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Vers une pénurie des médecins pratiquant l'avortement: "La majorité a 50 ans et plus"

Cela fait 23 ans que l'avortement est autorisé chez nous en Belgique. Mais à l'avenir, on pourrait manquer de médecins capables de pratiquer une interruption volontaire de grosses. Ces deux dernières années, 19 000 avortements ont été recensés.

C'est un droit, souvent aussi une épreuve douloureuse même s'il s'agit d'un choix. Ce samedi, c'est la journée mondiale de la mobilisation pour le droit à un avortement légal et sûr. L'occasion de remettre l'Intervention Volontaire de Grossesse (IVG) en perspective. En Belgique on compte environ 10.000 avortements par an. Le docteur Dominique Roynet craint une pénurie des généralistes pratiquant l'avortement. "Il est urgent que d'autres universités que l'ULB s'impliquent dans la formation des jeunes généralistes pratiquant l'avortement, au risque de courir le risque d'une pénurie, et donc d'en limiter l'accès au droit", a écrit le docteur, dans l'état des lieux 2013 du Centre d'Action Laïque (CAL) sur l'avortement.

La plupart des médecins pratiquants ont plus de 50 ans

Celle-ci dénonce également le recours abusif à l'avortement médicamenteux (méthode qui n'est ni simple ni indolore) pour interrompre des grossesses tardives, un moyen qui, souligne-t-elle, ne peut constituer une solution de rechange face à la pénurie, en ce qu'elle est irrespectueuse de la fragilité psychologique des femmes.  Depuis huit ans, le département de médecine générale (DMG) de l'ULB propose aux étudiants et assistants une formation sur trois années à la pratique de l'avortement. Dominique Roynet rappelle qu'en Belgique, quelque 15.000 avortements par an sont pratiqués dans des centres extra hospitaliers par environs 80 généralistes, "dont la majorité ont 50 ans et plus". "Depuis la génération militante des années '70-'80, la relève a été très mal assurée et la formation 'sur le tas' de quelques médecins motivés a souvent abouti à leur abandon de la pratique", ajoute-t-elle.  Or, précise-t-elle, "faire des avortements ne s'improvise pas: outre une expertise de la technique de vacu-aspiration sous anesthésie locale, il faut maîtriser la dimension relationnelle et émotionnelle de cet acte peu banal dans la vie d'une femme, pouvoir travailler en équipe pluridisciplinaire et accepter d'être mal payé".   

Des chiffres peu conus

Pour la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Laurette Onkelinx, il n'y a pas péril en la demeure. "Les données qui m'ont été transmises font état du fait que le droit à l'avortement n'est pas menacé dans les faits à l'heure actuelle" a-t-elle indiqué dans une réponse à une question écrite de la députée Zoé Genot (Ecolo).   Quant au futur, elle dit ne pas pouvoir se prononcer mais s'engage à suivre la situation de près. "Il m'est difficile d'évaluer les menaces de pénuries supposées par le Dr Dominique Roynet dans l'étude du Centre d'Action Laïque. Mais, et vous le savez bien, ce débat m'est particulièrement cher et je le suivrai de près afin de prendre toute la mesure des enjeux qu'il recouvre". En ce qui concerne le manque de médecins, la ministre fait état de "2 institutions (sur un total de 34 centres extrahospitaliers) (qui) ont fait savoir qu'elles cherchaient des médecins pour pratiquer les interruptions de grossesse et ce pour le remplacement de médecins partis à la retraite ou pour travailler pendant certaines plages horaires plus difficiles". Les autres institutions ne rapportent pas de problèmes liés aux médecins mais il est impossible, selon elle, de connaître le nombre exact de généralistes pratiquant l'avortement puisqu'il n'y a pas d'honoraire spécifique pour cet acte en extrahospitalier. 

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