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Un médecin a consulté les dossiers médicaux en ligne de Claire, sans autorisation: "Il est remonté jusqu'en 2003 et il a tout pris"

Pouvoir consulter ses dossiers médicaux en ligne, c'est une option que vous proposent désormais la plupart des hôpitaux de Belgique. Mais attention à la protection de vos données personnelles.

Les patients sont parfois trop peu informés. Une patiente qu'a rencontrée nos journalistes Justine Roldan Perez et Thomas Kinet en a fait les frais. Après avoir attaqué son chirurgien pour une erreur médicale, elle s'est rendue compte que celui-ci avait accès à tous ses dossiers médicaux. Il ne s'est d'ailleurs pas privé pour les consulter. "Moi je me connecte. Je mets ma carte d'identité. Et là je constate qu'il s'est connecté. Donc je fais toute la liste et je me rends compte qu'il est remonté jusque 2003. Et qu'il a tout pris", déclare notre témoin.

Un médecin que Claire, c’est le nom d’emprunt que nous lui donnons, n’avait plus vu depuis 2 ans. Pire, elle est en litige avec lui et son hôpital, le CHU Tivoli, pour erreur médicale. "Il s'est connecté 214 fois sur deux jours. Donc il est rentré le 3 janvier de 8h du matin jusque 13h30. Puis il est retourné le 4 janvier de 8h du matin jusque 13h, non-stop", ajoute Claire.

Pour qu’un professionnel accède aux documents en ligne, un lien thérapeutique est nécessaire. C'est une sorte d’autorisation. Chez les médecins généralistes, il est créé grâce à la carte d’identité du patient. Mais au sein des hôpitaux, par mesure de facilité, les règles sont différentes et l’accès au dossier est peut-être trop aisé.


Le patient peut "exclure toute une série de personnes"

"Il n'est pas réaliste qu'à chaque fois on entre la carte d'identité du patient dans un lecteur. Ce serait un obstacle à l'accès aux données du patient. Notre objectif premier étant bien sûr que les données soient accessibles pour mieux soigner le patient. Donc si on me trop d'obstacles techniques, on va perdre cet avantage", explique André Vandenberghe, responsable de la stratégie réseau santé wallon.

Le lien thérapeutique, c’est-à-dire l’accès, se limite à 3 mois en milieu hospitalier, 15 mois chez le médecin généraliste et un an à la pharmacie. Ce délai dépassé, il peut être renouvelé si nécessaire. De son côté le patient peut également protéger ses données. "On a la possibilité d'exclure personnellement toute une série de professionnels, enfin toutes les personnes que l'on souhaite. A partir de ce moment-là, l'accès est bloqué sur tout le territoire belge. On peut également accéder à la liste des documents qui sont échangés et on peut soit demander à un professionnel de ne pas échanger certains documents, soit de lui permettre de les échanger, mais de limiter l'accès à toute une série de personnes", a ajouté André Vandenberghe.

En ce qui concerne la situation de Claire, le CHU Tivoli a refusé de s’exprimer sur ce dossier. Le médecin lui risque de lourdes sanctions.

Claire n’est apparemment pas la seule à vivre cette situation. Un deuxième cas a été signalé.

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