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Opération délicate dans les Fagnes: des oiseaux capturés en Suède sont réintroduits pour éviter leur extinction en Belgique

Une opération très délicate s'est déroulée il y a quelques jours dans les Hautes Fagnes. Des scientifiques ont réintroduit chez nous une trentaine de tétra lyre. Ces oiseaux sont en danger critique d'extinction chez nous. Des experts se sont rendus en Suède pour les capturer durant la très courte période de la parade nuptiale.

Un oiseau emblématique des Hautes Fagnes est en danger critique d'extinction. Pour sauver le tétra lyre, aussi appelé "le petit coq de Bruyère", une équipe d'experts et de bénévoles se rend depuis quelques années en Suède. L'objectif est de les capturer, pour les ramener chez nous. L'opération est extrêmement délicate, et ne peut se réaliser que pendant la très courte période de parade nuptiale de l'espèce.

 

Didier Vangeluwe est ornithologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. Il est installé dans un drôle de campement, à 3h du matin: "On vient d'arriver sur cette tourbière, on a traversé un morceau de forêt qui récemment brûlé est maintenant d'observer et de suivre cette session de capture sur une arène de tétra lyre", chuchote-t-il.

Un peu plus tôt, le groupe a installé des pièges, appelés matoles. C'est une petite cage qui tombe sur l'oiseau, lorsque la petite tige qui la retient se déséquilibre. Des efforts rapidement récompensés : "Il y a déjà un mâle qui a été capturé dans une de nos matoles. Les autres tournent et retournent, paradent. C'est un comportement extraordinaire, un peu comme les paons, ils étalent leurs queues" se réjouit Didier.

L'activité humaine a presque fait disparaître l'espèce en Belgique

Des queues en forme de lyres qui donnent leur nom à ces oiseaux danseurs. Plumage noir, et sourcils farceurs: le Tétra lyre a longtemps été une espèce emblématique des Hautes Fagnes… mais il a aujourd'hui presque disparu de nos contrées à cause de la destruction de son habitat par les activités humaines.

 

Enfin sorti de sa cage, le tétra lyre mâle peut être placé dans un sac. "On va le ramener au camp, le mesurer, le baguer, et on va lui positionner sur le dos un émetteur GPS" explique Didier Vangeluwe, en manipulant délicatement le sac.

Cette année, la récolte est fructueuse: 35 mâles et femelles ont été capturés. L'équipement qui les équipes est fondamental, "parce qu'on souhaite absolument savoir dans quelle mesure ces tétras se réintègrent dans les Fagnes, et surtout quels sont les différents biotopes qu'ils vont choisir. En particulier, ce qui nous intéresse le plus, c'est dans quel biotope ils vont aller se nourrir, mais également dans lequel ils vont aller nicher" justifie l'ornithologue.

Plusieurs femelles tétras ont niché chez nous

Depuis 2017, trois autres transferts de tétras lyre ont déjà été organisés. Un programme de renforcement de l’espèce mené par l’Institut du musée des sciences naturelles, l’Université de Liège, et le Département Nature et Forêt, avec le soutien du WWF. "Un des résultats absolument exceptionnels, c'est que quelques semaines après leur arrivée dans les Hautes Fagnes, plusieurs femelles tétras ont niché chez nous. Elles ont élevé une première génération de tétra lyre suédo-wallons" s'enthousiasme Didier Vangeluwe.

En 2017, seuls trois tétras lyre vivaient encore dans nos contrées. Les transferts ont permis de remonter la population à une trentaine d’individus. Ils seront bientôt rejoints par cette nouvelle troupe.

Nos danseurs suédois embarquent pour un long périple: 2000km soit près de 24h de route jusqu’au plat pays. Ils s'y adaptent visiblement très bien, selon Dylan Delvaux, l'attaché scientifique ULiège sur le projet de renforcement de la population de cette espèce : "On voit que dès qu'ils sortent, les oiseaux se nourrissent, ils regardent un peu aux alentours et ne s'envolent pas directement. Ils ne semblent pas effrayés, nous avons même des oiseaux qui paradent dans ce tunnel et à proximité immédiate", dit-il.

Une adaptation cruciale, car l’espèce reste en danger critique d’extinction dans notre pays. D’autres transferts sont prévus ces prochaines années pour rassembler 160 individus, et permettre aux oiseaux lyre d’enchanter à nouveau la Belgique avec leurs valses galantes.

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