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Voici les effets du scandale Veviba: qui a réussi à tirer son épingle du jeu?

Veviba, filiale du leader du marché pour la transformation de la viande Verbist, a perdu ses agréments le 7 mars dernier pour un atelier de découpe et un surgélateur industriel situés à Bastogne. Une perquisition a révélé une falsification de renseignements sur la date de congélation de la viande et la non-conformité de plus de 50% des produits contrôlés.

Faisons le point sur les principaux effets du scandale.


Quel impact sur la grande distribution?

L'impact du scandale a été très important au début. La grande distribution a été affectée, avec moins de ventes de viande hachée au début, avant une stabilisation par la suite. Delhaize et Colruyt ont trouvé d’autres fournisseurs. De manière structurelle, la viande de bœuf accuse une baisse des ventes de 10% en dix ans. "En tant que secteur, on a plaidé pour un renforcement des contrôles, et on réfléchit aussi à plus de transparence. Ce sont les conclusions tirées en tant que secteur du commerce", précise Nathalie Degreve, responsable durabilité et politique des produits chez Comeos, la fédération du commerce et des services.

On voit ça aux clients d'une quarantaine d'années. Ils ont acheté pendant une dizaine d'années dans les grands magasins et ils en ont un peu marre

Du côté des petites boucheries, elles ont vendu deux fois moins lors des premiers jours après l’éclatement de l’affaire. Mais depuis, ces commerçants semblent avoir profité de la polémique. Ces trois dernières semaines, les petits bouchers ont accueilli de nouveaux clients, à la recherche de la qualité et de la sécurité alimentaire, ou qui ont l’intention de se mettre à cuisiner au lieu d'acheter du tout préparé.

Notre journaliste Bernard Lobet s'est rendu dans la boucherie Etienne, un commerçant de quartier à Bruxelles. "Je préfère aller chez un boucher qu'au Delhaize ou au Carrefour. J'ai l'impression que je peux faire plus confiance", confie une cliente. "Ici ça a toujours été frais, je n'ai jamais eu de problème avec la marchandise", ajoute un autre.

D'ailleurs, le boucher remarque un changement d'habitude chez ses clients. "On voit ça aux clients d'une quarantaine d'années. Ils ont acheté pendant une dizaine d'années dans les grands magasins. Ils en ont un peu marre, et ils veulent à nouveau un peu cuisiner, parce qu'on le voit à la télé et la radio. Et ce sont des gens qui reviennent et qui demandent des conseils. C'est à ça qu'on voit qu'on a de nouveaux clients", indique-t-il. "Ils achètent moins, mais ils achètent quelque chose de bon", ajoute Etienne de Vleminck. De l'autre côté du balcon, un monsieur confirme. "On n'est pas obligé de manger énormément de viande. Mais devenir végétarien… c'est un manque de vitamines", dit-il.


Quid de l'atelier de découpe et du surgélateur de Veviba à Bastogne?

Depuis que l’affaire a éclaté début mars, plusieurs tonnes de viande à la date de péremption dépassée ont été évacuées des locaux. "Aucun gramme de viande ne pourra quitter l'entreprise pour éventuellement intégrer la chaine alimentaire sans que les garanties complètes, que ça soit en termes de traçabilité, que ça soit en termes de qualité microbiologique de la viande, ne soit apportées à l'Afsca. À ce moment-là, l'agence pourra éventuellement lever les scellées qui sont apposées depuis le début de ce scandale sur les viandes", indique Jean-Sébastien Walhin, porte-parole de l'Afsca.

"Il y a par contre déjà eu des viandes qui étaient fraîches et qui ont dû être détruites, parce que forcément la viande fraîche, ça périme. Et quand c'est périmé, ça va à la poubelle", ajoute Jean-Sébastien Walhin.

En attendant le nouvel agrément espéré et la réouverture de l'atelier de découpe, à une date "qu'il est impossible de donner actuellement", la plupart des employés sont payés par Verbist pour rester chez eux.


Quelles conséquences pour l'Afsca?

L'Afsca, l'agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, doit subir deux audits. L'un sur l'organisation de l'agence, l'autre sur les inspections. Les résultats sont attendus pour l'été.

Le ministre fédéral de l'agriculture Denis Ducarme a demandé 3.000 contrôles supplémentaires dans la filière viande d'ici la fin de l'année. Un budget de 2 millions d'euros a été dégagé pour l'embauche de personnel supplémentaire. "On va pouvoir renforcer la cellule de lutte contre la fraude, ici en interne à l'agence, pour être encore plus sur le terrain", explique Jean-Sébastien Walhin, porte-parole de l'Afsca.

Il y aura également un peu plus d'huile dans les rouages entre l'agence et la justice. "Qu'un contact soit pris pour une demande d'information ou pour une prise de décision, tout ça sera sur papier, c'est un accord entre la justice et l'Afsca pour rendre la collaboration plus efficiente encore", affirme Jean-Sébastien Walhin.


Et pour les agriculteurs?

Suite au scandale Veviba, l’image des agriculteurs et plus particulièrement des éleveurs a été écornée. Raison pour laquelle quelques opérations séduction ont été menées auprès du consommateur par la fédération des jeunes agriculteurs (les 24 et 25 mars derniers).

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