaient pas cyclistes auparavant découvrent ce que c'est et donc adapte aussi leur comportement au volant.

L'aménagement des zones trente, c'est une solution ? Il y a de plus en plus de villes wallonnes qui s'y mettent.

On voit effectivement l'aménagement de zones trente pour diverses raisons, qu'elles soient écologiques, de sécurité ou de vitesse tout simplement. Ça peut être une des réponses mais il va falloir aussi amener une infrastructure qui va avec. Ce n'est pas la thématique que je défends, c'est celle de la sécurité routière. Mais c'est clair que des aménagements se font au regard des villes comme Liège par exemple qui a adapté certaines rues de son centre urbain pour les cyclistes. On voit naître de plus en plus des rues cyclables.

C'est vrai que chacun sa route permet d'éviter les conflits ? Est-ce que la clé est l'aménagement de pistes cyclables ?

Il faut aussi que le territoire puisse le permettre. Je sais que Tournai a réussi à le faire avec brio. Mais c'est pas pour cela que toutes les villes et villages peuvent se le permettre. On essaie évidemment de mettre des pistes cyclables là où c'est possible. Cela protège entre guillemets le cycliste mais pas que. 

Il faut se mettre à la place de l'autre, comprendre la réalité de l'autre et la vulnérabilité du cycliste ou de l'automobiliste. C'est d'abord de la compréhension.

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