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Les centres de soins aux animaux sauvages veulent assurer leur survie

Un par un, une bénévole donne des vers à farine à becqueter à un jeune moineau domestique recueilli au centre LPO d'Ile Grande, en Bretagne, dédié aux soins des animaux sauvages. Des centres dont l'activité reste fragile.

La jeune femme nourrit avec une pince à épiler l'oisillon enfermé dans une cage, qui piaille et ouvre un bec affamé. Des cages voisines abritent mésanges charbonnières, grives, choucas, une chouette effraie apeurée. Des hérissons mangent leur pâtée avant de retourner dans des caisses pour chat.

Un goéland blessé à une patte observe le visiteur avec méfiance, tandis qu'à l'extérieur, ses congénères reprennent des forces dans une volière. Des piscines fermées permettent de s'assurer que les oiseaux mazoutés ont retrouvé leur imperméabilité avant d'être relâchés.

Ce centre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) situé en bord de mer est spécialisé dans le sauvetage d'oiseaux marins, mais il accueille aussi des petits mammifères. Goélands argentés, pigeons et hérissons sont les plus fréquents, énumère Elise Bidaud, chargée du centre de soins.

La vocation de cette structure: soigner des animaux sauvages avant de les relâcher dans la nature quand ils sont en état d'y survivre.

"Les animaux arrivent dans ce centre car l'homme a impacté à un moment leur vie: des jeunes tombés du nid et amenés au centre à tort ou à raison, des collisions avec des vitres ou des voitures, des prédations par les chats... Nous avons aussi des oiseaux mazoutés tous les ans", explique Elise Bidaud.

"Aujourd'hui il y a incontestablement une sensibilisation de la part des Français", se réjouit Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO. Mais ils n'ont pas toujours les bons réflexes: un oisillon tombé du nid doit être remis dedans ou placé en hauteur, les parents s'en occuperont même s'il a été touché par l'homme. Les jeunes faons isolés ne sont pas abandonnés, ils attendent le retour de leur mère.

- Des centres de soins précaires -

Le centre d'Ile Grande fonctionne avec un poste et demi de salariés, des services civiques et des dizaines de bénévoles, pour plus d'un millier d'animaux recueillis chaque année.

"Il y a un enjeu de survie pour ces structures" dont certaines ferment régulièrement, explique Jean-François Courreau, président du Réseau des centres de soin faune sauvage, qui fédère 22 d'entre eux sur une centaine en France. "Notre modèle économique est usé, il repose essentiellement sur la générosité du public et les mécènes." Sans compter une hausse de l'activité ces dernières années.

Pour y faire face, le Réseau réclame un soutien des pouvoirs publics.

Ils ont été en partie entendus. La secrétaire d'Etat à la biodiversité Bérangère Abba a promis une aide exceptionnelle de 5.000 euros par centre et "un modèle de financement plus structurant et pérenne".

"Pour les micro-centres, c'est beaucoup", salue Jean-François Courreau.

Patrice Chollet, responsable du centre Amis des hérissons Poitiers Sud, fait partie de ces structures qui reposent sur le dévouement d'une ou deux personnes. Il "consacre deux mois de salaire d'enseignant pour faire tourner le centre".

Ce passionné regrette "un gros trou dans la formation des vétérinaires", dont certains ne soignent pas les animaux sauvages "pour une raison financière ou a défaut de formation", estime-t-il.

"Nous sommes très en retard par rapport à d'autres pays", reconnaît Pascal Arné, responsable du centre de soins de faune sauvage dépendant de l'école vétérinaire de Maison-Alfort, en région parisienne. Mais les choses changent, assure-t-il, avec un intérêt grandissant des vétérinaires, qui se forment.

"Le vétérinaire peut régler beaucoup de situation, des plaies, des fractures, surtout chez les mammifères", dit-il. Il peut procéder à des soins initiaux, mais n'a pas le droit de garder les animaux sauvages, qui finissent en centres de soins.

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