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Étonnant: découvrez ces matières premières insolites qui composent de plus en plus nos voitures

Du tissu venant de bouteilles d'eau sur les sièges, du chanvre dans les planches de bord et même de l'écorce d'orange au cœur des pneumatiques: petit à petit, des matériaux renouvelables, souvent insolites, se font une place dans l'automobile.

Sur fond de renforcement des exigences de légèreté et de recyclage, les produits issus des hydrocarbures (comme le plastique ou certains caoutchoucs, ndlr) sont voués à perdre du terrain, soulignent des industriels interrogés en marge du salon automobile de Detroit (Etats-Unis). Ce phénomène ne devrait pas être contrarié par la baisse des cours du pétrole à un niveau plus vu depuis 2004, assure Barb Whalen, responsable des matériaux chez Ford: "C'est la bonne chose à faire pour l'environnement, pour nos clients et pour nous, même si le pétrole est moins cher", indique-t-elle à l'AFP.


Des sièges en bouteilles en plastique

Le constructeur américain se flatte d'utiliser des matériaux recyclés, en l'occurrence des bouteilles de plastique, pour les garnitures de siège à hauteur de 30% de ses modèles vendus en Amérique du Nord. Sur certaines Ford, comme les électriques rechargeables, cela monte à 100%, confie Mme Whalen. Au-delà du recyclage, qui concerne aussi l'acier et l'aluminium des carrosseries, des produits issus de l'agriculture se retrouvent de plus en plus dans les véhicules. BMW vante par exemple la planche de bord en "fibres naturelles" coiffée d'une casquette en eucalyptus de sa voiture électrique i3.


Des portières en chanvre

L'équipementier français Faurecia se distingue quant à lui avec des pièces d'intérieur "bio". Même si elles restent encore marginales dans la production totale, "on pressent que les fibres naturelles vont remplacer les fibres synthétiques parce qu'elles sont plus légères, renouvelables et au même coût", assure Pierre Demortain, responsable des ventes de la coentreprise de Faurecia APM, spécialisée dans ces matériaux.

Par exemple, "le chanvre est une plante qui ne demande pas d'irrigation, pas de phytosanitaires, qui a d'excellentes propriétés et permet sur un panneau de porte de réaliser 25% de gain de masse". Ces plastiques "bio" sont recyclables mais pas biodégradables, gage de résistance sur la durée de vie de la voiture, selon lui.

Faurecia, qui a aussi développé des tablettes de hayon à partir de fibre de lin, travaille actuellement à améliorer un de ses plastiques sur base de chanvre. "D'ici deux à trois ans, il sera à 100%" de végétal, promet M. Demortain. Ce serait, remarque-t-il, "la réalisation du rêve d'avoir des plastiques dans l'automobile qui se passent complètement du pétrole".


Des pneus en sucre, en pissenlits ou en plante du désert

Même si ce rêve risque d'être plus difficile à atteindre dans le secteur des pneumatiques, de nombreux manufacturiers travaillent eux aussi sur des matériaux naturels. Il s'agit d'une exigence écologique et économique, explique à l'AFP Thierry Willer, responsable de la communication technique et scientifique de Michelin.

Aujourd'hui, un pneu est composé à 75% de produits pétroliers et 25% de caoutchouc naturel issu d'hévéas. Or Michelin compte sur un doublement des besoins mondiaux en pneus d'ici à 2050, et "on imagine mal doubler la surface de plantation", selon M. Willer.

C'est la raison pour laquelle la firme au Bibendum travaille sur une "nouvelle matière première": du sucre issu de la biomasse, ensuite transformé en caoutchouc synthétique. Son concurrent Continental a de son côté opté pour le "Taraxgum", alias "pissenlit russe", qui selon l'équipementier allemand possède des qualités similaires à celles du latex d'hévéa.

Quant à Pirelli, il mise pour obtenir du latex sur une autre plante, la guayule, originaire du Mexique. Celle-ci pousse en climats arides, n'est pas destinée à la consommation humaine, et sa culture "nécessite très peu d'eau et pas de pesticides", explique le manufacturier italien passé récemment sous pavillon chinois.


Déjà de l’huile de tournesol ou des écorces d’agrumes dans nos pneus...

Les pneus Michelin recèlent déjà d'autres matériaux renouvelables et insolites, révèle M. Willer, notamment de l'huile de tournesol et une résine tirée d'écorces d'agrumes. L'huile permet au pneu "d'être plus souple à basse température", tandis que la résine, "au coeur du caoutchouc, va lui donner de la rigidité".

Encore faut-il que les matériaux renouvelables permettent de conserver la même qualité du produit final, souligne-t-il. Mais si "on peut obtenir la même performance à partir de matériaux d'origine renouvelable, évidemment on fera ce choix-là".

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