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Témoignage bouleversant d’un ancien accro des jeux en ligne: "Dans ma famille, je suis devenu un monstre"

329.000 Belges sont interdits de jeux de hasard, et 116.000 sont en règlement collectif de dettes. Ces chiffres sont en augmentation constante à cause des jeux sur internet. La ludopathie, comme la drogue et l’alcool, provoque des drames humains et familiaux. Un ancien joueur témoignait anonymement aujourd’hui dans "C’est pas tous les jours dimanche".

Sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche", un ancien joueur a accepté de témoigner anonymement du calvaire qu’il a vécu. L’an dernier, il a perdu 81.000 euros en 13 mois sur un site de jeux en ligne. En octobre 2015, alors qu’il a 35 ans, il commence à jouer lors d’une période difficile de sa vie. Le premier mois, il perd 80 euros et continue les jeux en ligne. "C’est le problème du joueur, cette pathologie. On croit qu’on va enfin se refaire et qu’on va gagner, confie l’homme anonymement. Et puis finalement, il y a ce commerce derrière qui vous relance, vous réactive et vous permet de sombrer très facilement."


Il emprunte de l'argent à un proche

L’homme gère une société, prend de l’argent sur le compte de sa firme, ne paie plus sa TVA, ses impôts et quand il n’y a plus d’argent sur le compte de la firme, il emprunte à un organisme de crédit : 42.000 euros au total. Il en veut à ces organismes de crédit qui lui prêtent de l’argent. "C’est scandaleux. Il y a une aisance et c’est interpellant. Emprunter de l’argent coûte de l’argent, on le sait bien. Mais c’est trop facile de contracter un crédit personnel." En juin 2016, il demande de l’argent à un proche, en expliquant qu’il traverse quelques difficultés financières, et ce dernier accepte de l’aider.

"On devient menteur et manipulateur, donc on cache bien les choses. Je n’en veux à personne, ni à mes proches, ni à mon entourage de n’avoir rien vu parce qu’on arrive à devenir quelqu’un d’autre, isolé, qui ment trop bien (…) C’est une pathologie et je suis en traitement. On devient une autre personne. Dans ma famille, je suis devenu un monstre, quelqu’un d’irascible… On devient un mauvais mari, un mauvais papa."


Plainte auprès de la société de jeux en ligne

L’homme décide alors d’écrire à la société de jeux en ligne sur laquelle il joue afin de se plaindre. La société ne l’aide pas mais le relance, en lui offrant par exemple des bonus de jeu. "Il y a un manque de transparence total de leur part par rapport aux pertes. Je ne savais plus à combien j’en étais, j’étais perdu. Effectivement, on offre des bonus, des promesses."

Invité sur le plateau, Emmanuel Mewissen, administrateur délégué d’Ardent Circus, a souhaité répondre à cet homme. Selon lui, sa société n’aurait pas agi de la même façon. "Nous avons des règles assez strictes. Pour un joueur qui prend contact avec nous, nous essayons de sensibiliser notre personnel à la détection de l’addiction. C’est une pathologie, une maladie. Il faut la détecter et offrir le traitement adapté. Maintenant, nous devons prendre des mesures de prévention. Sur notre site, nous offrons aux joueurs la possibilité à tout moment de regarder leur historique de compte. Nous collaborons aussi avec des ASBL d’aide aux joueurs et nous offrons des liens au départ de notre site, vers celui de la commission des jeux. L’ensemble des sites en Belgique offrent la possibilité de se faire interdire de manière très facile."

Le témoin explique que sa femme et lui sont séparés. "Je pense que ma femme a été face à une personne qu’elle ne reconnaissait plus, qui a été méchante pendant des mois parce qu’acculée et embêtée."

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