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Lucas pense avoir photographié une coccinelle: cet insecte n'en est pas une, et a quelque chose à dire avec ses rayures

Lucas pensait avoir photographié une espèce de coccinelle et l'a soumise à notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. Si l'insecte n’arbore pas les pois caractéristiques de la coccinelle, il est vrai que sa silhouette présente certaines similarités. Et pour cause, le spécimen sous nos yeux – une Chrysomèle – appartient au même ordre : celui des coléoptères.

Une Chrysomèle américaine... qui n'a rien d'américain

Sébastien Renson, écopédagogue aux Cercles des naturalistes de Belgique, nous confirme qu’il s’agit précisément d’une Chrysomèle américaine (Chrysolina americana), bien qu’elle n’ait "rien d’américain, c’est une espèce typiquement européenne qu’on trouve en Belgique ou en France".

D’où tient-elle son nom ? Peut-être d’une confusion, selon l’hypothèse du spécialiste: "Comme elle est rayée, elle peut faire penser au Doryphore, qui est aussi une Chrysomèle, mais qui est importée de l’ouest des Etats-Unis, et qui a causé beaucoup de soucis dans les cultures de pommes de terre notamment".

Rien à faire des patates... son truc, c'est le romarin

La Chrysomèle qui nous occupe ici fait peu de cas des champs de patates. Ce qui l’intéresse, ce sont principalement les plants de romarin, raison pour laquelle on l’appelle également, tout simplement, Chrysomèle du romarin. Il s’agit de sa plante "hôte", c’est-à-dire qu’elle en dépend pour sa survie, et ici, que ce soit à l’état de larve ou à l’état adulte, pour s’en nourrir. "Les Chrysomèles sont une très grande famille d’insectes qui comportent des espèces phytophages – qui se nourrissent de végétaux – et qui sont généralement inféodées à un ou deux types de végétaux. Elles sont soit monophages, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent d’une espèce de plantes, soit oligophages, dans ce cas elles consomment des plantes proches, de la même famille". Les coccinelles se différencient ici, puisqu'elles sont majoritairement carnivores.

Pas une ennemie du jardinier

On retrouvera l’espèce photographiée par Lucas tant sur le romarin que la lavande, deux plantes issues de la même famille, celle des Lamiacées. Mais ce n’est pas pour autant une ennemie du jardinier: "Dans nos régions, ce n’est pas vraiment un insecte qui fait des dégâts. Elle est plutôt typée "méditerranéenne". Là, ça pourrait avoir quelques impacts, mais pas vraiment importants. Elle ne va pas décimer des cultures entières. Et dans nos régions, c’est assez marginal".

Un look qui en dit long

Il y a plus de 300 espèces différentes de Chrysomèles en Belgique. On reconnaîtra la Chrysomèle américaine à son aspect général métallique, ses antennes et ses pattes rouges foncé. Ses élytres, c’est-à-dire les paires d’ailes durcies qui recouvrent le corps du coléoptère à la façon d’un étui, comportent 5 bandes foncées métalliques qui alternent avec des bandes bleues verdâtres. "Dans le monde des insectes, notamment, beaucoup d’espèces ont des couleurs indiquant qu’ils ne sont "pas bons à manger". Cela s’appelle des couleurs aposématiques. Et visiblement, c’est un insecte qui n’est pas trop apprécié par les oiseaux", détaille Sébastien Renson.

Généralement, ce sont plutôt les larves de la Chrysomèle qui sont mangées par d’autres insectes. "Ses prédateurs sont généralement des petites guêpes parasites, qui pondent leurs œufs dans la larve de la Chrysomèle encore vivantes, ce qui va les tuer". 

Beaucoup d'observations

En 2020, 636 signalements ont été encodés sur le site Observations.be. On peut parler d’une recrudescence de l’espèce potentiellement liée au réchauffement climatique, bien qu’il soit difficile de déterminer à quelle hauteur cette augmentation est imputable au regain d’intérêt pour l’encodage par les particuliers. "On peut estimer que comme c'est une espèce plutôt thermophile [qui aime la chaleur, ndlr], liée à des plantes méridionales, et que ces dernières vont plus se plaire chez nous, les Chrysomèles aussi, par suite logique".

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