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Agressée en rue, Noémie a tenté de porter plainte dans plusieurs commissariats: "Impossible, parce qu’il n’y avait pas de policier pour constater l’infraction"

Les agressions et le harcèlement sexuel sont au centre de l’actualité depuis le début de l’affaire Weinstein. En Belgique les agressions, le sexismes et le harcèlement sont légalement punissable. Il est pourtant toujours très compliqué pour les femmes de porter plainte. C’est l’expérience qu’a récemment vécue Noémie, une habitante d’Etterbeek.

Certaines femmes ont décidé de sortir de leur réserve et de raconter leurs histoires sur les réseaux sociaux avec le #metoo et le #balancetonporc. Quelques hommes se sont joints également à elles pour dénoncer les agressions et le harcèlement sexuel. Légalement, le harcèlement de rue est punissable, mais il n'est pas facile d'arriver à porter plainte.


"Elle ne m’a pas écoutée, je devais l’écouter me dire que c’était impossible de déposer une plainte"

Insultée violemment en rue à Etterbeek, Noémie a décidé de ne pas se laisser faire et de porter plainte. Elle connait l’homme qui l’a agressée puisqu’il habite dans son quartier. Mais au commissariat, elle ne reçoit pas un très bon accueil de la police. "D’abord on arrive à l’accueil, on fait la file avec les gens qui viennent pour déclarer un accident etc, puis on nous demande ce qui s’est passé, donc il faut le dire devant tout le monde. Ensuite on m’a envoyé une policière, mais je voyais que ça l’ennuyait. Elle ne m’a pas écoutée, je devais l’écouter me dire que c’était impossible de déposer une plainte, parce qu’il n’y avait pas de policier pour constater l’infraction. C’était du délire total, j’ai regretté une chose, c’est de ne pas avoir allumé mon dictaphone", a-t-elle expliqué.


"Ce n’est pas possible de déposer une plainte, ce n’est pas comme ça que ça marche"

La policière refuse donc de prendre sa plainte. Noémie décide de ne pas en rester là et se rend dans un deuxième commissariat. Elle y reçoit un accueil plus agréable, mais la réaction des forces de l’ordre n’est toujours pas satisfaisante. "On m’a dit : ‘Ce n’est pas possible de déposer une plainte, ce n’est pas comme ça que ça marche. Il faut contacter l’agent de quartier, vous allez entrer en médiation avec le monsieur’. L’agent de quartier n’était pas disponible avant plusieurs jours. Je n’en ai pas dormi parce que je suis demandé si j’avais envie d’aller voir ce monsieur qui est quand même violent. Finalement j’ai eu l’agent de quartier en ligne qui m’a dit : ‘Oui, je vais aller le voir’". Depuis Noémie n’a pas eu de nouvelle et attend toujours qu’on prenne sa plainte au sérieux.


"La plainte devait être actée, tout simplement, là, il y a sans doute un problème d’éducation"

Philippe Goffin, président de la Commission Justice à la Chambre, député fédéral et bourgmestre de Crisnée, a réagi au témoignage de Noémie. Il a regretté qu’aucun policier n’ait pris sa plainte. "La plainte devait être actée, tout simplement. Là, il y a sans doute un problème d’éducation. L’éducation commence à l’école, et dans les comportements de notre société sur la manière de recevoir ce type de plainte, effectivement il y a un travail à faire parce que souvent on entend des victimes qui se disent en difficulté par rapport à la manière d’aller porter plainte. Elles ont l’impression de n’être pas reçues comme elles devraient l’être, d’être entendues comme elles devraient l’être, donc il y a du travail là-dessus, il ne faut pas le nier", a-t-il reconnu.

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