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En choisissant l'exode, beaucoup de Hongkongais contraints d'abandonner leurs animaux

Depuis trois mois, Cassius et Roxie attendent de nouveaux maîtres dans un refuge pour animaux de Hong Kong.

Leurs propriétaires font partie des résidents de la ville qui ont choisi l'exode face à l'emprise grandissante de Pékin et des restrictions sanitaires.

Cette histoire n'est que trop familière aux employés des refuges pour animaux du centre financier.

"Nous affichons toujours complets", déplore Eva Sit, directrice de la communication de Hong Kong Dog Rescue (HKDR), au milieu d’aboiements et de miaulements incessants.

"Nous avons beaucoup de mal à dire non aux demandes de placement parce que nous sommes très tristes pour les chiens", explique-t-elle à l'AFP.

En abandonnant leurs animaux de compagnie, les propriétaires remplissent un formulaire sur lequel doit figurer la raison de l’abandon.

Si, autrefois, les départs à l'étranger représentaient deux cas sur dix, "de nos jours, c'est presque la seule raison."

Depuis deux ans, beaucoup de ressortissants locaux ou étrangers ont quitté Hong Kong, notamment en raison de la réduction des libertés dont ont longtemps joui les habitants et des restrictions de voyage liées à la pandémie.

La population a décliné: entre mi-2020 et mi-2022, en déduisant les arrivées des départs, la ville a enregistré un solde migratoire négatif de quelque 200.000 habitants, selon les données démographiques du gouvernement.

En temps normal, la plupart des personnes partaient avec leurs animaux de compagnie, mais depuis la pandémie, c'est un véritable casse-tête.

Hong Kong, qui, avant le Covid, était l'un des plus importants aéroports du monde, ne compte plus qu'une fraction des vols qui y atterrissaient ou décollaient.

De nombreuses compagnies ont arrêté de desservir la ville en raison des restrictions imposées aux équipages.

En juillet, seuls 401.000 passagers sont passés par l'aéroport, soit 6% du niveau pré-pandémie.

A titre de comparaison, Singapour a enregistré 3,3 millions de passagers au cours de cette même période, soit un peu plus de la moitié des niveaux connus par la cité-Etat avant l’apparition du Covid-19.

- Pénurie de vols -

La pénurie de vols commerciaux engendre un nombre de places limité pour transporter les animaux de compagnie en soute ou en cabine, ce qui rend très compliqué ou couteux leur envoi à l'étranger.

Les plus riches se sont donc regroupés pour louer des avions privés afin de faire sortir les animaux, pour 150.000 à 250.000 dollars hongkongais (19.200 à 32.000 euros).

"C'est très cher, alors je respecte les gens qui l'ont fait", affirme Olivier, un Français propriétaire de chiens et qui a vu de nombreux amis opter pour ces jets privés.

Mais beaucoup d'autres doivent prendre la décision déchirante de laisser leur animal derrière eux.

Narelle Pamuk, fondatrice de Sai Kung Stray Friends (SKSF), reconnaît que souvent les propriétaires n'ont pas le choix.

"On dit que les gens sont mauvais lorsqu’ils laissent leurs animaux, mais je dois dire que tout le monde n'est pas mauvais", dit-elle à l'AFP.

"Toute cette pandémie a mis les gens complètement hors d'eux. Ils n'ont pas été eu le temps d'anticiper, ont perdu leur emploi et n'ont pas toujours pu emmener leurs animaux avec eux, car ce n'est pas facile".

D'autres n'ont tout simplement pas pu trouver un vol ou se le permettre, a-t-elle ajouté.

Harvir Kaur, une enseignante de 23 ans qui émigre au Canada l'an prochain, tient compte des besoins de son poméranien de trois ans, Taffy, dans ses projets de voyage.

Elle ne veut pas faire voyager son chien en soute, la seule option proposée par la compagnie hongkongaise Cathay Pacific, et cherche à le faire voyager avec elle en cabine, quel qu'en soit le coût.

"Je n'ai jamais pensé à laisser Taffy derrière moi, ce serait contraire à mon éthique".

"Quand vous avez un chien, ce n'est pas seulement un jouet pour vous. Votre chien a besoin de vous, peut-être même plus que vous n'avez besoin de votre chien".

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