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Yahia, refugié syrien à Liège depuis 1 an: "J'ai eu des cours d'intégration à Namur, le personnel était amical"

YAHIA | 38 ANS | LIÈGE | ARRIVÉ LE 15 NOVEMBRE 2015

Yahia habite la cité ardente avec sa femme Nour et son petit garçon, Mohammed. Il est arrivé seul neuf mois plus tôt après avoir traversé la mer entre la Turquie et la Grèce. Tous se sont retrouvés ensuite grâce au regroupement familial. En Syrie, le trentenaire travaillait dans le secteur pétrolier à Homs, une grande ville dans le centre du pays. Yahia et Nour prennent des cours de français. Lui souhaite intégrer une formation dans un domaine similaire à celui de son métier précédent. Son but à long terme : lancer sa propre affaire.

Comment as-tu quitté la Syrie ?

La chose la plus importante pour moi est ma famille. Je m’étais marié et nous avions eu un enfant. Dans Homs, à cause de la guerre, on devait tout le temps se déplacer. J’avais peur pour ma femme et mon fils. On a décidé de partir, malgré les risques.

On voulait aller vivre en Jordanie. Mais arrivé là-bas après avoir pris l'avion au Liban, on a été refoulés car nous n’avions pas une personne qui se portait garante pour nous. Nous sommes restés à l’aéroport car il était tard. Le lendemain, un vol nous a ramenés à notre point de départe.

On a voulu rester au Liban mais l’obtention du permis de séjour réclamait beaucoup de temps et d’argent, comme si les autorités voulaient nous dissuader. On a alors eu l’idée de venir ici. Je ne savais rien au départ ni sur la Belgique ni sur aucun pays, mais on m’a dit qu’en Belgique c’était mieux, notamment pour le regroupement familial.

Ma femme et mon fils sont restés au Liban et j’ai fait le chemin seul. Le voyage a débuté par la Turquie. Je m’y suis fait des amis et nous avons pris la mer ensemble pour la Grèce. Nous avons remonté vers le nord. Il y avait des associations qui aidaient les réfugiés sur le trajet. Le périple n’a pas été long, il a duré environ une semaine. Je fais partie des chanceux.


Tu te souviens de ton premier jour en Belgique ?

Le lendemain de mon arrivée, je me suis déclaré à un commissariat de police à Bruxelles. On m’a envoyé dans un centre pour demandeurs d’asile à Namur. J’y ai suivi des cours d’intégration. Le personnel était amical et il m’a fait découvrir et aimer la langue française. J’y suis resté 7 mois avant d’obtenir les papiers. Directement après, j’ai entrepris les démarches pour amener ma famille. On s’est installé à Liège car on m’avait conseillé cette ville. C’est plus calme qu’à Bruxelles.



Que fais-tu actuellement ?

J’étudie le français. Avant tout il faut maîtriser la langue. Nour apprend le français aussi. Quand je ne suis pas occupé par des tâches administratives, je visite des amis ou on se balade en famille, par exemple dans un parc, s’il fait beau.


Ta famille s’acclimate bien?

C’est un peu difficile pour eux. Ils sont encore nouveau et n’ont personne ici sur qui compter.

Les procédures administratives sont nombreuses ici et la langue est différente, mais il y a des personnes amicales qui te redonnent espoir dans la vie.


Recevez-vous une allocation du CPAS ?

Oui, on reçoit environ 1156 euros pour la famille (ma femme et moi). On recevra une allocation familiale d’environ 120 euros pour notre fils, mais plus tard.


De nombreux Belges estiment qu'il faut d'abord aider les pauvres ici avant d’aider des réfugiés comme toi. Qu'en penses-tu?

Si je veux juger une personne, je me mets à sa place. Si sa priorité est d’aider quelqu’un de son pays, c’est normal.


As-tu ressenti de la discrimination ?

Nous n’avons pas eu de problème au niveau de l’intégration. Au contraire, quand j’étais au centre pour demandeurs d’asile, c’était un "atout" d’être syrien pour obtenir des papiers car ils choisissent selon la situation humanitaire dans le pays. Toutefois, pendant la période d’attente au centre, il n’y avait aucune différence de traitement en fonction de votre origine. on était tous humains, avec les mêmes droits.



Tu as de la famille toujours à Homs, êtes-vous en contact ?

J’ai encore de la famille à Homs, comme mon frère. Rien ne change, ou alors en pire. On ne voit pas de lueur d’espoir. Mes parents et ma sœur, eux, sont partis au Liban.


À quoi penses-tu le plus souvent?

Qu’espères-tu accomplir en Belgique ?

D’abord maîtriser complètement le français pour trouver du boulot. En Syrie, je travaillais dans le secteur pétrolier. Ce ne sera pas facile d’exercer dans ce domaine ici en Belgique. Sinon, on m’a conseillé la profession de chauffagiste. Plus tard, je voudrais lancer ma propre affaire.

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